Une entrevue avec le Pape prouve que l’Église Catholique est impénitente au sujet de ses erreurs passées.
Par Richard Palmer – Le 7 juillet 2014
Le Pape François a fait une série de déclarations surprenantes dans une entrevue avec le magazine espagnol La Vanguardia publié le 9 juin, juste après la tenue de sa réunion de prière très médiatisée avec les dirigeants israéliens et palestiniens. Peu de choses de cette entrevue se sont rendues jusque dans les médias occidentaux.
Les réponses du Pape révèlent une vérité troublante avec le Vatican moderne. Plusieurs fois dans l’entretien, le Pape a été confronté à des secteurs où son église avait fait des erreurs dans le passé. Mais, il ne les a jamais reconnus. Il ne s’est jamais excusé. Dans chaque cas, il a jeté le blâme sur quelqu’un d’autre.
L’exemple le plus spectaculaire a été ses déclarations sur le Pape Pie XII. Avant de devenir pape, le Cardinal Eugenio Pacelli avait formé une alliance politique avec Adolf Hitler, en lui apportant le pouvoir en échange de faveurs spéciales pour l’Église Catholique Romaine. Il est ensuite devenu pape pendant la Seconde Guerre Mondiale.
« Ils ont dit toutes sortes de choses à propos du pauvre Pie XII », a déclaré François. « Mais, nous devons nous rappeler qu’auparavant il était considéré comme le grand défenseur des Juifs. Il en a caché beaucoup dans les couvents de Rome et dans d’autres villes italiennes, et également dans la résidence de Castel Gandolfo. »
« Je ne veux pas dire que Pie XII n’a pas fait d’erreur ; J’en fais moi-même beaucoup ; Mais, nous devons voir son rôle dans le contexte de l’époque, » a-t-il poursuivi. « Par exemple, était-il mieux pour lui de ne pas parler de sorte que moins de Juifs ne soient tués, ou était-il mieux pour lui de parler ? » L’argument de François est qu’en restant silencieux, Pie XII a pu influencer tranquillement les choses dans les coulisses afin de sauver des Juifs. S’il avait parlé, a fait valoir François, Pie XII aurait perdu cette influence et n’aurait donc pas pu sauver ces quelques Juifs.
Puis, est peut-être arrivée la déclaration la plus choquante de toute l’entrevue :
« Je tiens aussi à dire que parfois je deviens « existentiel » quand je vois que tout le monde s’en prend à l’Église et à Pie XII et ils oublient les grandes puissances. Saviez-vous que les alliés connaissaient parfaitement bien le réseau ferroviaire des nazis qui transportait les Juifs vers les camps de concentration ? Ils avaient les photos. Mais, ils n’ont pas bombardé ces voies ferrées. Pourquoi ? Ce serait mieux si nous parlions d’un peu de tout. »
Le Pape Pie XII était, au mieux, neutre dans la Seconde Guerre Mondiale. En octobre 1943, des centaines de Juifs ont été rassemblés à seulement un demi-mile du Vatican. Le pape savait qu’ils étaient là, mais, n’a rien fait. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi, le prêtre catholique Peter Gumpel, un des plus grands défenseurs de Pie XII, a déclaré que s’il s’était impliqué, il aurait peut-être été arrêté. Pie XII n’était pas prêt à risquer l’arrestation pour tenter de sauver des Juifs.
Pendant ce temps, les soldats alliés sont morts par millions. La moitié de tous les aviateurs qui ont rejoint le commandement de bombardiers de la Grande-Bretagne sont morts ou ont été gravement blessés. Sur les 120000 qui ont servi dans le Bomber Command, 56000 ont été tués. Pourtant, le Pape François dit, « Ne dites pas que Pie XII aurait pu faire davantage ; Au lieu de cela, blâmez les Britanniques pour ne pas avoir bombardé les chemins de fer. »
Si quelqu’un d’autre que le pape avait dit quelque chose d’aussi absurde, il aurait été rapidement ramené à la raison. Mais, personne ne veut offenser le chef religieux le plus important du monde ; Donc, à la place, c’est le silence.
Bien sûr, les Alliés n’ont pas fait une guerre parfaite. Il existe de longs débats pour savoir exactement si les Alliés savaient à propos de l’Holocauste et si les bombardements des lignes ferroviaires étaient possibles (ils n’étaient probablement pas possibles parce que difficiles à frapper des airs). Il est facile de s’asseoir en sécurité et de critiquer les décisions militaires prises dans le feu de l’action et sous la menace d’une destruction imminente. Mais, le fait fondamental est le suivant : Les alliés ont combattu Hitler et ont perdu des millions de vies. Pie XII ne l’a pas fait. Il ne voulait même pas prendre le risque d’être arrêté.
Après la guerre, Vatican de Pie XII a supervisé une opération massive pour aider les hauts dignitaires nazis à échapper à la justice par les « chemins des rats ». Ceci est facilement prouvé et l’histoire est communément admise. La Croix-Rouge a présenté ses excuses pour son rôle beaucoup plus petit et moins délibérée pour avoir aidé des dirigeants nazis à s’échapper. Pourtant, le Vatican ignore son histoire et refuse de s’excuser. Et, il travaille pour faire de Pie XII un saint.
Ce même esprit était évident lorsque l’interrogateur a abordé le sujet de l’antisémitisme. « Je pense que c’est très relié, en général, et sans que ce soit une règle fixe, à l’aile droite, » a déclaré François. « L’antisémitisme niche habituellement mieux dans les tendances politiques de la droite que celles de la gauche, n’est-ce-pas ? Et, ça continue toujours aujourd’hui. »
Aucune mention ou excuse pour la longue histoire de l’Église Catholique Romaine d’encouragements de l’antisémitisme. Et, c’est une déclaration aussi totalement déphasée avec les événements en Europe. Le Front National de la France est probablement le parti le plus important de l’Europe associé à l’antisémitisme, pourtant, ses politiques économiques sont beaucoup plus semblables à celles du Pape François qu’à celles du capitalisme de libre marché de la droite. Hitler, l’ultime antisémite, dirigeait le parti national-socialiste. En réalité, l’antisémitisme est un problème pour les personnes à la gauche et à la droite du spectre politique.
Un autre regard choquant sur ces déclarations est venu quand François a parlé des « groupes fondamentalistes » de toutes les religions.
« Un groupe fondamentaliste, même s’il ne tue personne, même s’il ne frappe personne, est violent, » a-t-il dit. « La structure mentale des fondamentalistes est une violence au nom de Dieu. »
Peu importe le fait que le Vatican a une réelle histoire de violences. Au lieu de cela, on se concentre sur les groupes fondamentalistes. Ils ne peuvent pas prêcher la violence. Ils n’ont peut-être jamais fait de mal à personne. Mais, leur « structure mentale » est fondamentalement violente.
Le fondamentalisme est défini par le dictionnaire anglais Oxford comme « une forme de religion, en particulier l’Islam ou le Christianisme Protestant, qui applique les croyances dans une stricte interprétation littérale des Écritures. »
Quelle partie d’une application d’une « interprétation littérale » de la Bible implique de la violence ? Combien de personnes ont été tuées par les fondamentalistes chrétiens ? L’Ancien Testament contient des punitions violentes, mais, celles-ci devaient être appliquées contre les autorités civiles et non contre les individus. Aucun fondamentaliste chrétien n’enseigne que les croyants doivent surveiller et lapider tous les adultères ; Au contraire, ils croient dans les paroles de Jésus-Christ : « Que celui qui est sans péché parmi vous [personne], qu’il jette la première pierre. » Le message clair de la Bible, pour toute personne qui recherche la Parole littérale de Dieu, est celui de la paix.
Mais, le Pape dit que les fondamentalistes sont des personnes violentes. Pendant ce temps, il dirige l’Église qui a commandé les croisades. Pendant des centaines d’années, l’Église Catholique Romaine avait une personne qui était dissidente de sa doctrine de massacres. Au cours des dernières années, il a donné ses bénédictions et ses encouragements aux croates Oustachis, qui ont brutalement tué des Juifs et des Chrétiens Orthodoxes pendant la Deuxième Guerre Mondiale et qui ont soutenu la dictature brutale du général Francisco Franco en Espagne.
Le Vatican n’exprime aucun remords pour ces actions de violences. Pourtant, toute personne qui croit que la Bible est littéralement la Parole de Dieu a une « structure mentale » de violence, selon le Pape.
Personne ne peut contester l’histoire de l’Église Catholique Romaine décrite ci-dessus, ceci peut être trouvé dans de nombreux manuels dans le monde entier et est soutenu par de nombreux documents internes du Vatican. Mais, les partisans de l’église font valoir que de ramener tout ceci à la surface est anti-catholique. L’église a évolué et a changé.
Mais, a-t-elle réellement évolué et changé ? Elle a présenté ses excuses pour très peu de ses actions. Dans la plupart des cas, elle reste silencieuse. Et maintenant, le Pape cherche à détourner l’attention et à jeter le blâme sur les autres. Est-ce que ce sont les actions d’une organisation repentante ?
L’humble personne du Pape François lui permet de dissimuler ces actions. Si le Pape Benoît XVI avait donné la même entrevue, certaines personnes de la gauche auraient au moins donné à ces déclarations la pensée critique qu’elles méritaient. Mais, le Pape François a l’air si bon. Trop de personnes ignorent aujourd’hui les squelettes dans le placard du Vatican ; On pourrait dire qu’ils ne sont pas au courant que l’église possède même des placards. Il n’y a même pas lieu pour eux de remettre ses paroles en question.
L’histoire donne un avertissement clair pour se méfier des paroles et des actions du Pape, ce qui est la raison pour laquelle le Pape cherche à détourner l’attention sur son passé.
Source : https://www.thetrumpet.com/article/11853.2.0.0/religion/pope-rewrites-catholic-history
Traduit par PLEINSFEUX.ORG