Par Nicole Winfield – Le 12 février 2013
CITÉ DU VATICAN (AP) – Il s’agit d’une campagne politique à nulle autre pareille, sans candidats déclarés ou avant-coureurs et un strict tabou contre toute déclaration ouverte en faveur du travail. Mais, la manœuvre est déjà en cours, avec un concurrent africain déclarant qu’il est temps d’avoir un pape du monde en développement; Et, il est libre, si Dieu le veut.
Une journée après que le Pape Benoît XVI ait stupéfié le monde en annonçant sa retraite pour le 28 février, l’Archevêque de Berlin a exhorté la miséricorde pour le vainqueur, étant donné le poids terrible de l’emploi. Le cardinal de Mexico, Norberto Rivera, a demandé des prières pour que le meilleur homme puisse gagner.
Tout ceci fait partie du rituel du choix d’un pape, le mystérieux processus qui se déroule derrière des portes closes à la chapelle Sixtine, où les « princes » de l’Église, les 117 cardinaux de moins de 80 ans, voteront en conclave le mois prochain.
Une fois séquestré, ils votent secrètement jusqu’à ce qu’ils atteignent une majorité des deux tiers et élisent un nouveau leader pour les 1,2 milliard de catholiques dans le monde, en envoyant des signaux de fumée par la cheminée de la chapelle pour dire au monde s’ils ont échoué (noir) ou réussi (blanc).
Dans la période qui précède le conclave, les cardinaux se livrent à une danse délicate, en parlant en termes généraux des qualités d’un futur pape et des problèmes particuliers auxquels l’église est confrontée. Il est rare que quelqu’un donne des noms, et, encore moins lorsque cette personne est un candidat.
Lorsque questionnés, la plupart des cardinaux invoqueront systématiquement le refrain suivant : « Lorsqu’on entre dans un conclave, un cardinal en sort pape. »
Cependant, ces distinguées platitudes publiques contredisent les factions très réelles au sein du collège des cardinaux qui déterminent le résultat du vote.
Simplement parce que les cardinaux portent tous la même soutane rouge et récitent les mêmes prières ne signifie pas qu’ils pensent tous la même chose. Ils ont des visions différentes de ce que l’Église a besoin, différents points de vue sur des questions essentielles et des allégeances différentes : géographiques, sentimentales et théologiques.
Et cette fois-ci, il semble que la géographie soit très à l’avant et au centre, au moins dans le débat public qui était en plein essor mardi, le premier jour de la campagne du conclave.
Un des plus grands espoirs de l’Afrique pour le prochain pape, le Cardinal Peter Turkson du Ghana, a déclaré que le moment était venu pour avoir un pontife en provenance du monde en développement, et qu’il était disponible pour le poste, « si c’est la volonté de Dieu ».
Dans une interview avec l’Associated Press à l’intérieur de ses bureaux du Vatican, Turkson a déclaré que les « jeunes Églises » de l’Afrique et de l’Asie sont désormais assez solides pour produire « des hommes et des prélats matures du clergé qui sont capables d’exercer un leadership aussi dans cette institution mondiale ».
Les catholiques dans le monde en développement n’ont pas besoin d’un pape de leur région pour se développer, a-t-il dit. Ils l’ont fait très bien, avec une croissance exponentielle avec des pontifes européens. Mais, Turkson, qui dirige le bureau de la justice et de la paix du Vatican, a dit qu’un pape de l’hémisphère sud devrait « faire un long chemin pour les renforcer dans leur détermination ».
Cependant, que Turkson ait un œil sur la papauté, est une question ouverte. L’an dernier, il a présenté une vidéo alarmiste lors d’une réunion des évêques du monde entier, mettant en garde contre les incursions de l’Islam en Europe et dans le monde.
Il s’est excusé, mais, la gaffe lui a peut-être coûté une chance à la papauté. Même Radio Vatican a qualifié le film de « campagne de promotion de la peur sur des statistiques de 4 ans » qui a été largement discréditée.
Pour sa part, le cardinal vénézuélien, Jorge Urosa, a dit qu’il espérait que le prochain pape viendrait de l’Amérique latine, où vivent 40 pour cent des catholiques du monde entier.
L’Archevêque de Berlin, le cardinal Rainer Maria Woelki, a déclaré qu’il ne se souciait pas de savoir « s’il serait africain ou asiatique ou latino-américain ou européen. »
Plus important encore, Woelki a dit : « Nous devrions traiter miséricordieusement la personne qui prendra le relais d’un tel bureau, afin de ne pas attendre de lui … peut-être 20, 25 ans ou même plus. »
« Un tel emploi use les gens », a-t-il dit, faisant l’éloge de Benoît XVI qui a créé un précédent moderne en prenant sa retraite comme pape.
Cette évaluation était certainement dans l’esprit du Cardinal Francisco Javier Errazuriz du Chili, qui s’est lui-même placé hors course entièrement. Il a déclaré à Radio Cooperativa du Chili qu’à l’âge de 79 ans, il n’était plus le candidat papal qu’il était en 2005.
« À l’époque, j’étais président de la Conférence des évêques de l’Amérique latine. Il était normal que parmi les noms de l’Amérique Latine, le nom du président de cette institution soit présent », a-t-il dit. « Mais, je suis aujourd’hui cardinal émérite et j’ai un autre chemin devant moi. »
Rivera, le cardinal mexicain, a adopté un ton humble similaire, en demandant des prières de tous les fidèles « afin que le Saint-Esprit nous aide à choisir le meilleur candidat pour guider l’Église ».
Il est à noter qu’avec le simple fait de parler en public, les cardinaux peuvent voir disparaître leurs chances, ce qui peut être leur intention, étant donné que la papauté est une tâche que peu recherchent activement. Mais, dans le monde d’aujourd’hui dirigé par les médias, où les cardinaux et même le pape tweete, garder le silence n’est pas une option, au moins jusqu’à ce que les cardinaux entrent dans les murs de la Chapelle Sixtine.
Après cela, ce qui se passe dans la Chapelle Sixtine reste dans la Chapelle Sixtine. Toute violation du code du secret dans un conclave signifie l’excommunication.
Le Révérend Thomas Reese, qui a écrit au sujet du processus du conclave dans son livre de 1996, « À l’intérieur du Vatican », a déclaré que les cardinaux recherchaient trois choses chez un candidat à la papauté.
« Quelqu’un qui a les mêmes valeurs et les mêmes visions de l’Église que la leur … Quelqu’un avec qui ils ont une relation positive. Ils veulent tous quelqu’un comme pape qui est leur ami et qui va les écouter … Et quelqu’un qui fonctionnera très bien, dans leur propre pays, ou au moins qui ne les mettra pas dans l’embarras. »
Dans un courriel, Reese a dit que les cardinaux américains, par exemple, veulent un pape qui comprend la crise des abus sexuels dans l’Église. Un cardinal d’un pays musulman, a-t-il ajouté, ne voudrait pas d’un pape qui a dit des choses provocantes sur l’Islam.
Compte tenu de ces exigences, il est naturel qu’il y ait un débat dans la période qui a précédé le conclave, et à l’écart une fois qu’il est en cours.
« Ce n’est pas comme une élection américaine avec des discours de nomination », a déclaré Christopher Bellitto, un historien de l’Église à l’Université Kean dans le New Jersey. Une fois que le conclave a commencé, tout ce qu’ils font, c’est voter, donc, tout le battage politique se déroule au cours du dîner, de l’espresso et des cigarettes. »
Bellitto dit que ce conclave sera unique parce que les cardinaux ne ressentent pas la nécessité de s’abstenir de discuter de leurs choix avant les rencontres. Dans le passé, de telles discussions étaient considérées comme inconvenantes avec l’approche de la mort du pape, comme pendant la longue maladie débilitante du Pape Jean-Paul II.
Mais, avec la résignation annoncée de Benoît XVI, il y a peu de raison de ne pas commencer les négociations tout de suite, a-t-il dit.
« Maintenant, ils ont un préavis de deux semaines, plus de temps qu’il n’en faut pour que les cardinaux commencent à parler, » a-t-il dit. « Peut-être qu’ils vont parler plus ouvertement entre eux. »
De peur que quelqu’un puisse oublier, théologiquement parlant, le Saint-Esprit a un rôle à jouer dans le processus. Le choix d’un pape n’est pas seulement un processus humain, mais, un processus divin.
Benoît a abordé ce point dans une entrevue en 1997 avec la télévision bavaroise, quand il était toujours le cardinal Joseph Ratzinger et le théologien en chef du Vatican.
Le Saint-Esprit, a-t-il dit, ne choisit pas réellement le pape, car « il y a trop de cas contraires de papes que le Saint-Esprit ne choisirait évidemment pas. »
« Je dirais que l’esprit ne prend pas nécessairement le contrôle de l’affaire, mais plutôt, comme un bon éducateur, pour ainsi dire, il nous laisse beaucoup d’espace, beaucoup de liberté, sans nous abandonner entièrement. »
Dans les remarques qui ont été reproduites dans le livre « Conclave » par le vétéran analyste du Vatican, John Allen Jr., le futur pape a poursuivit : « Ainsi le rôle de l’esprit doit être compris dans un sens beaucoup plus élastique, non pas qu’il dicte le candidat pour lequel une personne doit voter. Probablement que la seule assurance qu’il propose, c’est que la chose ne peut pas être totalement altérée. »
http://apnews.myway.com/article/20130213/DA4DE73O0.html
Traduit par PLEINSFEUX.ORG