La passion nucléaire de la Russie


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Les groupes environnementaux des États-Unis demandent la suppression des licences pour les centrales nucléaires et la chancelière allemande, Angela Merkel, a ordonné l’arrêt de la construction des nouveaux réacteurs et la fermeture de certains existants dans le sillage de la fonte apparente du réacteur nucléaire de Fukushima au Japon.

Par Steve Elwart – Août 2011

Cependant, la Russie se déplace dans la direction opposée, en travaillant à la construction d’une série de centrales nucléaires océaniques qui ont fortement été critiquées par les experts qui ont exprimé leurs inquiétudes sur les dangers possibles et ont appelé l’idée « une recette pour un désastre ».

La première centrale nucléaire flottante est déjà en construction à Saint-Pétersbourg et sera achevée en 2012. Elle doit être opérationnelle dans la péninsule du Kamchatka, qui est très sujette aux séismes et aux tsunamis, dans l’Extrême-Orient de la Russie.

La péninsule du Kamchatka n’est pas loin du Japon, qui, depuis le 11 mars 2011, a subi une des plus grandes catastrophes écologiques de l’histoire lorsque le système de refroidissement de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi a cessé d’opérer, apparemment en raison de l’énorme tremblement de terre et du tsunami qui a frappé la région.

Avec l’attention du monde centrée sur les dangers que des centrales nucléaires puissent fonctionner hors contrôle, la décision prise par le gouvernement russe de poursuivre la construction d’une flotte de réacteurs nucléaires flottants a suscité une préoccupation mondiale.

Le premier projet a été surnommé l’Académicien Lomonosov, et la barge de 144 mètres de long (472 pieds) est conçue pour être ancrée au large des côtes et produire 70 mégawatts d’électricité, qui seront transférés à la rive par des câbles.

Les générateurs de la centrale nucléaire seront capable d’alimenter une ville de 100000 personnes et incluront des projets de dessalement d’eau de mer. L’utilisation de ces réacteurs augmenterait le plan de la Russie d’extraire le pétrole et le gaz de ses réserves de l’Arctique. En outre, ces réacteurs pourraient générer jusqu’à 550 millions de dollars en ventes à l’étranger.

Le géant de l’énergie nucléaire, Rosatom, appartenant au gouvernement russe, a des plans pour construire un total de 12 centrales nucléaires flottantes, que Rosatom espère vendre à l’exportation. Plus de 20 pays ont déjà exprimé leur intérêt jusqu’à présent, y compris la Malaisie, l’Indonésie, la Chine, la Corée du Sud, les Philippines, le Chili et le Brésil.

Plusieurs de ces pays n’ont qu’une expérience très limitée dans l’exploitation d’installations nucléaires et les emplacements proposés pour ces installations flottantes sont dans des zones qui sont vulnérables à la piraterie et au terrorisme.

Les centrales nucléaires terrestres étant protégées par des défenses comme « des fusils, des portails, et les gardes », les centrales nucléaires océaniques seraient beaucoup plus vulnérables aux attaques.

Ces centrales nucléaires pourraient aussi être une source d’approvisionnement pour les terroristes qui cherchent du combustible nucléaire pour une utilisation dans des bombes « sales ». Les réacteurs utiliseront des barres de combustible composées de 18,5 pour cent d’uranium. Il faudrait peu d’efforts pour augmenter ce niveau à 20 pour cent, élevant leur niveau à de l’uranium hautement enrichi. Igor Kudrik, un analyste et penseur sur l’industrie nucléaire russe, a déclaré :

« Les centrales sont une bombe à retardement pour l’environnement, et les coûts de production vont être extrêmement élevés … Les plans de la Russie pour les centrales nucléaires flottantes représentent d’énormes risques pour la sécurité et l’environnement, et la forme actuelle sera désastreusement dispendieuse. Le risque d’accidents graves, avec des conséquences graves, est toujours présent dans les centrales nucléaires. Elles ne sont pas exactement petites lorsque vous les mettez sur la mer et tout ceci dans des secteurs d’intenses activités volcaniques. »

Une autre raison pour l’augmentation des préoccupations au sujet de ces réacteurs nucléaires est que les installations seraient vraisemblablement situées où il y a très peu d’infrastructures d’accompagnement. Une situation d’urgence, comme celle qui s’est produite à la centrale de Fukushima, serait beaucoup plus catastrophique parce qu’elle serait coupée de toute la puissance électrique nécessaire pour mettre en place toute réponse avec des mesures d’interventions urgentes.

Les assurances des Chantiers Maritimes Baltisky, les constructeurs des réacteurs, que « toutes les situations d’urgence possibles ont été testées » ne sont pas totalement rassurantes.

Placer ces réacteurs océaniques n’importe où dans le Pacifique, en particulier dans des zones sujettes aux tsunamis, est « tout simplement fou », a déclaré Bulat Nigmatulin, vice-ministre russe de l’énergie atomique entre 1998 et 2002. Nigmatulin est un des hommes qui avait autorisé le projet au début, mais, il doute maintenant de la logique derrière tout cela. Nigmatulin a poursuivi en disant que les centrales flottantes n’avaient aucun marché potentiel et étaient un gaspillage de fonds publics.

Il y a une préoccupation supplémentaire qui est que tous les déchets nucléaires générés par les centrales puissent tout simplement être rejetés à la mer. La Russie affirme qu’elle éliminera tous les déchets nucléaires produits par une usine qu’elle vendra. Mais, actuellement, il n’existe aucun moyen de traiter le combustible fortement radioactif. Selon les plans actuels, le combustible épuisé sera congelé et stocké avec le cœur des réacteurs. Des centaines de ces barres de combustible irradié sont dispersés partout à travers l’Arctique russe, à ce jour, un vestige du programme de sous-marins soviétiques.

Les accidents nucléaires sont, par leur nature même, extrêmement dangereux ; Nous avons assisté à Tchernobyl et maintenant à Fukushima Daiichi.

Même quatre mois après l’accident du 11 mars au Japon, une solution satisfaisante à l’accident n’a pas été trouvée. Un rapport de Dow Jones déclare que, en tant que mesure temporaire, la Tokyo Electric Power Co. (TEPCO) envisage de couvrir Fukushima avec une tente géante. Une couverture de polyester sera bientôt placée autour du complexe des bâtiments des réacteurs endommagés pour aider à contenir la libération de substances radioactives dans l’atmosphère. TEPCO est en train d’installer la première couverture au réacteur numéro 1, le réacteur qui a subit les pires dommages.

Cette solution signifie probablement que TEPCO a examiné l’option d’une coque en béton et a réalisé qu’elle ne fonctionnerait pas. Le problème est que maintenant le matériel du noyau fondu s’écoule probablement dans le sol plutôt que dans le complexe. Les analystes disent qu’avec tous les problèmes auxquels est confronté le reste de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, l’idée d’un désastre nucléaire dans un coin reculé de la mer sans avoir accès aux services d’urgence est une chose impensable.

http://khouse.org/articles/2011/1004/


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