Coupant tous les ponts, Abbas s’installe dans l’isolement continu


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Le chef de l’AP juge que les Palestiniens n’ont rien à perdre d’une confrontation avec une administration américaine qui, selon lui, a endossé toutes les positions israéliennes.
Paris le 22 décembre 2017. (AFP Photo/Pool/Francois Mori)

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas tire encore une fois dans toutes les directions. Au début de l’année, il a parlé d’Israël tel un « projet colonial » sans lien avec le judaïsme. Il a maintenant déterminé que les Palestiniens ont aussi d’autres ennemis à gérer : Tout le monde, ou presque.

Dans un discours prononcé devant les chefs palestiniens à Ramallah lundi soir, Abbas s’est positionné, ainsi que son peuple – dans une course à l’affrontement contre les Etats-Unis comme contre le Hamas.

De plus, l’allocution contenait une critique implicite de l’Egypte pour son rôle dans les négociations de l’accord de « réconciliation » défaillant entre sa faction du Fatah et le Hamas au mois d’octobre 2017.

La décision d’Abbas de couper les ponts avec les trois parties reflète son sentiment d’isolement et de frustration qui ne cesse d’augmenter.

Le leader palestinien, selon certains de ses aides, est dans

un état de « désespoir profond » ces dernières semaines.

Certains disent que cela pourrait être lié à des information sur son état de santé qui ne cesserait de se détériorer. Pour d’autres, la frustration et la fureur d’Abbas sont les résultats directs des politiques « hostiles » de l’administration américaine envers les Palestiniens.

Abbas serait également profondément scandalisé et inquiet sur des rapports établissant que les Etats-Unis auraient cherché des responsables palestiniens « alternatifs » qui accepteraient le plan de paix du président Donald Trump, qui doit encore être annoncé.

Même pire, Abbas a le sentiment que certains pays arabes, notamment l’Egypte et l’Arabie saoudite, se sont entendus avec l’administration américaine pour « imposer » le plan de paix aux Palestiniens. Abbas a l’impression que ses frères arabes l’ont abandonné, a confié une source issue du Fatah au Times of Israel.

Abbas avait bien conscience que s’en prendre en public à l’ambassadeur américain en Israël David Friedman qu’il a qualifié de « fils de chien » entraînerait une répo

nse forte de la part de l’administration Trump. Il sait également que les Palestiniens pourraient payer un prix élevé pour une telle insulte sans précédent proférée contre un représentant américain.

Mais Abbas a le sentiment que les relations des Palestiniens avec les

Etats-Unis sont tombées tellement bas qu’il est impossible de réparer les dégâts. Il pense que les Palestiniens n’ont plus rien à perdre en s’engageant dans une confrontation directe avec une administration américaine qui, selon lui, a en pratique endossé tous les positionnements du gouvernement israélien.

Sa colère contre les Etats-Unis n’est pas toutefois seulement dirigée contre l’administration Trump.

Abbas pense que la « conspiration » américaine contre les Palestiniens a commencé bien avant que Trump n’entre à la Maison Blanche. Selon le président de l’AP, les Américains ont facilité le « coup d’Etat » du Hamas contre l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza, en 2007, et ils ont même orchestré le printemps arabe en 2010 dans tout le Moyen-Orient.

En d’autres mots, Abbas considère que les Etats-Unis sont de mèche avec les islamistes qui opèrent contre les Palestiniens et autres arabes modérés et laïcs.

Il semble également déterminé à déjouer le plan de paix de Trump, quand il sera rendu public – et s’il l’est. Ce plan, selon Abbas, a un objectif principal : « Détruire le projet national palestinien ». Mais les Palestiniens, a juré Abbas, ne permettront pas au plan de Trump de passer.

Ripostant encore une fois, Abbas a reproché lundi aux Américains et aux Egyptiens d’avoir « inventé » l’accord de «réconciliation » entre le Fatah et le Hamas.

Il a souligné que les Egyptiens ont échoué dans leur mission visant à mettre un terme au conflit entre les deux parties rivales lors de la dernière décennie. « Nous remercions l’Egypte pour ses efforts », a-t-il dit. « Mais pour moi, ce qui compte est l’issue. Et quelle est l’issue ? Zéro ».

En dénonçant avec force le Hamas et en menaçant de nouvelles sanctions contre la bande de Gaza, Abbas a signé le certificat de décès de l’accord négocié par les Egyptiens. C’est un coup sévère non seulement pour le Hamas mais également pour les Egyptiens, qui jusqu’à récemment tentaient encore de prévenir un effondrement total de la convention pour laquelle ils ont travaillé si dur.

Finalement, les Etats-Unis, a affirmé Abbas, veulent séparer la bande de Gaza de la Cisjordanie « de manière à ce qu’il n’y ait pas D’État palestinien uni. C’est ce que nous devons savoir et c’est ce que nous devons admettre. C’est la vérité ».

Reste dorénavant à voir quelles mesures Abbas a l’intention de prendre contre le Hamas, qu’il tient pour responsable de la tentative apparente d’assassinat, la semaine dernière, contre le Premier ministre de l’AP Rami Hamdallah et le chef des Renseignements généraux Majed Faraj.

Abbas n’a pas spécifié la nature des sanctions qu’il prévoit d’imposer à la bande de Gaza, dirigée par le Hamas. Il a néanmoins menacé : « Il va y avoir des coups de pompes sur les têtes de la majorité des responsables du Hamas, jeunes et vieux ».

Après avoir coupé les ponts avec Israël, Abbas a maintenant ajouté les Etats-Unis et le Hamas à la liste des ennemis des Palestiniens. Sa rhétorique dure et sans précédent pourrait être interprétée par certains Palestiniens comme un « feu vert » pour un nouveau soulèvement.

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