Le pape Léon XIII a-t-il raison de dire que soutenir la peine de mort n’est pas être « pro-vie » ?


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Par le personnel de PNW  –  le 2 octobre 2025

Les déclarations du pape Léon XIV cette semaine sur la peine de mort ont amené de nombreuses personnes à s’interroger sur leur opinion sur ce sujet, notamment à la lumière du fait que le meurtrier présumé de Charlie Kirk pourrait être condamné à mort. Dans une interview rapportée par EWTN News, il a déclaré : « Quelqu’un qui affirme être contre l’avortement tout en affirmant être pour la peine de mort n’est pas vraiment pro-vie.» Il a ensuite étendu le même raisonnement à la politique d’immigration, suggérant que ceux qui soutiennent le « traitement inhumain » des immigrants aux États-Unis ne peuvent pas véritablement se prétendre pro-vie.

C’est une affirmation audacieuse, mais est-elle exacte ? Ou, plus important encore, est-elle biblique ?

Pour de nombreux chrétiens, les propos du pape Léon XIII soulèvent de sérieuses questions quant à la définition du terme « pro-vie ». Être pro-vie est-il simplement synonyme d’opposition à l’avortement, ou implique-t-il l’adhésion à un programme politique et théologique beaucoup plus large ? Et que se passe-t-il lorsque l’Écriture elle-même établit des distinctions claires entre la protection de la vie innocente, le respect de la justice et la préservation de l’intégrité nationale ?

Les propos du pape sont non seulement controversés, mais ils risquent aussi d’être malhonnêtes sur le plan théologique et intellectuel. Voici pourquoi.

1. L’avortement et la peine de mort ne sont pas la même catégorie morale

Le premier problème, et le plus évident, est la fausse équivalence. L’avortement ôte toujours délibérément la vie à un enfant innocent créé à l’image de Dieu. En revanche, la peine de mort, telle que la Bible la comprend, est l’exécution d’une personne coupable de crimes graves comme le meurtre. Confondre les deux revient à brouiller une frontière que Dieu lui-même trace dans les Écritures.

Genèse 9:6 est clair : « Quiconque verse le sang humain, par des hommes son sang sera versé ; car Dieu a créé l’homme à son image. » Ici, le caractère sacré de la vie est précisément la raison pour laquelle la peine capitale est imposée. Prendre la vie d’un innocent est si grave qu’il exige la responsabilité ultime.

Le raisonnement du pape Léon XIII donne l’impression que les chrétiens qui défendent la peine capitale sont hypocrites. Or, c’est tout le contraire : s’opposer à l’avortement et soutenir la peine de mort n’est pas de l’hypocrisie, mais de la cohérence. L’un protège les innocents, l’autre punit les coupables.

2. Les Écritures affirment systématiquement le droit des gouvernements à faire respecter la justice

Romains 13:4 le dit clairement : « Car celui qui a l’autorité est au service de Dieu pour votre bien. Mais si vous commettez le mal, craignez ; car les magistrats ne portent pas l’épée en vain ; ils sont au service de Dieu, des instruments de colère pour punir ceux qui commettent le mal. »

De la Genèse au Nouveau Testament, l’autorité civile se voit confier l’épée précisément pour maintenir l’ordre et la justice. L’apôtre Paul n’abolit pas le principe de la peine capitale ; il l’affirme plutôt comme faisant partie du projet divin pour les gouvernements d’un monde déchu.

Les chrétiens peuvent débattre de la manière et du moment d’appliquer la peine de mort, mais prétendre que son soutien n’est pas « pro-vie » revient à ignorer le poids de l’enseignement biblique. La justice, la miséricorde et le caractère sacré de la vie ne sont pas contradictoires ; elles sont indissociables dans la Parole de Dieu.

3. La question des exécutions injustifiées

L’un des arguments les plus convaincants contre la peine de mort est le risque d’erreur judiciaire. C’est une réalité qui donne à réfléchir, et les chrétiens devraient la prendre au sérieux. Les Écritures condamnent les faux témoins et les erreurs judiciaires (Deutéronome 19:15-21).

Il convient toutefois de noter que l’abus de justice n’invalide pas le principe même de justice. Nous n’abolissons pas les tribunaux parce qu’ils commettent parfois des erreurs. Au contraire, nous améliorons les procédures, exigeons des normes de preuve plus strictes et œuvrons pour garantir l’équité. La possibilité d’erreurs appelle à la prudence, et non au rejet du cadre moral clair de Dieu.

4. Immigration et «traitements inhumains»

Le pape a également critiqué ce qu’il appelle le « traitement inhumain » des immigrants aux États-Unis, liant cette situation au même débat pro-vie. Mais là encore, la comparaison tombe à l’eau.

Premièrement, le contrôle de l’immigration n’est pas inhumain par définition. Lorsque des personnes se trouvent illégalement dans un pays, le gouvernement a le devoir divin de faire respecter la loi. Nombre d’expulsions ne concernent pas des familles en quête d’une vie meilleure, mais des criminels endurcis, notamment des délinquants violents, des trafiquants de drogue et même des prédateurs d’enfants. Est-il « inhumain » de protéger les citoyens de tels dangers ? Ou cela fait-il partie, en réalité, de la défense de la vie ?

Deuxièmement, l’expression même de « traitement inhumain » est rarement définie. S’agit-il simplement de faire respecter la loi ? De détenir des criminels ? De traiter les demandes d’asile de manière ordonnée ? Ou le pape assimile-t-il le concept même de contrôle de l’immigration à de la cruauté ? Si tel est le cas, sa critique est déplacée.

Les chrétiens devraient effectivement s’opposer aux véritables mauvais traitements infligés aux immigrants : les abus, la négligence ou le déni de la dignité humaine fondamentale sont répréhensibles. Mais il existe une grande différence entre la maltraitance et l’application de la loi. Accueillir l’étranger (Lévitique 19:34) ne signifie pas abolir la justice ni abandonner l’ordre. Une société qui refuse de faire respecter la loi manque de compassion ; elle crée un chaos qui, à terme, nuit aussi bien aux citoyens qu’aux immigrants.

5. Miséricorde, justice et rôle de l’Église

Bien sûr, un autre argument est souvent avancé : Jésus lui-même s’est opposé à la peine de mort lorsqu’il a empêché la lapidation de la femme adultère dans Jean 8. Mais attention : Jésus n’a pas nié la légitimité de la loi; il a dénoncé l’hypocrisie de ses accusateurs. La leçon à tirer n’était pas que la peine capitale est intrinsèquement injuste, mais que les cœurs humains ont tendance à en abuser.

Le rôle de l’Église est de prêcher l’Évangile du pardon, d’appeler les pécheurs à la repentance et d’exercer la miséricorde lorsque cela est possible. Le rôle de l’État, en revanche, est de faire respecter la justice. Les chrétiens sont appelés à soutenir à la fois la miséricorde et la justice sans en confondre les limites.

6. Une comparaison théologiquement malhonnête

Les propos du pape Léon XIII tentent de regrouper tous les enjeux sociaux sous une seule définition générique du « pro-vie ». Or, les Écritures ne traitent pas l’avortement, la peine capitale et l’immigration comme des questions morales équivalentes. L’avortement est le meurtre direct d’un innocent – un acte toujours répréhensible. La peine de mort est une forme de justice contre les coupables – permise et même ordonnée par Dieu dans certains cas. Les politiques d’immigration, y compris l’expulsion des criminels, relèvent de la compétence des gouvernements chargés de l’ordre et de la protection.

Affirmer qu’un chrétien doit s’opposer à ces trois principes pour être véritablement pro-vie n’est pas seulement une mauvaise théologie ; c’est un raisonnement erroné. Cela brise les catégories, brouille les distinctions morales et risque de saper la crédibilité de la cause pro-vie en l’associant à tous les débats politiques.

7. Être pro-vie signifie défendre la vie innocente

Le cœur du mouvement pro-vie a toujours été la défense des enfants à naître innocents, privés de voix et de défense. Soutenir la peine de mort pour les meurtriers ou appliquer les lois sur l’immigration aux délinquants violents ne constitue pas un déni de cette éthique ; c’est, au contraire, une extension de la valeur accordée à la justice, à l’ordre et à la protection des innocents.

Les chrétiens devraient rejeter le faux choix présenté par le pape Léon XIII. On peut s’opposer farouchement à l’avortement, soutenir l’autorité divine de l’État pour punir les malfaiteurs et exiger un traitement légal des immigrants, tout en étant résolument pro-vie. La véritable incohérence ne vient pas de ceux qui maintiennent ces distinctions, mais de ceux qui les brouillent au nom de la rhétorique politique.

Être pro-vie ne signifie pas nier la justice. Il s’agit d’affirmer le caractère sacré de la vie innocente, de défendre la vérité et de refuser tout compromis avec une culture qui dévalorise la vie et la loi. Sur ce fondement, le témoignage chrétien doit rester clair et sans concession.

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