La Terre sans la paix


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Pourquoi Mahmoud Abbas s’est-il rendu à l’ONU?

Par Charles Krauthammer – Le 30 septembre 2011

Bien que gênant diplomatiquement pour les puissances occidentales, la tentative du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, pour obtenir de l’ONU une déclaration unilatérale pour un état palestinien a suscité une grande sympathie. Après tout, quel choix avait-il? Selon les comptes rendus généralement acceptés, la paix au Moyen-Orient est rendue impossible à cause du Likoud dirigé par une ligne d’Israël, qui refuse d’accepter un état palestinien et continue à construire des colonies.

Il est remarquable de voir comment cette inversion brutale de la vérité est devenue la sagesse conventionnelle. En fait, Benjamin Netanyahu a amené sa coalition dirigée par le Likoud à envisager la reconnaissance d’un état palestinien, créant ainsi le premier consensus national d’Israël pour une solution à deux états. Il est également le seul Premier ministre à accepter un gel des colonisations – dix mois – une chose qu’aucun gouvernement Travailliste ou du Kadima n’a jamais fait.

Mahmoud Abbas a répondu en boycottant les pourparlers pendant neuf mois, en se montrant finalement dans le dixième mois, puis a simplement quitté quand le gel a expiré. La semaine dernière, il a réitéré son intention de boycotter les pourparlers de paix à moins qu’Israël renonce – à l’avance – à ses revendications d’un quelconque territoire au-delà de la ligne de 1967, ce qui signifierait, par exemple, que le quartier juif de Jérusalem serait dans le territoire palestinien. Ce n’est pas seulement absurde, ça viole tous les accords de paix préalables. Ils stipulent tous que de telles demandes doivent être assujetties à des négociations, et non pas à leurs conditions préalables.

Mahmoud Abbas insiste résolument sur le soi-disant « droit au retour », ce qui détruirait démographiquement Israël en l’inondant sous des millions d’Arabes, transformant ainsi le seul état juif dans le monde en le 23e état arabe mondial. Et, il a déclaré à plusieurs reprises, aussi récemment que la semaine dernière à New York : « Nous ne reconnaîtrons jamais un état juif. »

Et, ce n’est pas nouveau. Le tout est parfaitement compatible avec la longue histoire de « rejectionnisme » palestinien. Considérez ce qui suit :

– Camp David, 2000. Lors d’un sommet de l’ONU parrainé par les américains, le Premier ministre Ehud Barak a offert à Yasser Arafat un état palestinien dans la Cisjordanie et la Bande de Gaza et, étonnamment, la division auparavant inconcevable de Jérusalem. Arafat a refusé et n’a fait aucune contre-offre, démontrant ainsi son sérieux de ne faire aucune transaction. Au lieu de cela, dans les deux mois qui ont suivi, il a lancé une sauvage guerre terroriste qui a tué 1,000 Israéliens.

– Taba, 2001. Une proposition encore plus douce est offerte, les paramètres de Clinton. Arafat quitte à nouveau.

– Israël, 2008. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert fait la capitulation définitive aux demandes palestiniennes : 100 pour cent de la Cisjordanie (avec échanges de territoires), un état palestinien, la division de Jérusalem avec les parties musulmanes devenant la capitale de la nouvelle Palestine. Et incroyablement, il offre de remettre les lieux saints de la ville, y compris le Mur des Lamentations, le site le plus sacré du judaïsme étant Kaaba, à un organisme international sur lequel siégeraient la Jordanie et l’Arabie saoudite.

Mahmoud Abbas a-t-il accepté? Bien sûr que non. S’il avait accepté, le conflit serait terminé et la Palestine serait déjà un membre de l’Organisation des Nations Unies.

Ce n’est pas de l’histoire ancienne. Tous les trois pourparlers pour la paix sont survenus au cours des dix dernières années. Et chacun contredit complètement les actuels comptes rendus aveugles de « l’intransigeance » israélienne comme étant l’obstacle à la paix.

Les colonies? Chaque colonie restante dans la nouvelle Palestine serait détruite et vidée, précisément comme ça s’est passé dans la Bande de Gaza.

Alors pourquoi les Palestiniens refusent-ils? Parce qu’accepter exigerait d’eux la signature d’un accord définitif de paix qui accepterait un état juif sur ce qu’ils considèrent comme un patrimoine musulman.

Le mot clé ici est « définitif ». Les Palestiniens sont prêts à signer des accords intérimaires, comme celui d’Oslo, des accords cadres, comme celui d’Annapolis, des cessez-le-feu, comme l’armistice de 1949. Tout sauf un accord définitif. Tout sauf une paix définitive. Tout sauf un traité qui mettrait fin aux conflits une fois pour toutes, tout en acceptant un état juif.

Alors, pourquoi Mahmoud Abbas s’est-il présenté à l’ONU la semaine dernière? Pendant près d’un demi-siècle, les États-Unis ont poursuivi un règlement au Moyen-Orient sur la base de la formule de la terre contre la paix. La terre contre la paix a produit le traité de paix israélo-égyptien de 1979 et le traité de paix israélo-jordanien de 1994. Israël a offert aux Palestiniens de la terre pour la paix à trois reprises depuis ce temps. Et, à chaque fois, ils ont refusé.

Pourquoi? Exactement pour la même raison que Mahmoud Abbas s’est rendu à l’ONU la semaine dernière : pour obtenir la terre sans la paix, la souveraineté sans aucune reconnaissance réciproque d’un état juif, un état sans aucune négociation, une Palestine indépendante dans un état de guerres continuelles avec Israël.

C’est la raison pour laquelle, indépendamment de qui gouverne Israël, il n’y a jamais eu de paix. Les différends territoriaux sont solubles; les conflits existentiels ne le sont pas.

La terre contre la paix est possible. La terre sans la paix n’est rien d’autre qu’une invitation au suicide.

http://www.nationalreview.com/articles/print/278751

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