DES ARMES ET DES MISSILES NUCLÉAIRES ET 2,5 MILLIARDS DE PERSONNES


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Qu’est-ce qui pourrait aller de travers ?

Par Joshua Berlinger – Le 6 janvier 2017

Hong Kong (CNN) – C’est une perspective effrayante, l’Inde et la Chine se déclarent la guerre.

Les pays ont une population de 2,5 milliards de personnes, une frontière longue et parfois disputée, et ils ont souvent combattu à ce sujet, et ils ont tous les deux des armes nucléaires.

Et, l’Inde a annoncé, le mois dernier, avoir testé avec succès le missile balistique intercontinental Agni-V (ICBM), qui pourrait théoriquement livrer une bombe nucléaire sur Pékin.

Le Premier Ministre de l’Inde, Narendra Modi, a annoncé sur un « tweet » que l’accomplissement « rend tous les Indiens fiers ».

Mais, certains en Chine voient le test comme une provocation.  Et les provocations peuvent rendre la région moins stable, ce qui peut conduire à des hostilités, a dit Victor Gao, directeur de l’Association Nationale des Études Internationales de la Chine.

« Contempler une guerre, en particulier impliquant des armes nucléaires, l’un contre l’autre est complètement ridicule » a déclaré Victor Gao à CNN.  « Et c’est une mauvaise allocation des ressources. »

Hua Chunying, porte-parole du Ministère des Affaires Étrangères de la Chine, a répondu à une question au sujet du lancement de missiles en notant les règlements du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies concernant les missiles balistiques à capacité nucléaire et en soulignant que les deux pays ne sont pas des rivaux en compétition, mais plutôt, des partenaires en coopération.

Un porte-parole du Ministère des Affaires Étrangères de l’Inde a répondu en disant à CNN que ses « capacités stratégiques ne ciblent aucun pays particulier » et que le pays respecte ses obligations internationales.

Mais, tout le monde ne partage pas une telle vision optimiste dans les relations entre la Chine et l’Inde.

« Tout le monde devrait s’intéresser et s’inquiéter du succès du test réussi d’un missile balistique intercontinental (ICBM) en Inde, y compris la Chine, parce qu’elle est à portée de ce nouveau missile et parce que surtout les grands pays asiatiques comprennent les dangers du nationalisme et de sa volatilité » a déclaré Yvonne Chiu, Professeur à l’Université de Hong Kong.

« Précisément ambiguë »

Tous les deux, l’Inde et la Chine, maintiennent ce qu’on appelle une politique de « aucune première utilisation » dans le cadre de leur doctrine nucléaire.

La politique signifie exactement ce que çà semble être ; En cas de guerre, le pays n’utilisera pas d’armes nucléaires à moins d’être attaqué par un ennemi utilisant des armes nucléaires.

Mais, le Ministre de la Défense de l’Inde, Manohar Parrikar, a exprimé publiquement en novembre si l’Inde devait être liée par la politique « d’aucune première utilisation ».

« Si une politique écrite existe, ou si vous prenez une position sur un aspect nucléaire, je pense que vous abandonnez vraiment votre force dans le nucléaire » a déclaré Manohar Parrikar.  « Pourquoi devrais-je me lier ?  Je dois dire que je suis une puissance nucléaire responsable et que je ne vais pas l’utiliser de façon irresponsable. »

Il est important de noter que Manohar Parrikar a déclaré qu’il s’agissait de ses opinions personnelles, et que la doctrine nucléaire de l’Inde n’était pas en train de changer.

Et, il a fait ces commentaires en novembre, une fois que les tensions avec le Pakistan étaient à la hausse en raison des troubles au Cachemire.

Mais, Manohar  Parrikar n’est pas le seul en Inde à remettre en question la doctrine « d’aucune première utilisation ».

« La dissuasion nucléaire est une chose curieuse ; Elle réussit quand elle crée des doutes dans l’esprit de l’adversaire, et le doute est créé dans le domaine nucléaire en étant précisément ambigu sur vos intentions, vos capacités et sur les possibilités de son utilisation » a déclaré Bharat Karnad, professeur d’études sur la sécurité nationale au Centre Indien pour les Recherches Politiques.

« Nous sommes beaucoup trop certains de nos certitudes de frappes de représailles.  Ce n’est pas le genre de certitude que vous aimeriez que vos adversaires croient, principalement parce que cela porte atteinte à votre propre position de dissuasion. »

Ceci pourrait n’être que de la fumée et des miroirs ; Quelle meilleure façon de publiquement semer le doute sur vos intentions que de publiquement songer à les changer, mais, en privé, rester engagé à « aucune première utilisation ».

Mais, une quelconque ambiguïté ne semble pas grande pour la position de la Chine.

Que feriez-vous si votre voisin du sud, avec lequel vous avez combattu une guerre dans les années 1960, commence à battre les tambours nationalistes et donne des messages contradictoires sur le fait de savoir s’il va ou non tirer un premier missile nucléaire dans une guerre ?

« Dans le monde d’aujourd’hui, vous positionner en termes de frappes nucléaires contre votre voisin, est la mauvaise politique.  Et, donc, je suis un peu effrayé et déçu par ce genre d’excitations de haut niveau en Inde avec leurs nouveaux missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) à capacité nucléaire, » a dit Victor Gao.

Garder les ennemis plus proches ?

Le Premier Ministre de l’Inde, Narendra Modi a fait du rapprochement un élément essentiel de sa politique avec la Chine depuis son entrée en fonction.

Narendra Modi et le président chinois Xi Jinping se sont rencontrés tôt au début de la présidence du dirigeant indien en 2014.  Les deux parties ont parlé brillamment de ce que les pays pourraient accomplir en travaillant ensemble.

Victor Gao, qui était le traducteur de Deng Xiapoing, croit que Narendra Modi a fait un bon travail en s’engageant avec la Chine.

Mais, juste le fait que le commerce et les relations diplomatiques soient renforcés n’empêche pas l’Inde d’essayer de rattraper militairement la Chine.

« Il y a des tensions persistantes et des différends continuels entre les deux pays, et un chemin possible pour améliorer les relations est d’arriver avec une position de force relative, en particulier si la force accrue en question est également une véritable menace (capacité nucléaire) » a déclaré à CNN dans un courriel, Yvonne Chiu, professeur à l’Université de Hong Kong.

L’éléphant dans la chambre

Le Pakistan est le grand joker.  Il est le pays, qui possède son propre arsenal nucléaire, est l’adversaire historique de l’Inde et il est considéré comme un ami « en tout temps » de la Chine.

Ces relations forment une épée à double tranchant, disent les analystes.

D’une part, il offre à l’Inde une excuse pour construire ses propres systèmes de missiles qui n’incluent pas la Chine, donc, « les deux parties peuvent continuer des relations sans le sentiment que l’un d’entre eux ait soudainement été soumis à une pression indue » a dit Yvonne Chiu.

Mais, il n’est pas clair si la Chine achète cet argument.

Patrick Bratton, un professeur agrégé de la stratégie de sécurité nationale au  Army War College des États-Unis, affirme que contrairement aux croyances populaires, la Chine, et non le Pakistan, était l’objectif initial du programme  d’armements nucléaires de l’Inde.

Et, le Pakistan était déjà à la portée des missiles balistiques intercontinentaux à capacités nucléaires de l’Inde, avant que le Agni-V ne soit développé.

L’autre grande préoccupation est que le Pakistan considère le développement du Agni-V comme la preuve qu’il est en retard dans une course aux armements.

« Il y a plusieurs audiences pour ce test de missiles et multiples cibles possibles, et je pense que l’augmentation de la capacité de l’Inde ne sera finalement plus qu’une préoccupation pour le Pakistan, parce qu’ils n’ont pas encore un missile avec une telle capacité, » a dit Yvonne Chiu.

Ainsi, en essayant d’égaliser le terrain de jeu avec la Chine en termes de dissuasion nucléaire, l’Inde pourrait en fait avoir poussé le Pakistan dans une course aux armements.

« C’est à la fois la logique et l’illogique de la dissuasion nucléaire » a dit Yvonne Chiu.

La bonne nouvelle

De nombreux analystes ne croient pas que les pays pourraient aller jusqu’à la guerre pour une foule de raisons, la plus importante étant que les deux parties sont conscientes de toutes les destructions qu’elle pourrait causer.

Pour autant que nous le sachions, l’Inde ne conserve pas ses ogives nucléaires et ses systèmes de livraison, les missiles et les roquettes qui pourraient être utilisés pour lancer une bombe nucléaire contre un adversaire, au même endroit, prêts à être utilisés à tout moment, a déclaré Patrick Bratton dans un courriel à CNN.

Et, bien que le test de missile de décembre du Agni-V ait été le quatrième succès, ce n’était que la deuxième fois que le projectile était lancé à partir d’un tube.

Cela signifie probablement que l’Inde devra effectuer plus de tests, ce qui signifie que cela pourrait prendre des années avant que le système ne soit déployé et opérationnel, a déclaré Patrick Bratton.

« L’Inde a travaillé sur le développement de cette capacité depuis un certain nombre de décennies et ce n’est pas surprenant pour la Chine » a-t-il dit.  « Cela ne devrait pas être considéré comme un départ radical dans les relations entre la Chine et l’Inde. »

Source : Édition.CNN 

Traduit par PLEINSFEUX

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