OCCUPATION DE LA SYRIE


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L’occupation de la Syrie par les États-Unis est maintenant officielle.

– Le 21 août 2016

« Ceci est un développement historique et dangereux qui ne fait qu’accroître les chances de la guerre totale. »

Au cours des 24 dernières heures, les États-Unis ont rendu clair leur statut de force d’occupation hostile en Syrie.  Hier, les États-Unis ont émis un communiqué au gouvernement légitime de la Syrie et à la coalition anti-terroriste de la Russie aidant les Syriens.  Les États-Unis ont indiqué qu’ils avaient taillé une bande de la Syrie avec des bottes sur le terrain remplissant les rôles du personnel en service actif, tels que les forces d’opérations spéciales, des conseillers, des formateurs, des mécaniciens et des unités de soutien.  Les États-Unis ont déclaré une zone d’exclusion aérienne et ont menacé de cibler et d’abattre les avions de la Syrie et de la Russie dans l’espace aérien syrien, sur la région autonome kurde.

Comme le rapporte Russia Today, le commandant des forces américaines en Irak et en Syrie, le lieutenant-général Stephen Townshend, a déclaré : « Nous avons informé les Russes où nous en sommes … ils nous disent qu’ils ont informé les Syriens, et je dirai seulement que nous allons nous défendre si nous nous sentons menacés ».  Depuis, comme le rapporte Reuters, les affrontements entre les forces kurdes et syriennes se sont intensifiés.

Un certain nombre d’analystes avaient précédemment prévu que les États-Unis prendraient cette route étant donné le succès de la campagne de la Syrie et de son allié Russe en général et en particulier à la lumière de l’aigrissement des relations américano-turques, la possibilité que les États-Unis perdent leur accès à la base Incirlik de la Turquie, et la situation désastreuse des forces Takfiri enterrées à Alep.  Différentes agences internationales de presse ont déjà publié une version de l’histoire qui présente le communiqué de l’armée américaine comme un « avertissement pour la Russie et la Syrie » (CNN) ou une « menace défensive » (IBT), mais, ils ont échoué à distinguer la signification de facto de ce développement.  Mais, ils n’ont pas compris que la déclaration officielle de l’armée américaine était une violation flagrante du droit international, constituant une occupation illégale d’un état souverain.

Il a longtemps été évalué que la raison pour laquelle les États-Unis avaient simultanément soutenu l’État Islamique d’Irak et du Levant (ISIS) et les forces kurdes avait pour but d’utiliser ISIS comme un « occupant du lieu » devant être vaincu, virtuellement ou dans la réalité, pour ensuite se tailler une zone d’occupation américaine sous le prétexte de former un état kurde indépendant. Auparavant, l’an dernier, les représentants de la région autonome kurde ont fait une annonce inconstitutionnelle et unilatérale d’une fédéralisation.  Ce tour a été utilisé pour créer une ambiguïté en apparence légale, ou « zone grise », pour confondre les discours publics au niveau des médias.  Cependant, les Ministres des Affaires Étrangères de la coalition anti-terroriste, ainsi que des experts juridiques au niveau international ne se font aucune illusion sur le fait que la déclaration unilatérale de fédéralisation est tout autant une violation de la souveraineté syrienne que le serait une république séparatiste rendue possible uniquement grâce à une guerre d’occupation américaine.  Sous les normes juridiques internationales de la Convention de Genève, ainsi que des accords parallèles ultérieurs, un pays étranger occupant un autre pays n’a pas le droit de diviser, de séparer, d’occuper, ou de tailler une partie d’un pays, indépendamment des termes qu’utilise l’armée d’occupation.

Par ailleurs, le plus récent communiqué du lieutenant général Townshend des États-Unis dans le nord de la Syrie a présenté des plans pour augmenter la surface de ce que les États-Unis considèrent comme le « Kurdistan ».  En vertu de la présente Constitution de la Syrie, les Kurdes sont représentés à la fois au sein du gouvernement de Damas et ont un statut semi-autonome au sein de l’état central de la Syrie.

Une course majeure de collision

Les avertissements illégaux émis par le Commandant des États-Unis posent la réelle possibilité de créer une confrontation directe entre les forces syriennes, iraniennes, russes, et d’autres forces indépendantes d’un côté, et les militaires des États-Unis avec leurs marionnettes kurdes de l’autre côté.  Cette augmentation spectaculaire des hostilités porterait un dur coup aux espoirs d’une solution diplomatique à la crise.

En 2011, les États-Unis, aux côtés de leurs alliés israéliens, turcs, qataris, et saoudiens, et avec l’aide de la Jordanie, ont organisé, parrainé et financé le lancement d’une invasion illégale par des soldats réguliers sans uniforme, des mercenaires, des enfants soldats, et des fanatiques religieux armés (dont beaucoup ont été expédiés dans la région à partir de l’Europe où ils avaient leur résidence légale).  Un mouvement de protestation en 2011 qui avait fleuri à partir des efforts de la Fondation nationale américaine pour la démocratie et d’Organismes non-gouvernementaux sanctionnés par l’Organisation des Nations Unies financés par la Maison des Saoud et la monarchie du Qatar, a profité de la société libérale et ouverte de la Syrie, pour infiltrer les organisations civiques et pour manipuler le pluralisme laïque de la Syrie contre elle-même.  Cela a créé la possibilité pour un simulacre médiatique dans lequel les observateurs et les médias internationaux, intentionnellement ou non, confondaient un mouvement de protestation composé principalement de Syriens avec une opération militaire qui est très rapidement devenue rien de plus qu’une invasion étrangère.

La participation de la Russie à l’invitation du gouvernement légitime de la Syrie a été la source d’un sérieux revers pour les objectifs des États-Unis dans la région.  Maintenant, ce qui reste à voir c’est ce que les États-Unis sont effectivement prêts à faire.  Les planificateurs militaires syriens et russes, sans aucun doute, ont depuis longtemps envisagé plusieurs scénarios et ont développé une sorte de plan de contingence.  Il est naturel, bien que ces plans de contingence existent, qu’il ne sera pas question de divulgation publique.  La question est maintenant la capacité des États-Unis, une hégémonie autrefois globale que les analystes géostratégiques du monde entier ont évaluée comme étant maintenant dans une phase décroissante de maintenir un pied d’occupation dans la région kurde de la Syrie.  La Syrie et la Turquie peuvent trouver qu’ils ont un intérêt commun en s’opposant à un État Kurde fantoche des États-Unis.

Avant le déclenchement du conflit actuel, la Syrie et la Turquie ont maintenu un traité qui permettait aux forces de sécurité turques de poursuivre les terroristes séparatistes kurdes qui s’enfuyaient parfois vers la Syrie pour échapper aux opérations en Turquie.  Après le début du conflit, la Syrie et la Turquie et les États-Unis (dans la mesure où ces deux derniers peuvent être considérés comme ayant des intérêts divergents) sont tous entrés dans le jeu de jouer la carte kurde. Chaque partie dans le conflit espérait être en mesure d’utiliser le soutien des groupes armés kurdes pour leurs propres objectifs.  Bien qu’il y ait beaucoup d’informations qui suggèrent que la Turquie soit en train de se réorienter loin de l’Euro-atlantisme et de l’OTAN, en particulier à la lumière des mouvements de la Turquie pendant et après la tentative de coup d’état raté, il y a toujours la possibilité que les récents mouvements turcs soient en fait une partie d’un plan à long terme pour jeter le spectre de l’incertitude sur les futurs plans de la Turquie, de concert avec les États-Unis.  Ce ne serait pas du tout sans précédent dans l’histoire des alliances géopolitiques.

En conclusion, l’annonce aux États-Unis marque un point tournant dans ce conflit.  Si avant, il y avait une ambiguïté sur les intentions des États-Unis en Syrie, un plan pour diviser la Syrie qui avait été publiquement élaboré dans de nombreuses publications de penseurs pro-atlantistes, comme l’Institut Brookings ou le Conseil des Relations Étrangères, alors, maintenant, les États-Unis ont révélé leur main.  Ceci est un développement historique et dangereux qui ne fait qu’accroître les chances de la guerre totale.

Source : Fort-Russ  

Traduit par PLEINSFEUX.ORG

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