Kippour, Jonas et Azazel


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Publié le 26 septembre 2025 par Pasteur Gerald FRUHINSHOLZ

“Kippour est l’un des événements spirituels les plus forts, dans la Bible. C’est le Jour le plus saint pour le peuple juif. Le prophète Jonas, le bouc Azazel, ont à nous apprendre sur ce temps d’expiation, de compassion et de restauration.”

Yom Kippour est le jour le plus saint de l’année juive et a lieu le 10e jour de Tishri, premier mois de l’année civile juive, et 7e mois de l’année biblique. 10 jours après le coup de Shofar de « la Fête des trompettes », après les sli’hot, ce temps de repentance nationale, le peuple juif en Israël et dans les nations s’apprête à célébrer ce Jour spécial où toute vie s’arrête. Littéralement appelé Yom Hakippourim – le jour des expiations, ce jour est également appelé le Jour du Grand Pardon, un jour particulièrement saint du

judaïsme. Nous verrons combien ce jour de Kippour est lié à la Grâce et la compassion divine, offrant le pardon et la restauration de l’Alliance.

1. Origine biblique

Kippour a été la réponse de Dieu face au péché et à la faute du peuple. Après le don de la Torah au Sinaï (Shavouot), Israël est tombé dans l’idolâtrie, celle du Veau d’or. 3000 hommes ont péri (Ex 32 :28). Moïse brisa alors les tables de la Loi (Moïse passera 3 fois 40 jours sur le Sinaï). Selon la tradition juive, Moïse est redescendu avec les secondes tables le 10 Tishri, jour qui deviendra Yom Kippour, le jour où Dieu pardonnera au peuple et renouvellera l’Alliance. Moïse intercéda auprès de Dieu (Ex 34 :9) : « Seigneur, c’est un peuple au cou raide, pardonne nos iniquités et nos péchés, prends-nous pour Toi ». Et Dieu déclara Sa compassion et offrit le pardon.

La guerre de Kippour en 1973, tout comme les événements du 7 octobre 2023, mettent en lumière une réalité spirituelle profonde : la fragilité de l’Alliance quand elle est menacée par le péché et l’idolâtrie, mais aussi la grâce de Kippour qui demeure un signe de pardon et de restauration.

En 1973, la guerre a éclaté peu après l’immense victoire de 1967, lorsque certains en Israël ont pu se sentir invincibles. Ce temps a rappelé que la véritable sécurité du peuple d’Israël ne repose pas sur ses propres forces, mais sur la fidélité de l’Éternel. 

Le 7 octobre 2023, l’attaque est survenue exactement 50 ans après la guerre de Kippour (=jubilé). Le festival Nova, célébré le jour de Sim’hat Torah, a été marqué par des réjouissances au milieu de symboles étrangers à la foi d’Israël, rappelant l’épisode du veau d’or. Dans un climat où la vigilance spirituelle semblait s’être affaiblie, une attaque d’une extrême violence a frappé le pays. Nous devons comprendre que cette dernière guerre a quelque chose de spécial : elle possède une dimension planétaire. 

2. Le Propitiatoire et la Grâce

Kippour ou yom hakippourim, vient du verbe kapar, d’où le mot Kaporeth désignant le Propitiatoire, le couvercle de l’Arche de l’Alliance. Là, entre les Chérubins, résidait la Shekhinah. C’est là aussi où le Souverain sacrificateur déposait, une fois par an, le sang d’un holocauste, pour obtenir la faveur de l’Eternel. Et Dieu faisait grâce. Alléluia !

Le Propitiatoire est considéré comme le trône de la Miséricorde. Du temps de Moïse, la Shekhinah – la Présence glorieuse de Dieu – illuminait tout le Tabernacle, et les enfants d’Israël pouvaient la contempler. 

3. Jonas lu à Kippour

La lecture de Jonas à Yom Kippour n’est pas un hasard. Elle rappelle que le pardon est possible même pour Ninive, une ville païenne. 

Le texte hébreu précise que Jonas s’endort profondément dans la cale du navire. Le mot utilisé renvoie à une forme de sommeil lourd, qui rappelle le terme tardema dont Paul se sert en citant Ésaïe (Romains 11 :8) pour parler d’un « esprit d’assoupissement », une incapacité à discerner pleinement la vérité de l’Évangile (Ésaïe 6 :9-13). Pour Jonas, ce sommeil peut évoquer une sorte de torpeur, image d’un long exil où Israël paraît comme mis en pause dans sa mission envers les nations.

4. Kippour et Azazel

Dans Lévitique 16, avec Aaron le souverain sacrificateur, nous avons l’histoire des deux boucs.

Le premier bouc est égorgé : il préfigure Christ dans sa mort expiatoire, satisfaisant pleinement aux exigences de la sainteté et de la justice de Dieu exprimée par la Loi (Rom 3 :24). 

Le bouc « pour Azazel » est envoyé au loin, dans le désert, chargé des fautes du peuple. Le mot Azazel a plusieurs sens : on peut le traduire comme bouc envoyé, ou celui qui erre, d’où l’expression « le Juif errant ou bouc émissaire»

Dans une lecture prophétique, le bouc envoyé au désert peut être vu comme une image d’Israël, « portant les fautes », dispersé et errant parmi les nations. Contrairement au bouc sacrifié, il reste vivant et garde une dimension prophétique : Israël demeure le peuple qui porte la mémoire de l’Alliance, le « peuple théophore », porteur de Dieu. 

Jonas et le bouc d’Azazel peuvent ainsi être compris comme deux figures d’Israël durant le long exil, avant son réveil, pour redevenir lumière pour les nations. Entre ces deux images se trouve Kippour, rappelé par les « trois jours de Jonas » dans le ventre du poisson (Matthieu 12 :40).

5. Souverain Sacrificateur et Roi

Alors que Pessa’h met l’accent sur le peuple délivré, Kippour met la lumière sur le Souverain Sacrificateur portant sur lui le Pectoral des tribus d’Israël.

N’est-ce pas le temps où le Seigneur de gloire sortira de Son Temple céleste (Lév 16 :18) pour se révéler à Son peuple ? C’est notre prière. Alors retentira sa parole (Jean 20 :19, 21) : « Shalom ‘alekhem… la paix soit sur vous » – signe du pardon accordé ! Réjouissons-nous déjà dans l’espérance. Cet accomplissement ne concernera pas seulement Israël, mais toute l’humanité. Comme Ninive à l’appel de Jonas, les nations pourront encore répondre à la grâce de Dieu. Restons attentifs aux temps prophétiques et gardons Israël dans nos prières, car les jours sont courts…

AMEN

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