L’austérité est un euphémisme pour la guerre que les riches font aux pauvres


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Par Michael Truscello – Le 24 août 2011

L’essence de la crise est le capitalisme lui-même : des politiques radicales accompagnent l’ère d’austérité.

Dans un article du New York Times du 20 septembre 1912 intitulé : « L’Ère des Superlatifs », l’auteur s’émerveillait qu’un aviateur français ait atteint une altitude de 5 680 mètres et que le nouveau building des assurances Vie Équitable, érigé à l’endroit où l’ancien venait de brûler « soit sûrement le plus haut du monde ». On ne peut pas empêcher que des sommes fabuleuses soient consacrées à vaincre de tels records. « On sait bien qu’il y a de meilleures sujets de gloire » continue sobrement l’écrivain, « mais l’ère des superlatifs doit suivre son cours. »

Nous vivons aussi dans une ère de superlatifs bien qu’elle nous soit ironiquement vendue sous le nom d’Ère d’Austérité par l’oligarchie capitaliste. Mais les qualités superlatives de notre temps sont la marque d’un monde en déclin, si l’on en juge par certains de nos exploits superlatifs :

– Les scientifiques ont rebaptisé notre ère Anthropocène pour exprimer l’impact sans précédent de l’homme sur la planète, un impact qui est en train de provoquer la sixième extinction de masse de l’histoire de la planète.

– La « crise » financière des USA de 2008 a été le détournement d’argent public le plus important de l’histoire, d’un montant d’environ 16 000 milliards de dollars, suivi par une « austérité » mondiale agressive qui force les pauvres, la classe moyenne et les gens de couleurs à payer pour les fraudes systémiques qui ont causé la crise.

– L’inégalité de revenus entre les riches et les pauvres aux USA est la plus importante de tous les pays industrialisés.

– Pour la première fois dans l’histoire des USA, la dette des étudiants est supérieure à la dette de la consommation, ce qui fait qu’une vie d’esclave de l’ordre capitaliste les attend.

– La Liste des milliardaires mondiaux de 2011 recense un nombre record de milliardaires et de fortunes composées.

– Il y a plus d’esclaves aujourd’hui qu’à n’importe quelle autre époque de l’histoire des hommes.

– La militarisation du monde a dépassé tous les records en 2011.

Et je ne mentionne que quelques records. Voyez-vous le fil conducteur ?

Le monde est en train de mourir et les capitalistes en profitent pour faire des profits records. Il y a plus d’esclaves et de milliardaires que jamais auparavant. Le complexe militaro-industriel n’a jamais été aussi important.

Dans ce contexte, on a demandé (enfin, on a dit) aux pauvres et aux travailleurs de se préparer pour une diminution de la qualité de leur vie aujourd’hui et dans l’avenir. Le mot d’ordre de l’année a été « austérité ».

Les fraudes systémiques de 2008 (une virgule dans l’interminable liste des formes d’exploitation du capitalisme) auxquelles les pauvres sont censés remédier, n’ont pas été un hoquet dans le déroulement bienveillant du capitalisme : c’était une fraude perpétrée dans un système économique basé sur la fraude et l’exploitation massive. Ils ont volé des milliers de milliards aux pauvres du monde entier et en particulier aux gens qui sont l’objet de racisme aux USA. Et maintenant, ils veulent nous faire payer pour leur crise.

J’ai décidé de réaliser un documentaire sur l’austérité, il y a environ 18 mois, parce que je ne comprenais pas pourquoi les gens ne se rebellaient pas contre le capitalisme en Amérique du Nord, surtout après 2008, et parce que je pensais que si nous n’arrêtions pas le programme d’austérité nous deviendrions tous les victimes contraintes et forcées d’un stade de capitalisme néo-féodal hautement militarisé et d’une grande sophistication technique. Vous pensez peut-être que j’exagère, mais regardez bien les chiffres des évolutions dont j’ai parlé ci-dessus et voyez le contrôle presque total que les grandes entreprises exercent sur les institutions politiques actuelles.

Aux Etats-Unis et en Europe, plusieurs États ont commencé a supprimer les droits des travailleurs (ou plutôt ce qui en restait) et à voter des lois qui autorisent les gouvernements des États à ne pas honorer les programmes de retraites, programmes déjà compromis par leurs investissements sur ces mêmes marchés qui essaient maintenant de les détruire complètement.

Le président Obama, célébré par certains libéraux comme celui qui apporte le changement, a continué la même politique d’impérialisme militaire et économique de son prédécesseur. Ses principaux conseillers depuis qu’il est en charge sont des gangsters en costumes cravates venant de la clique même des banquiers d’investissements qui ont commis le hold-up de 2008.

Un des objectifs de l’Ère d’Austérité capitaliste est de briser ce qui reste (et ce n’est pas grand chose) des organisations syndicales des travailleurs dont la plupart sont dans le secteur public. Au Canada, l’hostilité que Harper a manifestée contre les syndicats des postiers montre qu’il a embrassé le programme d’austérité. Les droits des travailleurs en vigueur ne seront pas respectés. Les récents licenciements à Environnement Canada et le programme régressif du maire de Toronto, Rob Ford, font présager qu’une vaste opération de destruction des services publics est en cours. Des syndicats estiment que 30 000 postes de fonctionnaires vont être supprimés.

Les banquiers et les capitalistes financiers ont causé la crise. Et maintenant, les services publics comme l’éducation, la santé, la protection de l’environnement et des infrastructures essentielles vont en faire les frais. À moins bien sûr que nous ne nous battions.

J’ai demandé à des universitaires, des militants et des auteurs de définir le mot « austérité » et de proposer des moyens de lutte. Cela a abouti à un film documentaire : « L’essence de la crise est le capitalisme lui-même : Des politiques radicales accompagnent l’Ère d’Austérité », qui analyse la nature de la crise capitaliste et certains des endroits où on s’est opposé au capitalisme comme en Grèce, la manifestation contre le sommet du G20 de Toronto et les manifestations massives de solidarité à Madison dans le Wisconsin.

Dans le film, Chris Hedges (auteur de « La mort de la classe libérale ») et Derrick Jensen (auteur de « La fin du jeu ») parlent du caractère pathologique du capitalisme. Hedges qualifie les cadres dirigeants de BP « d’exécuteur des hautes œuvres » (lire bourreaux) d’un système qui « tuera la plupart d’entre nous » si on ne l’arrête pas. J’ai eu un entretien avec ces deux personnes extraordinaires en juillet 2010 pendant la marée noire de BP.

Les professeurs en sciences politiques de l’université de York, David McNally et Leo Panitch parlent du contexte de la crise actuelle du capitalisme que Panitch appelle la « première grande dépression du 21ième siècle ». McNally dit que l’Ère d’Austérité pourrait durer « une génération ».

Je me suis entretenu avec différentes personnes qui ont des points de vue radicaux. Michael Hardt, professeur de l’université Duke, qui a co-écrit « L’empire, la multitude et le Commonwealth » avec Tony Negri, analyse la Grande Dépression et Franklin Delano Roosevelt du point de vue du Marxisme autonome. D’une certaine manière, nous devons considérer que nous sommes la crise. Nous devons nous rendre compte que nous avons une marge de manœuvre, que nous avons du pouvoir sur l’issue de la guerre sociale en cours.

Max Haiven, professeur d’Halifax, explique comment le fait d’être endetté appauvrit l’imagination subversive dans notre société de sorte que la plupart des gens ont oublié les mouvements anticapitalistes du passé, et comment cela engendre des formes de résistance formelles et inefficaces.

Ajamu Nangwaya, diplômé de l’université de Toronto et ancien vice-président de l’Union des fonctionnaires canadiens (CUPE) d’Ontario, nous conseille de ne pas nous laisser abuser par la résurgence de l’économie keynésienne dans le discours des médias dominants. Selon lui, la classe dirigeante fera tout ce qui est en son pouvoir pour maintenir le système. Le fait que des capitalistes adoptent les théories keynésiennes ne signifie nullement qu’ils adhèrent au socialisme.

Le professeur Richard J.F. Day de l’Université Queen parle de la longue histoire de l’accumulation capitaliste. Il commente aussi les mesures répressives que Harper prépare probablement pour le sommet du G20.

Je ne veux pas déflorer tout le film maintenant. En fait je le fais (ci-dessous). Mais j’espère que vous le regarderez et que vous vous joindrez à notre combat contre l’austérité. Ce n’est pas un combat qu’on peut gagner par des moyens électoraux. Il nécessite un mouvement social de masse, et son but est d’éradiquer le capitalisme de la surface du globe pour toujours.

Ce n’est pas le moment de « restaurer la classe moyenne », comme le préconisent les grands syndicats. L’heure est venue de restaurer la dignité humaine et d’empêcher la crise actuelle d’être celle qui mettra fin à tout, en construisant une alternative au capitalisme. Ce qu’il nous faut c’est une révolution, pas une réforme.

C’est peut-être leur crise, mais c’est notre problème.

http://fr.sott.net/articles/show/5045-L-Austerite-est-un-euphemisme-pour-la-guerre-que-les-riches-font-aux-pauvres


Une réponse à “L’austérité est un euphémisme pour la guerre que les riches font aux pauvres”

  1. Jacques 5;1 et plus prend tout son sens aujourd’hui. Si vous saviez combien ça fait mal de voir ça ! Ils vont tuer les justes qui ne leur résisteront pas.

    Faites lecture de Jacques 5 à partir de 1 et vous verrez que Dieu entend nos cris et notre frustration qu’il ne rejette pas. Que notre divin Seigneur soit béni de nous avoir sauvés!

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