ARMÉE EUROPÉENNE


Partager avec les autres

L’Allemagne construit une armée européenne directement devant vos yeux.

Par Richard Palmer – Le 11 août 2014 

L’armée néerlandaise est absorbée dans l’armée allemande, et la Pologne pourrait être la prochaine.

L’armée néerlandaise est composée de trois brigades, ainsi que du personnel de soutien et des Forces Spéciales.  Le 12 juin, une de ces brigades, la 11ième aéromobile, a officiellement rejoint l’armée allemande.

C’était la première fois qu’un pays européen remettait une partie de son armée à un autre pays.  « Jamais auparavant un état n’avait renoncé à cette partie élémentaire et intégrante de sa souveraineté », a écrit Thorsten Jungholt, rédacteur politique de Die Welt.

Maintenant, l’Allemagne dit clairement que ce n’était pas un événement isolé.  Au contraire, c’est le modèle que l’Allemagne a l’intention de suivre en absorbant plusieurs unités des forces armées étrangères.  « L’Allemagne est le moteur du projet d’armée européenne », était le titre de l’article de Thorsten Jungholt dans Die Welt.

Élargir l’armée allemande

L’Allemagne poursuit une deuxième brigade néerlandaise.  Le chef d’état-major de l’armée allemande, le lieutenant-général Bruno Kasdorf, a récemment écrit une lettre décrivant les plans pour la future coopération.  « L’intégration de la 43ième brigade mécanisée néerlandaise dans la 1ière division blindée allemande doit être encouragée », écrit-il.  Cela ne laisserait que la 13ième brigade mécanisée comme la seule brigade de l’armée néerlandaise toujours sous commandement néerlandais.

Ce sujet a reçu peu d’attention aux Pays-Bas, mais, réfléchissez bien à ce qui se passe ici.  L’armée néerlandaise comprend aussi les forces spéciales et du personnel de soutien, donc, il n’est pas tout à fait exact de dire que les deux tiers de l’armée néerlandaise seraient sous le contrôle de l’Allemagne, mais, une très grande partie de celle-ci le serait certainement.  Ce n’est pas tout simplement qu’une expérience que d’adhérer du bout des lèvres à l’idée d’une coopération multinationale.  Ce sont les Pays-Bas qui donnent le cœur et le noyau de leur armée à l’Allemagne.

Tout cela s’ajoute à une formation et à une coopération approfondies qui se déroulent déjà entre les deux forces armées.

Kasdorf écrit que l’Allemagne voulait utiliser le modèle néerlandais en coopération avec d’autres nations.  « La coopération bilatérale avec l’Autriche et la Pologne est en train de prendre son élan », écrit-il.

En Autriche, cette coopération est principalement sous la forme d’activités « plus spécifiques à la montagne », poursuit-il, mais, « une coopération plus intense … sous une forme similaire aux Pays-Bas » est à l’étude avec la Pologne.  Les deux pays ont convenu « d’étudier l’échange d’unités/organisations », écrit Kasdorf.

Ces pays pratiquent et s’exercent déjà souvent ensemble.  Pourrions-nous voir des bataillons polonais rejoindre l’armée allemande bientôt ?  L’an dernier, les deux pays ont signé un accord naval pour s’entraîner ensemble et pour coopérer dans la Mer Baltique.  Dans le sillage de la crise ukrainienne, il pourrait y en avoir bientôt beaucoup plus.

Le but ultime

Hans-Peter Bartels,  président de la Commission de la Défense du Parlement Allemand et destinataire de la lettre de Kasdorf, ne laisse aucun doute quant à la destination finale de tous ces ajouts.  « L’heure est finalement venue de prendre des mesures concrètes vers une armée européenne », a-t-il déclaré à Die Welt.

La Ministre de la Défense de l’Allemagne, Ursela von der Leyen, a un objectif similaire. « Aujourd’hui, nous embarquons dans une nouvelle ère d’intégration, » a-t-elle dit lorsque la brigade aéromobile néerlandaise a rejoint officiellement l’armée allemande, en juin.  « Cette coopération se poursuivra et même s’intensifiera.  Notre nouveau partenariat peut également être considéré comme un modèle pour l’Europe et ses politiques communes pour la sécurité et la défense, » a-t-elle annoncé.

Dans sa lettre, le général Kasdorf écrivait que l’Allemagne était un « pilote et un pionnier » quand il s’agit de la coopération internationale entre les forces armées.

Dans le cadre de cet effort, Hans-Peter Bartels a suggéré que l’Allemagne pourrait mettre des soldats allemands sous le commandement d’autres nations.  Cela peut se produire, mais, il y aura des limites.  La constitution de l’Allemagne, et son interprétation ultérieure par la Cour Constitutionnelle, veille à ce que le parlement allemand garde le contrôle ultime de l’armée allemande.

En outre, le travail de la Commission de la Défense qu’Hans-Peter Bartels préside est pour conseiller et examiner, et non pas pour prendre des décisions.  Hans-Peter Bartels est membre du Parti social-démocrate (SDP), pas de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), qui est le principal membre de la coalition.  Les décideurs du Ministère allemand de la Défense n’ont donné aucune indication qu’ils seraient prêts à signer pour qu’une partie de l’armée allemande devienne sous le contrôle d’autres nations.

Forcé par la Russie

Jusqu’à présent, les pressions financières ont incité les voisins de l’Allemagne à solliciter leur coopération militaire.  Ils peuvent atteindre les mêmes objectifs pour moins d’argent en travaillant ensemble.  Mais, l’agression de la Russie en Ukraine suscite une autre poussée.

« Quelque chose est en germination en Allemagne, » a écrit Jan Techau, directeur du groupe de penseurs Carnegie Europe.  « Alors que les Européens méditent sur la nécessité d’une force militaire après l’annexion de la Crimée par la Russie, et que l’OTAN brasse ses cartes pour l’ère post-Afghanistan, le pouvoir central réticent de l’Europe est en train de faire une introspection sérieuse sur son rôle en tant qu’acteur militaire. »

Jan Techau a poursuivi : « Ce processus de réflexion a commencé il y a des années lorsque l’ancien Ministre de la Défense, Karl-Theodor zu Guttenberg, a commencé à mettre les choses au point en appelant la guerre en Afghanistan, une guerre et un soldat tué, des choses qui étaient auparavant tabou.  Mais, maintenant, après ces adaptations linguistiques à la réalité, il semble qu’il se passe un changement plus profond, celui qui pourrait éventuellement conduire à un changement de comportement politique ».

L’Allemagne a envoyé des avions pour aider à patrouiller l’espace aérien des pays baltes et a envoyé un navire pour les forces de l’OTAN dans les Baltiques, ainsi que le doublement du nombre d’officiers dans son personnel du quartier-général multinational dans le Corps du Nord de l’OTAN à Szczecin, en Pologne, de 60 à 120, « permettant ainsi au corps d’augmenter son niveau de préparation d’une manière significative », a écrit Jan Techau.  « Ce quartier-général de l’OTAN est principalement dédié à la défense territoriale, en d’autres mots, plus que toute autre chose, il surveille la Russie. »

« Plus important encore, l’Allemagne a décidé d’intégrer ses forces terrestres dans le régime d’exercices que l’OTAN est en train de mettre en place pour renforcer la présence des troupes de l’alliance sur son flanc est, » écrit-il.  Le régime sera probablement approuvé en septembre et donnerait à l’OTAN une présence constante en Europe Centrale, mais, sans y stationner effectivement des soldats en permanence.

« Il y a quelques mois, Berlin aurait catégoriquement exclu une telle démarche, » a poursuivi Jan Techau.  « Maintenant, l’Allemagne a du se mettre résolument au centre d’un compromis substantiel de l’OTAN qui est dirigé, bien sûr, vers Moscou.  Ce n’est pas une révolution dans la posture militaire de l’Allemagne, mais c’est un progrès substantiel. »

L’Allemagne travaillait déjà sur une armée européenne avant la crise en Ukraine. Maintenant, il y a une nouvelle urgence.

L’Allemagne est encore une fois une grande puissance dans le monde et maintenant, avec l’aide de ses voisins, elle est sur la route pour devenir une grande puissance militaire.  La coopération que l’Allemagne a engagé avec les Pays-Bas pourrait devenir un modèle pour toute l’Europe, et maintenant, c’est avec une urgence accrue fournie par la Russie.

https://www.thetrumpet.com/article/11998.18.0.0/world/military/germany-is-building-a-european-army-before-your-eyes

Traduit par PLEINSFEUX.ORG

Translate »