LE MOYEN-ORIENT ET L’ISLAM


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DES JEUX DANGEREUX

Par Barry Rubin – Mai –

Malgré les nombreux discours amicaux prononcés par le président américain, Barack Obama, en Israël en mars dernier, il existe des preuves d’un document secret qui révèle sa véritable politique pour le Moyen-Orient et l’Islam.

« Nous devons confronter l’extrémisme violent sous toutes ses formes … L’Amérique n’est pas, et ne sera jamais, en guerre avec l’Islam. Nous allons, cependant, confronter inlassablement les extrémistes violents qui font peser une menace grave sur notre sécurité, parce que nous rejetons la même chose que les personnes de toute foi rejettent : Les meurtres d’hommes, de femmes et d’enfants innocents. Et c’est mon premier devoir, en tant que président, de protéger le peuple américain. »

Le président Barack Obama, au Caire, Juin 2009

« Les États-Unis connaissent aujourd’hui le début de leur fin et se dirigent vers leur disparition … La résistance est la seule solution. Aujourd’hui, les États-Unis se retirent de l’Irak, vaincus et blessés, et ils sont également sur le point de se retirer de l’Afghanistan. Tous leurs avions de combat, tous leurs missiles et toutes leurs technologies militaires modernes ont été défaits par la volonté de la population, aussi longtemps que ces personnes insistent sur la résistance. »

Le chef des Frères musulmans, Muhammad al-Badri, Le Caire, Septembre 2010

Qu’est-ce que le président savait et quand l’a-t-il su ? C’est une question qui a été rendue classique par le scandale du Watergate. Maintenant, il est possible de retracer précisément ce qu’Obama savait et quand il l’a su. Et cela prouve que l’installation au pouvoir des Frères musulmans a été une stratégie consciente et délibérée de l’administration Obama développée avant le commencement du « printemps arabe ».

En février 2011, le New York Times a publié un article extrêmement élogieux sur le président Obama par Mark Landler, qui selon certains observateurs, est le plus grand apologiste d’Obama dans le journal. C’est tout un exploit. Landler a félicité Obama pour son extraordinaire clairvoyance; Pour avoir effectivement prédit le « printemps arabe ». Selon Landler :

« Le président Obama a ordonné à ses conseillers en août dernier [2010] de produire un rapport secret sur les troubles dans le monde arabe, lequel a conclu que sans de grands bouleversements politiques, les pays du Bahreïn jusqu’au Yémen étaient mûrs pour des révoltes populaires, ont dit les officiels de l’administration, mercredi. »

Quels conseillers ? Le conseiller en contre-terrorisme de l’époque et maintenant le chef désigné de la CIA, John Brennan ? La collaboratrice sénior du Conseil national de la sécurité, Samantha Power ? Si ce rapport a été fait par le propre personnel d’Obama, plutôt que celui du département d’État et de la Défense, il est probable que ces personnes, ou au moins une d’entre elles, étaient les principaux auteurs.

Ainsi, ces politiques américaines devraient-elles aider les alliés à éviter de tels changements radicaux en restant fermes ou en les aidant à faire les ajustements ? Non, explique le rapport, cela devrait être « sur le côté de l’histoire et fournir un balai pour faire le balayage. » L’article poursuit :

« L’ordre de Barack Obama, connu sous le nom de directive d’étude présidentiel, identifiait les points chauds probables, notamment l’Égypte, et sollicitait des propositions sur la façon dont l’administration pourrait pousser des changements politiques dans les pays avec des dirigeants autocratiques qui sont également de précieux alliés pour les États-Unis, ont déclaré ces officiels. Ils ont dit que les 18 pages du rapport, qui est classifié, étudient un problème qui a tourmenté l’approche de la Maison Blanche envers l’Égypte, et d’autres pays, ces derniers jours : Comment équilibrer les intérêts stratégiques américains et le désir d’éviter une instabilité plus large contre les revendications démocratiques des manifestants. »

Pousser pour un changement politique

Comme mentionné, l’article est un commentaire très explicite (et c’est un euphémisme) sur la façon dont Obama savait ce qui était susceptible de se produire et y était bien préparé.

Mais, c’est précisément le problème. L’administration ne cherchait pas à faire face aux changements, mais, elle les poussait; L’administration ne cherchait pas à protéger les intérêts américains, mais, les équilibrait contre d’autres facteurs. Dans le processus, les intérêts américains ont été oubliés.

Si Landler avait raison, alors Obama avait effectivement une bonne idée de ce qui allait se passer et il s’y est préparé. Il ne peut pas dire qu’il a été pris au dépourvu. Ce point de vue suggère donc qu’il pensait que les intérêts stratégiques américains pourraient être protégés et une plus grande instabilité évitée en renversant des alliés des États-Unis le plus rapidement possible et en montrant aux oppositions qu’il était de leur côté. On peut supposer que le document souligne la puissance des forces islamistes, et le facteur de Frères musulmans, et ensuite actualiser tous les dangers de ce trimestre.

On aurait pu imaginer comment les autres administrations américaines auraient traité cette situation. Voici ma version imaginaire d’un document de haut niveau du gouvernement :

« Compte tenu de la probabilité des profonds changements politiques avec les pays du Bahreïn jusqu’au Yémen, mûrs pour les révoltes populaires, les politiques américaines auraient dû aider les gouvernements amis à garder le contrôle ou les encourager à faire des réformes qui auraient permis d’accroître la portée de la liberté d’une manière à satisfaire les désirs populaires sans mettre en danger les intérêts américains et la stabilité à long terme. Dans le cas où la chute d’un régime donné aurait semblé probable, les politiques américaines devraient fonctionner à la fois publiquement et dans les coulisses pour tenter d’assurer le triomphe des forces modérées pro-démocratiques qui serait en mesure d’empêcher la formation de dictatures islamistes radicales hostiles aux intérêts américains, à la paix régionale et au bien-être de la population locale. »

[Note : Ce qui précède est une reconstitution imaginaire et pas une citation du document lui-même.]

Une telle approche aurait été facile et conforme aux politiques historiques des États-Unis. Nous avons toutes les raisons de croire que le Département d’État et le Ministère de la Défense étaient favorables à une telle approche. Mais regardons précisément comment la Maison Blanche a décrit les politiques américaines qu’elle voulait : « … comment l’administration pourrait-pousser pour un changement politique dans les pays avec des dirigeants autocratiques qui sont aussi de précieux alliés des États-Unis. »

En d’autres termes, une révolte populaire allait se passer (j’ai vu les messages de l’ambassade américaine en Tunisie qui prédisaient précisément un soulèvement), mais serait-ce avec succès ou échouerait-il ? L’administration Obama a conclu que la révolte devait réussir et a entrepris d’aider pour s’assurer qu’elle le soit. Quant à savoir qui a gagné, elle a favorisé non seulement les forces islamiques modérées, qui existaient à peine en tant que telle, mais, les forces modérées islamistes, qui n’existaient pas du tout.

Quiconque dit que les États-Unis n’ont pas eu beaucoup d’influence dans ces crises ne savent pas ce dont ils parlent. Bien sûr, le gouvernement américain n’a aucun contrôle sur le résultat, son influence étant limitée. Mais, il y a une grande différence entre dire à l’armée égyptienne de rester en contrôle, de virer Moubarak, et de faire une légère transition, et les États-Unis vont vous appuyer, où de leur dire que Washington voulait que les généraux se tiennent à l’écart, renverser Moubarak, et avoir un changement en profondeur du régime, une transformation fondamentale.

Donc, l’administration Obama ne s’est pas tenue à côté des régimes amis ou ne les a pas aidés à gérer une transition limitée avec plus de démocratie et de réformes. Non, l’administration Obama a travaillé activement pour renverser au moins quatre gouvernements, le Bahreïn, l’Égypte, la Tunisie et le Yémen.

L’administration Obama n’a pas travaillé au renversement de deux régimes anti-américains, l’Iran et la Syrie, mais au contraire, elle s’efforçait toujours d’avoir de bonnes relations avec ces deux dictatures. L’administration n’a pas travaillé pour le renversement des gouvernements radicaux anti-américains du Liban et de la bande de Gaza. Non, elle a travaillé pour le renversement « de précieux alliés ». Il n’y a eu aucune augmentation dans le soutien des dissidents en Iran et en Syrie, mais le fort soutien de l’administration pour les dictatures a continué pendant des mois jusqu’à ce qu’il soit clair que ces régimes étaient en grave difficulté. Il semble raisonnable de dire que le document ne permet pas de prédire la guerre civile syrienne.

Et voici une preuve de plus de l’édition de mars 2011 du Washington Post, qui semble rapporter la mise en œuvre des recommandations du papier de la Maison Blanche :

« L’administration a déjà pris des mesures pour distinguer les divers mouvements dans la région qui favorisent la loi islamique dans le gouvernement. Une évaluation interne, commandée par la Maison Blanche le mois dernier, a identifié de grandes différences idéologiques entre ces mouvements, comme les Frères musulmans en Égypte et Al-Qaïda, qui guideront l’approche américaine dans la région. »

Tout est dit, n’est-ce pas ? L’implication est que le gouvernement américain savait que les Frères musulmans prendraient le pouvoir et a pensé que c’était une bonne chose.  Il continuait :

« Si notre politique ne peut pas faire la distinction entre Al-Qaïda et les Frères musulmans, nous ne serons pas en mesure de s’adapter à ce changement, » a dit le responsable de l’administration. « Nous n’allons pas permettre également d’être dirigés par la peur. »

Serait-ce alors le conseiller antiterroriste et présent directeur de la CIA, John Brennan ? J’en suis persuadé.

Qu’est-ce qu’Obama et ses conseillers pensaient sur ce qui se passerait ? Était-ce qu’en signe de reconnaissance de l’arrêt de ses présumées intimidations et de ses manières impérialistes et en allant sur le présumé côté de l’histoire par l’Amérique, les nouveaux régimes serait amicaux ? Les Frères musulmans en particulier concluraient-ils que l’Amérique n’était pas leur ennemie ? Est-ce qu’un dirigeant des Frères musulmans pourrait supposément dire à un autre frère; Toutes ces années nous avons pensé que les États-Unis étaient contre nous, mais maintenant, nous voyons qu’ils sont vraiment nos amis ? Vous souvenez-vous du discours d’Obama au Caire ? Il nous a vraiment eus !

Ils diraient plus probablement : Nous ne comprenons pas exactement ce que font les Américains, mais il est évident qu’ils sont faibles, lâches et en déclin.

D’ailleurs, tout le monde, sauf le public américain (ce qui signifie la population du Moyen-Orient), sait qu’Obama a coupé le financement des vrais groupes démocratiques. Son discours du Caire était important, pas pour les points si souvent évoqués (Israël, par exemple), mais, parce qu’il annonçait l’âge de la politique de l’islamisme devenant dominant dans la région. En effet, Obama a pratiquement dit à ces gens qu’ils devaient s’identifier non en tant qu’Arabes, mais, en tant que Musulmans.

En termes plus larges, que me rappelle le comportement d’Obama ? Le président Jimmy Carter a supporté le shah d’Iran pour les droits humains et d’autres réformes en 1977 et s’est alors tenu à l’écart lors de l’éclatement de la révolution – qui s’est dirigée de plus en plus dans le sens de radicaux islamistes – en 1978. Ceci n’a pas tellement bien fonctionné.

Le Département d’État, assez visiblement, n’a pas supporté les politiques d’Obama en 2011. Il voulait rester avec ses clients traditionnels dans les gouvernements arabes menacés, et sans doute plusieurs au Département de la Défense voulaient aider les militaires en péril avec lesquels ils avaient collaboré pendant des années. Et cela inclut l’armée turque, qui était visiblement démantelée par le régime islamiste à Ankara.

Alors que le Département d’État avait reculé sur l’Égypte, il a tracé la ligne pour le Bahreïn. Il y a un système très injuste au Bahreïn où une petite minorité sunnite domine une large majorité chiite, et une partie de l’opposition chiite est modérée, mais l’évaluation était que la révolution amènerait probablement au pouvoir un gouvernement satellite de l’Iran. Mais l’idée « qu’ils vont être renversés de toute façon, alors, nous allons leur donner un coup de pouce » ne s’est pas appliquée à l’Iran, ou à la Syrie, ou à la Bande de Gaza dirigée par le Hamas, ou au Liban gouverné par le Hezbollah et pas du tout à la Turquie gouvernée par des Islamistes.

Il est logique que cette pensée de base s’applique également à la Libye, où le dictateur Muammar al-Kadhafi était à peine un ami des États-Unis, mais avait eu un meilleur comportement ces derniers temps. Quant à la Syrie, l’indifférence du gouvernement américain sur qui gagnera véritablement la direction du nouveau régime semble porter sur des crises précédentes.

Le crédit doit être donné au gouvernement américain dans deux cas précis. Une fois que la décision de renverser Kadhafi a été prise, le résultat a été un régime relativement favorable en Libye. C’était un gain. Le problème est que cette même philosophie et la fragilité du régime ont aidé à produire l’incident de Benghazi.

L’autre situation relativement positive a été le gouvernement en Irak après Saddam Hussein, dont la majeure partie du mérite revient au prédécesseur d’Obama, mais un peu à son administration. Pourtant, l’Irak semble glisser – en ce qui concerne sa position stratégique régionale – de plus en plus vers l’Iran.

Les principes derrière les décisions politiques

En tout cas, les preuves (publiques et dans les coulisses) semblent indiquer que l’administration Obama a pris une décision sur deux principes au début de 2011. Tout d’abord, aidons à renverser nos amis avant que quelqu’un d’autre le fasse et, en quelque sorte, nous en bénéficierons pour avoir été du bon côté. Deuxièmement, il n’y a pas vraiment d’importance sur qui prend le pouvoir parce que de toute façon ils seront mieux que leurs prédécesseurs et, en quelque sorte, nous serons plus populaires avec eux et les intérêts américains seront préservés.

Landler pensait certainement qu’il faisait bien paraître Obama. Au lieu de cela, je pense qu’il nous a vraiment montré que les mauvaises pensées et les politiques désastreuses avaient été planifiées et étaient délibérées.

http://khouse.org/articles/2013/1118

Traduit par PLEINSFEUX.ORG

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