POUTINE AUX ÉLITES OCCIDENTALES


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Le temps des jeux est terminé !

Le 29 octobre 2014

La plupart des gens dans les pays anglophones du monde ont raté le discours de Vladimir Poutine lors de la conférence de Valdaï, à Sotchi, il y a quelques jours, et il y a des chances que ceux d’entre vous qui ont entendu parler du discours n’ont pas eu la chance de le lire et ont raté son importance. Les médias occidentaux ont fait de leur mieux pour l’ignorer ou tordre sa signification. Peu importe ce que vous pensez ou ne pensez pas au sujet de Vladimir Poutine c’est probablement le discours politique le plus important depuis le discours « rideau de fer » de Winston Churchill, le 5 mars 1946.

Dans ce discours, Vladimir Poutine a brusquement changé les règles du jeu. Auparavant, le jeu de la politique internationale était joué comme suit : Les hommes politiques font des déclarations publiques, avec le souci de maintenir une fiction agréable de la souveraineté nationale, mais ce n’étaient strictement que pour le spectacle et cela n’avait rien à voir avec la substance de la politique internationale ; Dans l’intervalle, ils s’engageaient dans des négociations d’arrière-salle secrètes, dans lesquelles les accords étaient mis en place. Auparavant, Vladimir Poutine a essayé de jouer ce jeu, s’attendant seulement à ce que la Russie soit traitée comme un égal. Mais, ces espoirs ont été déçus et, à cette conférence, il a déclaré que le jeu était terminé, en violant explicitement le tabou occidental en parlant directement aux personnes, en passant par-dessus la tête des clans des élites et des dirigeants politiques.

Le blogueur russe Chipstone a résumé les points les plus saillants du discours de Vladimir Poutine comme suit :

  1. La Russie ne jouera plus à des jeux et ne s’engagera plus dans des négociations en coulisses pour des peccadilles. Mais, la Russie est prête à s’engager dans des conversations et des accords sérieux, si ceux-ci sont propices à la sécurité collective, sont basés sur l’équité et tiennent compte des intérêts de chaque côté.
  2. Tous les systèmes de sécurité collective mondiale reposent aujourd’hui sur des ruines. Il n’y a plus aucune garantie de sécurité internationale. Et, l’entité qui les détruit a un nom : Les États-Unis d’Amérique.
  3. Les constructeurs du Nouvel Ordre Mondial ont échoué, en ayant construit un château de sable. Qu’une quelconque sorte de Nouvel Ordre Mondial doive ou non être construit n’est pas seulement la décision de la Russie, mais c’est une décision qui ne pourra pas se faire sans la Russie.
  4. La Russie est favorable à une approche conservatrice à l’introduction d’innovations dans l’ordre social, mais, n’est pas opposée à enquêter et à discuter sur ces innovations, pour voir si leurs introductions pourrait être justifiée.
  5. La Russie n’a aucune intention d’aller à la pêche en eaux troubles créées par « l’empire du chaos » de l’Amérique, qui est toujours en pleine expansion et n’a aucun intérêt dans la construction de son propre nouvel empire (ce qui est inutile ; Les défis de la Russie se trouvent dans le développement de son territoire déjà vaste). Et, la Russie n’est pas prête à agir comme un sauveur du monde, comme elle l’avait fait dans le passé.
  6. La Russie ne tentera pas de reformater le monde à son image, mais, elle ne permettra pas à quiconque de reformater la Russie à leur image. La Russie ne se fermera pas du reste du monde, mais, celui qui tentera de la fermer du monde sera assuré de récolter un tourbillon.
  7. La Russie ne souhaite pas voir le chaos se propager, la Russie ne veut pas la guerre et n’a pas l’intention d’en commencer une. Cependant, aujourd’hui, la Russie voit le déclenchement de la guerre mondiale comme presque inévitable, la Russie est préparée pour cette guerre et continue à s’y préparer. La Russie ne veut pas de la guerre, mais, ne la craint pas.
  8. La Russie n’a pas l’intention de jouer un rôle actif pour contrecarrer ceux qui tentent toujours de construire leur Nouvel Ordre Mondial, jusqu’à ce que leurs efforts commencent à empiéter sur les intérêts clés de la Russie. La Russie aimerait mieux rester là à les regarder se donner tous les coups que leurs pauvres têtes peuvent prendre. Mais, ceux qui tenteront d’entraîner la Russie dans ce processus, avec le mépris pour ses intérêts, comprendront la vraie signification de la douleur.
  9. Et, à l’externe, et encore plus avec la politique interne, la puissance de la Russie ne reposera pas sur les élites et leurs accords d’arrière-salle, mais sur la volonté du peuple.
  10. Il y a encore une chance de construire un Nouvel Ordre Mondial qui permettra d’éviter une guerre mondiale. Ce Nouvel Ordre Mondial doit nécessairement comprendre les États-Unis, mais peut seulement se faire dans les mêmes conditions que tous les autres : En se soumettant au droit international et aux accords internationaux ; S’abstenir de toute action unilatérale ; Dans le plein respect de la souveraineté des autres nations.

Pour résumer le tout : Le temps des jeux est révolu. Enfants, rangez vos jouets. Il est maintenant temps pour les adultes de prendre des décisions. La Russie est prête pour cela ; Le monde l’est-il ?

Le texte du discours de Vladimir Poutine et une session de questions/réponses, à la dernière assemblée plénière de la 6ème session du Club de Discussions Internationales de Valdaï, à Sotchi, qui a eu lieu le 24 octobre 2014.

Il a déjà été mentionné que le club avait de nouveaux coorganisateurs cette année. Ces nouveaux organisateurs comprennent des organisations non gouvernementales russes, des groupes d’experts et des grandes universités. L’idée a également été soulevée d’élargir les discussions afin d’inclure non seulement les questions liées à la Russie elle-même, mais aussi la politique et l’économie mondiales.

L’organisation et le contenu renforceront l’influence du club comme un forum de discussion de premier plan et d’experts. Dans le même temps, j’espère que « l’esprit de Valdaï » restera ; Cette atmosphère est libre et ouverte à exprimer toutes sortes d’opinions très différentes et très franches.

Permettez-moi de dire à cet égard que je ne vous décevrai pas et que je vais également parler directement et franchement. Certaines parties de ce que je vais vous dire peut sembler un peu trop sévère, mais, si nous ne parlons pas directement et honnêtement de ce que nous pensons vraiment, alors, il y a très peu d’intérêt à même se rencontrer de cette façon. Il serait préférable, dans ce cas, de simplement s’en tenir à des rencontres diplomatiques, où personne ne dit quoi que ce soit de vrai et, en se rappelant les paroles d’un célèbre diplomate, vous vous rendez compte que les diplomates ont des langues pour ne pas dire la vérité.

Nous nous réunissons également pour d’autres raisons. Nous nous réunissons pour parler franchement les uns avec les autres. Nous avons besoin d’être directs et francs, aujourd’hui, et non pas pour nous tirer la barbe, mais afin de tenter de faire la lumière sur ce qui se passe dans le monde, afin d’essayer de comprendre pourquoi le monde est de moins en moins sécuritaire et plus imprévisible, et pourquoi les risques augmentent partout autour de nous.

La discussion d’aujourd’hui a eu lieu sous le thème : De nouvelles règles ou un jeu sans règle. Je pense que cette formule décrit avec précision le tournant historique que nous avons atteint aujourd’hui et le choix auquel nous sommes tous confrontés. Bien sûr, il n’y a rien de nouveau dans l’idée que le monde est en train de changer très rapidement. Je sais que c’est quelque chose dont vous avez parlé lors de la discussion d’aujourd’hui. Il est certainement difficile de ne pas avoir remarqué les transformations dramatiques de la politique et de l’économie mondiale, de la vie publique, de l’industrie, de l’information et des technologies sociales.

Permettez-moi de vous demander en ce moment de me pardonner si je finis par répéter ce que certains des participants à la discussion ont déjà dit.  C’est presque  pratiquement impossible à éviter.  Vous avez déjà eu des discussions détaillées, mais, je vais exposer mon point de vue.  Il coïncide avec le point de vue des autres participants sur certains points et il diverge sur d’autres.

En analysant la situation d’aujourd’hui, n’oublions pas les leçons de l’histoire. Tout d’abord, les changements dans l’ordre mondial, et ce que nous voyons aujourd’hui sont des événements de cette ampleur, ont généralement été accompagnés par une guerre mondiale et des conflits, ou alors, par une suite de conflits intenses au niveau local. Deuxièmement, la politique mondiale est avant tout une question de leadership économique, de questions de guerre et de paix, et de la dimension humanitaire, y compris des droits de l’homme.

Le monde est plein de contradictions aujourd’hui. Nous devons être francs en demandant à chacun d’entre nous si nous avons en place un filet de sécurité fiable. Malheureusement, il n’y a aucune garantie et aucune certitude que le système actuel de sécurité mondiale et régionale soit en mesure de nous protéger contre les bouleversements. Ce système est devenu sérieusement affaibli, fragmenté et déformé. Les organisations politiques internationales et régionales, de coopération économique et culturelle passent également par des moments difficiles.

Oui, un grand nombre de mécanismes que nous avons pour sécuriser l’ordre mondial ont été créés il y a très longtemps, y compris et surtout dans la période suivant immédiatement la Seconde Guerre Mondiale. Permettez-moi de souligner que la solidité du système créé à l’époque reposait non seulement sur l’équilibre des pouvoirs et des droits des pays vainqueurs, mais, sur le fait que les « pères fondateurs » de ce système avaient du respect les uns pour les autres, ne tentaient pas de mettre la pression sur les autres, mais, tentaient de parvenir à des accords.

La chose principale est que ce système doit être développé et, malgré ses diverses lacunes, doit être au moins capable de maintenir les problèmes actuels du monde dans certaines limites et de régulariser l’intensité naturelle de la concurrence entre les pays.

Je suis convaincu que nous ne pourrions pas prendre ce mécanisme de freinages et de contrepoids que nous avons construit au cours des dernières décennies, parfois avec beaucoup d’efforts et de difficultés, et tout simplement le déchirer sans ne rien construire à la place. Sinon, nous serions laissés sans aucun instrument autre que la force brute.

Ce que nous devrions faire, cela serait de procéder à une reconstruction rationnelle et de l’adapter aux nouvelles réalités dans le système de relations internationales.

Mais, les États-Unis, s’étant eux-mêmes déclarés vainqueurs de la guerre froide, n’en voyaient pas la nécessité. Au lieu d’établir un nouvel équilibre du pouvoir, essentiel pour maintenir l’ordre et la stabilité, ils ont pris des mesures qui ont jeté le système dans un déséquilibre marqué et profond.

La guerre froide a pris fin, mais, elle n’a pas pris fin avec la signature de traités de paix avec des accords clairs et transparents sur le respect des règles existantes ou la création de nouvelles règles et de nouvelles normes. Cela a créé l’impression que le soi-disant « vainqueur » de la guerre froide avait décidé de forcer des événements et de remodeler le monde pour répondre à ses propres besoins et intérêts. Si le système actuel des relations internationales, du droit international et du système de freinages et de contrepoids en place se plaçaient en travers de ces objectifs, ce système était déclaré inutile, obsolète et avait besoin d’une démolition immédiate.

Pardonnez l’analogie, mais, c’est la façon dont les nouveaux riches se comportent quand ils obtiennent tout à coup une grande fortune, dans ce cas, sous la forme du leadership et de la domination mondiale. Au lieu de gérer leur fortune à bon escient et, bien sûr, pour leur propre bénéfice également, je pense qu’ils ont commis beaucoup de folies.

Nous sommes entrés dans une période de différentes interprétations et de silences délibérés dans la politique mondiale. Le droit international a été forcé de battre en retraite à plusieurs reprises à cause des assauts du nihilisme juridique. La justice et l’objectivité ont été sacrifiées sur l’autel de l’opportunisme politique. Des interprétations arbitraires et des évaluations biaisées ont remplacé les normes juridiques. Dans le même temps, le contrôle total des médias mondiaux a tout rendu possible, quand ils désirent présenter le blanc comme étant le noir et le noir comme étant le blanc.

Dans une situation où vous aviez la domination d’un pays et de ses alliés, ou plutôt ses satellites, la recherche de solutions globales s’est souvent transformée en une tentative d’imposer leurs propres recettes universelles. Les ambitions de ce groupe sont devenues tellement grandes qu’ils ont commencé à présenter les politiques qu’ils rassemblaient dans leurs couloirs du pouvoir comme la vision de l’ensemble de la communauté internationale. Mais, ce n’est pas le cas.

La notion même de « souveraineté nationale » est devenue une valeur relative pour la plupart des pays. En essence, ce qui était proposé était la formule : Plus grande est la loyauté envers l’unique pouvoir central dans le monde, plus grande sera la légitimité du régime au pouvoir.

Nous aurons une discussion libre après et je serai heureux de répondre à vos questions, et j’aimerais également utiliser mon droit de vous poser des questions. Vous pouvez également laisser quelqu’un tenter de réfuter les arguments que je viens d’exposer lors de la discussion à venir.

Les mesures prises contre ceux qui refusent de se soumettre sont bien connues, et ont été essayées et testées de nombreuses fois. Elles comprennent l’utilisation de la force, la pression économique, la propagande, l’ingérence dans les affaires intérieures, et invoquer une sorte de légitimité « supra-légale » quand ils en ont besoin pour justifier une intervention illégale dans tel ou tel conflit, ou renverser les régimes qui dérangent. Dernièrement, nous avons d’autres preuves que le chantage pur et simple a aussi été utilisé en ce qui concerne un certain nombre de dirigeants. Ce n’est pas pour rien que le « grand frère » dépense des milliards de dollars pour surveiller tout le monde, y compris ses propres alliés les plus proches.

Demandons-nous comment sommes-nous en bien avec cela, comment sommes-nous en sécurité, comment sommes-nous heureux de vivre dans ce monde, et comment ce monde est-il devenu juste et rationnel ? Peut-être que nous n’avons pas de véritables raisons de nous inquiéter, d’argumenter et de poser des questions embarrassantes ? Peut-être que la position exceptionnelle des États-Unis et la façon dont ils dirigent leur leadership est vraiment une bénédiction pour nous tous, et que leur ingérence dans les événements dans le monde entier amène la paix, la prospérité, le progrès, la croissance et la démocratie, et que nous devrions peut-être juste nous détendre et profiter de tout cela ?

Permettez-moi de dire que ce n’est pas le cas, absolument pas le cas.

Un diktat unilatéral et l’imposition de son propre modèle ne peut produire qu’un résultat inverse. Au lieu de régler les conflits, ceci conduit à leur escalade ; À la place d’états souverains et stables, nous voyons la propagation croissante du chaos ; Et, à la place de la démocratie, il y a un soutien public très douteux pour les groupes allant des néo-fascistes, aux islamistes radicaux.

Pourquoi soutiennent-ils ces personnes ? Ils le font parce qu’ils décident que de les utiliser comme instruments au long du chemin, pour la réalisation de leurs objectifs, mais ils se brûlent ensuite les doigts et reculent. Je ne cesse d’être étonné par la façon dont nos partenaires ne cessent de marcher sur le même râteau, comme nous le disons ici, en Russie, ce qui signifie refaire la même erreur encore et encore.

Ils ont autrefois parrainé les mouvements extrémistes islamiques pour combattre l’Union Soviétique. Ces groupes ont eu leur expérience de combat en Afghanistan et, plus tard, ont donné naissance aux Talibans et à Al-Qaïda. L’Occident, s’il n’a pas supporté, a au moins fermé les yeux et, je dirais qu’il a donné des informations, un soutien politique et financier pour l’invasion par des terroristes internationaux de la Russie (on ne l’a pas oublié) et des pays de la région d’Asie centrale. C’est seulement après que des attaques terroristes horribles aient été commises sur le sol américain lui-même que les États-Unis se sont réveillés à la menace commune du terrorisme. Permettez-moi de vous rappeler que nous avons été le premier pays à avoir soutenu le peuple américain à l’époque, le premier à avoir réagi comme des amis et partenaires à la terrible tragédie du 11 septembre.

Au cours de mes conversations avec les dirigeants américains et européens, j’ai toujours parlé de la nécessité de lutter ensemble contre le terrorisme, comme un défi à l’échelle mondiale. Nous ne pouvons pas nous résigner et accepter cette menace, nous ne pouvons pas la couper en morceaux séparés à l’aide de deux poids deux mesures. Nos partenaires ont exprimé leur accord, mais un peu de temps a passé et nous avons fini où nous avions commencé. Ce fut d’abord l’opération militaire en Irak, puis en Libye, qui a été poussée au bord de l’effondrement. Pourquoi la Libye a-t-elle été poussée dans cette situation ? Aujourd’hui, c’est un pays en phase de s’effondrer et est devenu un terrain d’entraînement pour les terroristes.

Seule la détermination et la sagesse des dirigeants de l’Égypte actuelle a sauvé cet important pays arabe du chaos et a poussé les extrémistes à s’enfuir. En Syrie, comme dans le passé, les États-Unis et leurs alliés ont commencé à financer et à armer directement les rebelles et en leur permettant de remplir leurs rangs de mercenaires provenant de divers pays. Permettez-moi de vous demander d’où ces rebelles obtiennent-ils leur argent, leurs armes et les spécialistes militaires ? D’où tout cela vient-il ? Comment l’ISIL a-t-il réussi à devenir un groupe aussi puissant, essentiellement une véritable force militaire ?

Quant aux sources de financement, aujourd’hui l’argent ne provient pas seulement de la drogue, dont la production a augmenté et pas par un petit pourcentange, mais très fortement, ceci depuis que les forces internationales de la coalition ont été présentes en Afghanistan. Vous êtes au courant de cela. Les terroristes obtiennent de l’argent en vendant également du pétrole. Le pétrole est produit dans les territoires contrôlés par les terroristes, qui le vendent à des prix très bas, ils le produisent et le transportent. Mais, quelqu’un achète ce pétrole, le revend et fait du profit, en ne pensant pas au fait qu’ils financent ainsi les terroristes qui pourraient, tôt ou tard, venir sur leur propre sol et semer la destruction dans leur propre pays.

Où trouvent-ils les nouvelles recrues ? En Irak, après que Saddam Hussein ait été renversé, les institutions de l’état ont été laissées en ruines, y compris l’armée. Nous avons dit à l’époque d’être très très prudent.  Vous amenez les gens dans la rue, et que vont-ils y faire ? Ne pas oublier (à juste titre ou non) qu’ils étaient dans la direction d’une grande puissance régionale, et vers quoi vont-ils se tourner maintenant ?

Quel fut le résultat ?  Des dizaines de milliers de soldats, d’officiers et d’anciens militants du parti Baas se sont retrouvés dans les rues et, ont rejoint aujourd’hui les rangs des rebelles. Peut-être que cela explique pourquoi le groupe État Islamique s’est avéré si efficace ? En termes militaires, ils agissent efficacement et ont des gens très professionnels. La Russie a mis en garde à plusieurs reprises au sujet des dangers que provoquent des actions militaires unilatérales, d’intervenir dans les affaires des états souverains et de flirter avec les extrémistes et les radicaux. Nous avons insisté pour avoir les groupes luttant contre le gouvernement syrien central, surtout l’État Islamique, inscrits sur les listes des organisations terroristes. Mais, avons-nous vu des résultats ? Nous avons fait des appels en vain.

On a parfois l’impression que nos collègues et amis luttent constamment contre les conséquences de leurs propres politiques, jettent tous leurs efforts pour traiter les risques qu’ils ont eux-mêmes créés, et payer un prix de plus en plus grand.

Chers collègues, cette période de domination unipolaire a démontré de manière convaincante que d’avoir un seul pouvoir central ne rend pas les processus mondiaux plus gérables. Au contraire, ce genre de construction instable a montré son incapacité à lutter contre les vraies menaces comme les conflits régionaux, le terrorisme, le trafic de drogue, le fanatisme religieux, le chauvinisme et le néo-nazisme.  Dans le même temps, ceci a ouvert une voie large à une fierté nationale gonflée, a manipulé l’opinion publique, renforcé les forts et supprimé les faibles.

Essentiellement, un monde unipolaire est tout simplement un moyen de justifier la dictature sur les gens et les pays. Le monde unipolaire s’est avéré trop inconfortable, lourd et ingérable, un fardeau même pour le dirigeant auto-proclamé. Les commentaires le long de cette ligne ont été faits auparavant et je suis entièrement d’accord avec eux. Voilà pourquoi nous voyons des tentatives de cette nouvelle étape historique pour recréer un semblant de monde quasi-bipolaire comme un modèle pratique pour perpétuer le leadership américain. Ce n’est pas important qui prend la place du centre du mal dans la propagande américaine, l’ancienne place de l’URSS, comme principal adversaire. Cela pourrait être l’Iran, un pays qui cherche à acquérir la technologie nucléaire ; La Chine, la plus grande économie dans le monde ; Où la Russie, comme une superpuissance nucléaire.

Aujourd’hui, nous assistons à de nouveaux efforts pour fragmenter le monde, de dessiner de nouvelles lignes de divisions, de réunir des coalitions non construites pour quelque chose, mais dirigées contre quelqu’un, n’importe qui, afin de créer l’image d’un ennemi comme c’était déjà le cas pendant les années de la guerre froide, et obtenir la droit à ce leadership, ou le diktat si vous voulez. La situation a été présentée de cette façon au cours de la guerre froide. Nous comprenons tous ceci et nous le savons. Les États-Unis ont toujours dit à leurs alliés : « Nous avons un ennemi commun, un ennemi terrible, le centre du mal, et nous vous défendons, vous alliés, de cet ennemi et ainsi nous avons le droit de vous donner des ordres, de vous forcer à sacrifier vos intérêts politiques et économiques et de payer votre quote-part des coûts de cette défense collective, mais nous serons les responsables de tout cela, bien entendu». En bref, nous voyons aujourd’hui des tentatives dans un monde nouveau et changeant pour reproduire le modèle familier de la gestion globale, et tout cela de manière à garantir la situation exceptionnelle des États-Unis afin de récolter des dividendes politiques et économiques.

Mais, ces tentatives sont de plus en plus déconnectées de la réalité et sont en contradiction avec la diversité mondiale. Les étapes de ce genre créent inévitablement la confrontation et les contre-mesures, et produise l’effet inverse à l’objectif espéré. Nous voyons ce qui se passe quand les politiques commencent imprudemment leurs ingérences dans l’économie et la logique des décisions rationnelles et cédant la place à la logique de la confrontation qui fait du mal à seulement leurs propres positions et intérêts économiques, y compris les intérêts des entreprises nationales.

Les projets économiques communs et les investissements mutuels amènent objectivement les pays à se rapprocher et à aider à aplanir les problèmes actuels dans les relations entre les états. Mais, aujourd’hui, la communauté mondiale des affaires fait face à des pressions sans précédent de la part des gouvernements occidentaux. De quelle entreprise, opportunité économique et pragmatisme peut-on parler lorsque nous entendons des slogans comme « la patrie est en danger », « le monde libre est menacé », et « la démocratie est en danger » ?  Et, ainsi, tout le monde doit se mobiliser. Voilà à quoi peut ressembler une vraie politique de mobilisation.

Les sanctions sapent déjà les fondements du commerce mondial, les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce et le principe de l’inviolabilité de la propriété privée. Ils donnent un violent coup au modèle libéral de la mondialisation fondée sur les marchés, la liberté et la concurrence, qui est un modèle qui a principalement bénéficié précisément les pays occidentaux. Et maintenant, ils risquent de perdre la confiance des dirigeants de la mondialisation. Nous devons nous demander, pourquoi était-ce nécessaire ? Après tout, la prospérité des États-Unis repose en grande partie sur la confiance des investisseurs et des détenteurs étrangers des dollars et des valeurs mobilières des États-Unis. Cette confiance est clairement mis à mal et les signes de déception dans les fruits de la mondialisation sont visibles maintenant dans de nombreux pays. Le précédent bien connu de Chypre et les sanctions motivées par les politiques n’ont fait que renforcer la tendance à rechercher à renforcer la souveraineté économique et financière des pays ou de la volonté de leurs groupes régionaux, afin de trouver des moyens de se protéger contre les risques des pressions extérieures. Nous voyons déjà que de plus en plus de pays cherchent des moyens de devenir moins dépendant du dollar, et mettent en place des systèmes financiers, et des alternatives de paiements, et des monnaies de réserve. Je pense que nos amis américains sont tout simplement en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis. Vous ne pouvez pas mélanger la politique et l’économie, mais c’est ce qui se passe maintenant. Je ai toujours pensé et je pense encore aujourd’hui que les sanctions, pour des motifs politiques, étaient une erreur qui nuiraient à tout le monde, mais, je suis sûr que nous reviendrons sur ce sujet plus tard.

Nous savons comment ces décisions ont été prises et qui mettait la pression. Mais, permettez-moi de souligner que la Russie ne va pas mendier à la porte d’un quelconque état. La Russie est un pays auto-suffisant. Nous allons travailler dans l’environnement économique à l’étranger qui a pris forme, à développer la production et la technologie domestique et à agir de façon plus décisive pour mener à bien la transformation. La pression de l’extérieur, comme cela a été le cas à plusieurs reprises dans le passé, ne fera que consolider notre société, nous tenir en éveil et nous faire nous concentrer sur nos principaux objectifs de développement.

Bien sûr, les sanctions sont un obstacle. Ils essaient de nous faire du mal par ces sanctions, de bloquer notre développement et de nous pousser à l’isolement politique, économique et culturel, pour nous forcer à régresser en d’autres termes. Mais, permettez-moi de dire encore une fois que le monde est un endroit très différent aujourd’hui. Nous n’avons pas l’intention de nous couper de toute personne et de choisir une sorte de route de développement fermée, en essayant de vivre en autarcie. Nous sommes toujours ouverts au dialogue, y compris sur la normalisation de nos relations économiques et politiques. Nous comptons ici sur l’approche pragmatique et la position des milieux d’affaires dans les principaux pays.

Certains disent aujourd’hui que la Russie est censée avoir tourné le dos à l’Europe, ces paroles ont probablement déjà été mentionnées ici aussi lors des discussions, et nous recherchons de nouveaux partenaires commerciaux, surtout en Asie. Permettez-moi de dire que ce n’est absolument pas le cas. Notre politique active dans la région Asie-Pacifique n’a pas seulement commencé hier et n’est pas en réponse aux sanctions, mais est une politique que nous suivons depuis un bon nombre d’années maintenant. Comme beaucoup d’autres pays, notamment les pays occidentaux, nous avons vu que l’Asie joue un rôle de plus en plus grand dans le monde, dans l’économie et dans la politique, et qu’il n’y a tout simplement aucun moyen que nous puissions nous permettre d’ignorer ces développements.

Permettez-moi de dire encore une fois que tout le monde fait cela, et nous allons le faire également, d’autant plus qu’une grande partie de notre pays est situé géographiquement en Asie. Pourquoi ne devrions-nous pas faire usage de nos avantages concurrentiels dans ce domaine ? Il serait extrêmement idiot ne pas le faire.

Le développement des relations économiques avec ces pays et la réalisation de projets communs d’intégrations créent aussi de grandes incitations pour notre développement national. Aujourd’hui, les tendances démographiques, économiques et culturelles actuelles suggèrent que la dépendance sur une seule superpuissance diminuera objectivement. Ceci est quelque chose dont les experts européens et américains ont parlé et ils ont écrit à ce sujet.

Peut-être que l’évolution de la politique mondiale sera le reflet de l’évolution que nous constatons dans l’économie mondiale, à savoir, une concurrence intensive pour des niches spécifiques et de fréquents changements de dirigeants dans des domaines spécifiques. Ceci est tout à fait possible.

Il ne fait aucun doute que des facteurs humanitaires comme l’éducation, la science, la santé et la culture, jouent un rôle plus important dans la concurrence mondiale. Cela a également été un impact important sur les relations internationales, également parce que cette ressource de « puissance douce » dépendra dans une large mesure sur des réalisations concrètes dans le développement du capital humain, plutôt que sur des trucs de propagande sophistiquée.

Dans le même temps, la formation d’un soi-disant monde polycentrique (je voudrais également attirer votre attention sur ceci, collègues), en soi, ne peut pas améliorer la stabilité ; En fait, c’est plus susceptible d’être à l’opposé. L’objectif d’atteindre l’équilibre mondial est en train de devenir un casse-tête assez difficile, une équation à plusieurs inconnues.

Donc, quels est le risque pour nous si nous choisissons de ne pas respecter les règles, même si elles peuvent être strictes et peu pratiques, mais plutôt vivre sans aucune règle ? Et, ce scénario est tout à fait possible ; Nous ne pouvons pas l’exclure, compte tenu des tensions mondiales actuelles. Beaucoup de prédictions peuvent déjà être faites, en tenant compte des tendances actuelles, et malheureusement, elles ne sont pas optimistes. Si nous ne créons pas un système clair d’engagements et d’accords mutuels, si nous ne construisons pas les mécanismes de gestion et de résolution des situations de crise, les symptômes de l’anarchie mondiale vont inévitablement grandir.

Aujourd’hui, nous voyons déjà une forte augmentation de la probabilité d’un ensemble de conflits violents avec la participation, soit directe soit indirecte, des grandes puissances du monde. Et, les facteurs de risque comprennent non seulement les conflits multinationaux traditionnels, mais aussi l’instabilité interne dans des états distincts, surtout lorsqu l’on parle de pays situés à l’intersection des intérêts géopolitiques majeurs des états, ou à la frontière des continents culturels, historiques et économiques.

Je suis sûr que l’Ukraine, a été longuement discutée et dont nous parlerons encore plus, est un des exemples de ces sortes de conflits qui affectent l’équilibre des puissances internationales, et je pense que ce ne sera certainement pas le dernier. De là émane la prochaine réelle menace de détruire le système actuel d’accords de contrôle des armements. Et, ce dangereux processus a été lancé par les États-Unis d’Amérique lorsqu’ils se sont retirés unilatéralement du Traité des Missiles Antibalistiques en 2002, puis se sont lancés et continuent aujourd’hui à poursuivre activement la création de leur système global de défense antimissile.

Chers collègues et amis, je tiens à souligner que nous n’avons pas commencé cela. Une fois de plus, nous glissons dans des moments où, à la place de l’équilibre des intérêts et des garanties mutuelles, c’est la peur et l’équilibre de la destruction mutuelle qui empêchent les pays de s’engager dans un conflit direct. En l’absence d’instruments juridiques et politiques, les armes sont encore une fois de plus le point focal de l’agenda mondial ; Elles sont utilisées n’importe où et n’importe quand, sans sanctions du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies. Et, si le Conseil de Sécurité refuse de produire de telles décisions, immédiatement c’est l’aveu d’un instrument dépassé et inefficace.

De nombreux états ne voient pas d’autres moyens pour assurer leur souveraineté, que d’obtenir leurs propres bombes. C’est extrêmement dangereux. Nous insistons sur les négociations en cours ; Nous ne sommes pas seulement en faveur des pourparlers, mais nous insistons sur la poursuite des pourparlers pour la réduction des arsenaux nucléaires. Moins nous aurons d’armes nucléaires dans le monde, mieux ce sera. Et, nous sommes prêts pour des discussions plus sérieuses et concrètes sur le désarmement nucléaire, mais seulement pour des discussions sérieuses sans deux poids, deux mesures.

Qu’est-ce que je veux dire ? Aujourd’hui, de nombreux types d’armes de haute précision sont déjà proches d’être de armes de destruction massive, au vu de leurs capacités et, dans l’éventualité d’une renonciation complète des armes nucléaires ou une réduction radicale du potentiel nucléaire, les nations qui seraient des leaders dans la création et la production de systèmes de haute précision auront un avantage militaire net. La parité stratégique sera perturbée, ce qui est susceptible d’apporter une déstabilisation. L’utilisation d’une soi-disant première frappe préventive globale peut devenir tentante. En bref, les risques ne diminuent pas, mais ils s’intensifient.

La prochaine menace évidente sera une nouvelle escalade des conflits ethniques, religieux et sociaux. De tels conflits sont dangereux, non seulement en tant que tel, mais aussi parce qu’ils créent des zones d’anarchie, d’injustice et de chaos autour d’eux, des lieux qui sont confortables pour les terroristes et les criminels, où fleurissent la piraterie, le trafic humain et le trafic des drogues.

Par ailleurs, à l’époque, nos collègues ont essayé de gérer ces processus, ont utilisé les conflits régionaux et ont conçu des « révolutions colorées » en fonction de leurs intérêts, mais le génie s’est échappé de la bouteille. Il semble que les pères de la théorie du chaos contrôlé, eux-mêmes, ne savent pas quoi en faire ; Il y a une grande confusion dans leurs rangs.

Nous suivons de près les discussions de l’élite dirigeante et de la communauté des experts. Il suffit de regarder les gros titres de la presse occidentale l’année dernière. Les mêmes personnes sont appelées des « combattants pour la démocratie », puis, des « islamistes » ; D’abord, ils écrivent au sujet des révolutions et les appellent des « émeutes » et des « soulèvements ». Le résultat est évident : La poursuite de l’expansion du chaos mondial.

Chers collègues, compte tenu de la situation mondiale, il est temps de commencer à signer des accords sur des choses fondamentales. Ceci est extrêmement important et nécessaire ; C’est bien mieux que de retourner dans nos propres coins. Plus nous faisons tous face à des problèmes communs, plus nous nous trouvons dans le même bateau, pour ainsi dire. Et, la façon logique d’en sortir se trouve dans la coopération entre les nations, les sociétés, afin de trouver des réponses collectives aux défis en croissance, et dans la gestion commune des risques. Certes, certains de nos partenaires, pour une raison quelconque, se souviennent de tout ceci seulement lorsque cela sert leurs intérêts.

L’expérience pratique montre que les réponses communes aux défis ne sont pas toujours la panacée ; Et nous avons besoin de le comprendre. En outre, dans la plupart des cas, ils sont difficiles à atteindre ; Il n’est pas facile de surmonter les différences dans les intérêts nationaux, la subjectivité de différentes approches, en particulier en ce qui concerne les pays ayant différentes traditions culturelles et historiques. Mais, néanmoins, nous avons des exemples où, en ayant des objectifs communs et en agissant sur la base des mêmes critères, ensemble, nous obtenons des réels succès.

Permettez-moi de vous rappeler la résolution du problème des armes chimiques en Syrie, et le dialogue de fond sur le programme nucléaire iranien, ainsi que notre travail sur la question nord-coréenne, qui a aussi des résultats positifs. Pourquoi ne pourrions-nous pas utiliser cette expérience à l’avenir pour relever les défis locaux et mondiaux ?

Quelle pourrait être la base juridique, politique et économique pour un Nouvel Ordre Mondial qui permettrait la stabilité et la sécurité, tout en encourageant une saine concurrence, sans permettre la formation de nouveaux monopoles qui entravent le développement ? Il est peu probable que quelqu’un puisse proposer des solutions absolument exhaustives, prêtes à être utilisées en ce moment. Nous aurons besoin de beaucoup de travail avec la participation d’un large éventail de gouvernements, d’entreprises mondiales, de la société civile et de plates-formes d’experts comme les nôtres.

Cependant, il est évident que les succès et les résultats réels ne sont possibles que si les participants clés dans les affaires internationales peuvent arriver à des accords sur l’harmonisation des intérêts de base, sur une raisonnable maîtrise de soi, et présenter l’exemple d’un leadership positif et responsable. Nous devons identifier clairement où se terminent les actions unilatérales et nous avons besoin d’appliquer des mécanismes multilatéraux, et dans le cadre de l’amélioration de l’efficacité du droit international, nous devons résoudre le dilemme entre les actions de la communauté internationale pour assurer la sécurité, les droits humains, le principe de la souveraineté nationale et la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un état.

Ces mêmes collisions conduisent de plus en plus à une interférence extérieure arbitraire dans les processus internes complexes, et toujours et encore elles provoquent des conflits dangereux entre les acteurs mondiaux de premier plan. Maintenir la souveraineté devient un problème presque impossible pour le maintien et le renforcement de la stabilité.

Clairement, discuter des critères pour une utilisation des forces externes est extrêmement difficile ; Il est pratiquement impossible de séparer ceci des intérêts des pays en particulier. Cependant, c’est beaucoup plus dangereux quand il n’y a pas d’accords qui soient claires pour tout le monde, lorsqu’aucune condition claire n’est fixée pour une intervention nécessaire et juridique.

Je dois ajouter que les relations internationales doivent être basées sur le droit international, qui lui-même doit reposer sur des principes moraux comme la justice, l’égalité et la vérité. Le respect est peut-être le plus important principe pour nos partenaires et leurs intérêts. C’est est une formule évidente, mais, simplement la suivre pourrait changer radicalement la situation mondiale.

Je suis certain que s’il existe une volonté, nous pouvons restaurer l’efficacité du système des institutions internationales et régionales. On n’a même pas besoin de construire quelque chose de nouveau, à partir de zéro ; Ce n’est rien de nouveau, d’autant plus que les institutions créées après la Seconde Guerre Mondiale sont assez universelles et peuvent être dotées d’un contenu moderne, pour être adéquates afin de gérer la situation actuelle.

C’est vrai pour l’amélioration du travail de l’Organisation des Nations Unies, dont le rôle central est irremplaçable, ainsi que l’OSCE, qui pendant 40 ans, a prouvé être un mécanisme nécessaire pour assurer la sécurité et la coopération dans la région euro-atlantique. Je dois dire que même maintenant, en tentant de résoudre la crise dans le sud-est de l’Ukraine, l’OSCE joue un rôle très important.

À la lumière des changements fondamentaux dans l’environnement international, l’augmentation dans l’incontrôlabilité et les diverses menaces, nous avons besoin d’un nouveau consensus global de forces responsables. Cela ne concerne pas certains traités locaux ou un partage des zones d’influence dans l’esprit de la diplomatie classique, ou la complète domination globale de quelqu’un. Je pense que nous avons besoin d’une nouvelle version de l’interdépendance. Nous ne devrions pas en avoir peur. Au contraire, c’est un bon instrument pour harmoniser les positions.

Ceci est particulièrement pertinent étant donné le renforcement et la croissance de certaines régions de la planète, dont le processus nécessite objectivement l’institutionnalisation de ces nouveaux pôles, créant des organisations régionales puissantes et l’élaboration de règles pour leur interaction. La coopération entre ces centres ajouterait sérieusement à la stabilité de la sécurité et de la politique à l’économie mondiale. Mais, afin d’établir un tel dialogue, nous devons procéder avec la présomption que tous les centres régionaux et les projets d’intégrations autour d’eux, doivent avoir des droits égaux de développement, afin qu’ils se complètent entre eux et que personne ne puisse les forcer dans des conflits où ils  s’opposent artificiellement. De telles actions destructives briseraient les liens entre les états, et les états eux-mêmes seraient assujettis à des périodes extrêmement difficiles, où peut-être même à une totale destruction.

Je tiens à vous rappeler les événements de l’année dernière. Nous avons dit à nos partenaires américains et européens que toute décision irresponsable, par exemple sur l’association de l’Ukraine avec l’Union Européenne, comprenait de sérieux risques pour l’économie. Nous n’avons même rien dit à propos de la politique ; Nous n’avons parlé que de l’économie, en disant que de telles mesures effectuées sans arrangements préalables, peuvent toucher aux intérêts de nombreux autres pays, dont la Russie en tant que principal partenaire commercial de l’Ukraine, et qu’un large débat sur cette question était nécessaire. D’ailleurs, à cet égard, je vous rappelle que, par exemple, les négociations sur l’adhésion de la Russie à l’Organisation Mondiale du Commerce ont duré 19 ans. Ce fut un travail très difficile, et un certain consensus a été atteint.

Pourquoi je vous parle de cela ? Parce que dans la mise en œuvre du projet d’association de l’Ukraine, nos partenaires viendraient vers nous avec leurs biens et services par la porte arrière, pour ainsi dire, et nous ne sommes pas d’accord avec cela, personne ne nous a demandé notre avis. Nous avons eu des discussions sur tous les sujets liés à l’association de l’Ukraine avec l’Union Européenne, des discussions persistantes, mais je tiens à souligner que cela a été fait d’une manière tout à fait civilisée, en indiquant des problèmes possibles et en démontrant un raisonnement et des arguments évidents. Personne ne voulait nous entendre et personne ne voulait parler avec nous. Ils nous ont tout simplement dit: Tout ceci n’est pas vos affaires, point final, fin de la discussion. Au lieu d’un dialogue civilisé et global, tout s’est centré sur un renversement de gouvernement ; Ils ont plongé le pays dans le chaos, dans l’effondrement économique et social, dans une guerre civile avec des pertes énormes.

Pourquoi ? Lorsque j’ai demandé à mes collèges pourquoi ils n’avaient aucune réponse ; Personne ne pouvait dire quelque chose. Tout le monde était perdu et ils disaient tous que c’était comme cela. Ces actions ne devaient pas être encouragées et cela ne devait pas fonctionner. Après tout, l’ancien président de l’Ukraine, Yanukovych, avait tout signé et était d’accord avec tout. Pourquoi ? Quel était le point ? Etait-ce une manière civilisée de résoudre les problèmes ? Apparemment, ceux qui montent ensemble les nouvelles « révolutions colorées » se considèrent vraiment comme des « artistes brillants » et ne peuvent tout simplement pas s’arrêter.

Je suis certain que le travail des associations intégrées et de la coopération des structures régionales doit être construit sur une base transparente et claire ; Le processus de formation de l’Union économique eurasienne est un bon exemple d’une telle transparence. Les états qui font partie de ce projet, informant leurs partenaires de leurs plans à l’avance, et spécifiquement les paramètres de notre association, plus les principes de ses travaux, qui correspondent totalement avec les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce.

J’ajouterai que nous aurions bien accueilli le démarrage d’un dialogue concret entre l’Union Européenne et l’Union Eurasienne. Par ailleurs, ils nous ont presque tout complètement refusé à ce sujet et il est également difficile de comprendre pourquoi ; Qu’y a-t-il de si effrayant à ce sujet ?

Et, bien sûr, avec ce travail conjoint, on pourrait penser que nous devrions nous engager dans un dialogue (j’en ai parlé à de nombreuses reprises et entendu des arguments de plusieurs de nos partenaires occidentaux, du moins en Europe) sur la nécessité de créer un espace commun pour la coopération économique et humanitaire s’étendant de l’Atlantique à l’océan Pacifique.

La Russie a fait son choix. Nos priorités améliorent davantage nos institutions démocratiques et économiques, accélérant le développement interne, en prenant en compte toutes les tendances modernes du monde, et en consolidant la société basée sur les valeurs traditionnelles et le patriotisme.

Nous avons un agenda pacifique et positif orienté sur l’intégration ; Nous travaillons activement avec nos collègues de l’Union Économique Eurasienne, l’Organisation de Coopération de Shanghai, BRICS et d’autres partenaires. Ce programme vise à renforcer les liens entre les gouvernements, pas la dissolution. Nous ne prévoyons pas de concocter des blocs ou de participer à un échange de coups.

Les allégations et les déclarations selon que la Russie essaie d’établir une sorte d’empire, et d’empiéter sur la souveraineté de ses voisins, ne sont pas fondées. Je tiens à souligner que la Russie n’a pas besoin d’une quelconque place spéciale et exclusive dans le monde. Tout en respectant les intérêts des autres, nous voulons tout simplement que nos propres intérêts soient pris en compte et que notre position soit respectée.

Nous somme parfaitement conscients que le monde est entré dans une période de changement et de transformations globales, dans lequel nous avons besoin d’un certain degré d’attention, et pouvoir éviter les étapes inutiles. Dans les années qui ont suivies la guerre froide, les participants aux politiques mondiales ont légèrement perdus ces qualités. Maintenant, nous devons nous les rappeler. Sinon, les espoirs d’un développement stable et pacifique ne seront qu’une illusion dangereuse, alors que la crise d’aujourd’hui servira simplement de prélude à l’effondrement de l’ordre mondial.

Oui, bien sûr, j’ai déjà dit que la construction d’un ordre mondial plus stable est une tâche difficile. Nous parlons d’un travail long et difficile. Nous avons réussi à élaborer des règles pour l’interaction après la Seconde Guerre Mondiale, et nous avons pu parvenir à un accord à Helsinki dans les années 1970. Notre devoir commun est de résoudre ce défi fondamental pendant cette nouvelle étape de développements.

Source : http://cluborlov.blogspot.fi/2014/10/putin-to-western-elites-play-time-is.html?m=1

Traduit par PLEINSFEUX.ORG

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