Au Nigéria, Boko Haram inflige aux civils une « terreur de masse »


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Églises détruites, villages pillés, bâtiments gouvernementaux attaqués et écoles fermées, le bilan de Boko Haram est lourd de conséquences pour le Nigéria.

Le Nigéria a détrôné l’Inde à la tête des pays qui comptent le plus de personnes extrêmement pauvres. Selon Africa News, il est devenu la « capitale mondiale de l’extrême pauvreté ». 1 nigérian sur 2 vit dans l’extrême pauvreté : 86,5 millions. En cause, une mauvaise répartition des richesses, des conflits inter-communautaires et la lutte contre Boko Haram.

C’est en 2002 que Mohammad Yussuf, premier leader de Boko Haram, commence à lutter contre l’occidentalisation. Selon ce groupe, l’état nigérian délaisse le nord, majoritairement musulman, au profit du sud, majoritairement chrétien. Boko Haram a été révélé à la communauté internationale quand il a enlevé 276 lycéennes en 2014. Le #BrinckBackOurGirls avait fédéré le monde entier. Aujourd’hui, Boko Haram est divisé en 2 sections, l’une a prêté allégeance à l’État Islamique, l’autre est dirigée par Abubakar Shekau, successeur de Mohammed Yussuf. Le bilan de Boko Haram est lourd : Depuis 2009, on compte 27 000 personnes tuées et près de 2 millions de déplacés.

Une population pillée

Quand un groupe armé arrive dans un village, la tragédie se répète : tirs, attaques à la machette, pillages des vivres et du bétail, incendie. Les images satellites révèlent le carnage. Le 31 octobre, 2 villages et un centre d’accueil ont été attaqués, faisant 12 à 15 morts. Le centre abritait un millier de déplacés. Ils ont dû fuir à nouveau. Le 20 octobre, 12 agriculteurs ont été assassinés à coup de machettes alors qu’ils travaillaient dans leur champ. À l’arrivée du groupe armé ils ont tenté de fuir, mais ont été rattrapés. Boko Haram accuse généralement les agriculteurs et les exploitants forestiers de transmettre des informations à l’armée.

Un rapport américain fait état de la hausse de la « violence entre les éleveurs majoritairement musulmans et les agriculteurs majoritairement chrétiens ».

« Boko Haram a détruit d’innombrables églises, maisons et bâtiments gouvernementaux dans des attaques et a fermé par la force de nombreuses écoles. »

Attaques des bases militaires

La lutte contre Boko Haram fait des bases militaires une des cibles prioritaires. Durant le week-end du 17 et 18 novembre, 3 bases militaires ont été attaquées. 44 soldats sont morts. Un officier militaire resté anonyme raconte :

« Nos troupes ont complètement été mises en déroute et les terroristes se sont emparés de la base après de longs combats. »

Une autre source révèle qu’il s’agit là d’une des « pires pertes » en terme d’hommes et d’équipement. Si le soutien de l’aviation militaire a permis de contrôler à nouveau les bases, les armes ont été pillées par les hommes de Boko Haram.

Enrôlement des enfants

Les enfants sont les premières victimes de ce groupe armé. Les fillettes sont enlevées, abusées sexuellement, mariées de force et converties de force à l’islam, par les hommes de Boko Haram. Filles et garçons sont utilisés lors des attentats-suicides dans les villages.

Mais à Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, 1469 enfants sont également enrôlés dans la milice civile. Ils fournissent des renseignements, assistent les miliciens lors des patrouilles nocturnes ou dans les points de contrôle. Selon l’UNICEF, près de 9000 enfants auraient été relâchés des mains de différents groupes armés au Nigéria.

L’ONU fait état de 3900 enfants tués, 7300 blessés dans le nord-est du Nigéria de 2013 à 2016.

Vers une baisse de l’influence de Boko Haram ?

Alors que l’armée nigériane affirme avoir tué le chef d’une faction clé de Boko Haram, des informations font état d’une baisse de l’influence de Boko Haram. Mais si pour certains, il ne reste que des « vestiges du groupe », on ne peut que déplorer l’augmentation des attaques dans le nord-est de l’État de Borno.

Le rôle de l’église nigériane

Ilia Djadi, responsable du bureau Afrique de World Watch Monitor, parle lui de l’histoire du « quotidien » :

« Le gouvernement nigérian continue de prétendre avoir techniquement vaincu Boko Haram, mais ce qui se passe presque quotidiennement sur le terrain raconte une histoire différente. Boko Haram est toujours actif et Boko Haram est toujours capable de mener des attaques à grande échelle – attaquer des civils, mais également des installations militaires dans le nord du Nigéria et dans les pays voisins; à savoir le Niger, le Cameroun et le Tchad. »

Alors que les chrétiens sont particulièrement visés, l’église locale place l’évangile comme un espoir :

« Nous devons soutenir les églises et les rendre capables de s’attaquer à la cause profonde de cette pauvreté en créant des écoles, des installations de santé et des projets de développement afin que les enfants puissent aller à l’école [et] aller à l’université, et après l’université, pour trouver un emploi. C’est ce qui manque. C’est ce qui est nécessaire. Et c’est ce que font les églises: combler le vide. »

La rédaction

Image : FlickrCC / Global Panorama

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