CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ


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Pourquoi Henry Kissinger est-il toujours libre comme l’air ?

Par Andy Piascik – Le 19 mai 2016

Il y a deux mois, des centaines de milliers de chiliens marquaient sombrement le 40ème anniversaire de l’événement terroriste du 11 septembre de leur nation. C’est à cette date, en 1973, que l’armée chilienne, armée d’un approvisionnement généreux de financements et d’armes par les États-Unis et aidé de la CIA et d’autres coopératifs, a renversé le gouvernement élu démocratiquement du socialiste modéré Salvador Allende.  Seize années de répressions, de tortures et de morts ont suivies sous le fasciste Augusto Pinochet, tandis que le flux considérables de bénéfices pour les multinationales américaines, IT&T, Anaconda Copper et les autres semblables, a repris. Les bénéfices, ainsi que l’inquiétude que des personnes dans d’autres pays pourraient avoir la même idée au sujet de leur indépendance, ont été la principale raison pour le coup d’état et même les mouvements partiels vers la nationalisation institués par Allende ne pouvaient pas être tolérés par la classe d’affaires des États-Unis.

Henry Kissinger était conseillé à la sécurité nationale et un des architectes de principe, peut-être le seul architecte, pour le coup d’état au Chili.  Les coups d’état provoqués par les États-Unis n’étaient rien de nouveau en 1973, certainement pas en Amérique latine, et Henry Kissinger et son patron Richard Nixon ne faisaient qu’exploiter une tradition violente qui s’est étendue tout au long du 20ème siècle et qui s’est poursuivit dans le 21ème, par exemple, au Venezuela en 2002 (échec) et au Honduras en 2009 (succès).  Lorsque c’est possible, comme au Guatemala en 1954 et au Brésil en 1964, les coups d’état sont la méthode préférée pour faire face à des insurrections populaires.  Dans d’autres cas, une invasion directe par les forces américaines, comme ce qui s’est produit à de nombreuses reprises au Nicaragua, en République Dominicaine et dans beaucoup d’autres endroits, était l’option privilégiée.

Le coup d’état à Santiago s’est produit alors que l’agression américaine en Indochine diminuait finalement après plus de dix ans.  De 1969 à 1973, c’était encore Henry Kissinger, avec Richard Nixon, qui a supervisé le massacre au Vietnam, au Cambodge et au Laos.  Il est impossible de savoir avec précision combien de personnes ont été tuées durant ces quatre années ; Toutes les victimes étaient considérées comme des ennemis, y compris la grande majorité qui était des non-combattants, et les États-Unis n’étaient jamais très intéressés dans le nombre de morts des ennemis.  Les estimations des Indochinois tués par les États-Unis pendant la guerre dans son ensemble commencent à 4 millions, et ils sont probablement plus, peut-être même beaucoup plus.  Ainsi, il peut être  extrapolé raisonnablement que probablement plus d’un million, et certainement des centaines de milliers, ont été tués tandis qu’Henry Kissinger et Richard Nixon étaient au pouvoir.

En outre, il y a le nombre incalculable d’Indochinois morts dans les années qui ont suivies à cause des effets des doses massives de l’Agent Orange et d’autres armes chimiques de Destruction Massives déclenchées par les États-Unis. Beaucoup d’entre nous connaissons (ou savons que) des soldats ont souffert de l’exposition à ces produits chimiques ; Multiplier leur nombre par 1.000 ou 10.000 ou 50.000, encore une fois, il est impossible de savoir avec exactitude, et nous pouvons commencer à comprendre l’impact sur ceux qui y vivent et sur la terre qui était alors complètement empoisonnée à cause des politiques des États-Unis.

Des études menées par divers organismes, y compris l’Organisation des Nations Unies, indiquent qu’au moins 25.000 personnes sont mortes en Indochine depuis la fin de la guerre à cause des bombes américaines non explosées qui emplissent la campagne, avec un nombre équivalent de mutilés.  Comme avec l’Agent Orange, les décès et les vies ruinées par de telles explosions continuent à ce jour. Donc, 40 ans plus tard, la guerre continue littéralement pour la population de l’Indochine, et, il est probable qu’elle va continuer pendant de nombreuses autres décennies.

Vers la fin de son temps au bureau, Henry Kissinger, et son nouveau patron Gerald Ford, avait pré-approuvé l’invasion du Timor Oriental par le dictateur indonésien Suharto, en 1975, une action illégale d’agression, encore une fois, réalisée avec des armes fabriquées et fournies par les États-Unis.  Suharto a eu une longue histoire comme collecteur pour les intérêts commerciaux américains ; Il est monté au pouvoir dans un coup d’état de 1965, également avec l’appui décisif et des armes de Washington et a entrepris un long règne de terreur dans lequel les forces de sécurité et l’armée ont tué plus d’un million de personnes (Amnesty International, qui parle rarement des crimes de l’impérialisme américain, met le nombre à 1,5 millions).

En plus de fournir l’appui essentiel sur le terrain, Henry Kissinger et Gerald Ford ont bloqué les efforts déployés par la communauté internationale pour mettre fin à l’effusion de sang lorsque le terrible niveau de la violence indonésienne est devenu connu, quelque chose dont l’ambassadeur à l’ONU, Daniel Patrick Moynihan, s’est ouvertement vanté.  Encore une fois, le principe directeur de l’empire, qu’Henry Kissinger et ses semblables acceptent aussi naturellement que la respiration, est que l’indépendance ne peut pas être autorisée.  Cela est vrai même pour un pays aussi petit que le Timor Oriental où les opportunités d’investissement sont faibles, parce que l’indépendance est contagieuse et peut se propager à des endroits où il y a beaucoup plus en jeu, comme l’Indonésie riche en ressources.  Lorsque l’occupation indonésienne a finalement pris fin en 1999, 200.000 Timorais, 30 pour cent de la population, ont été effacés.  Tel est l’héritage d’Henry Kissinger et cet héritage est bien compris par les résidents des pays du sud, quel que soit le déni, l’ignorance ou l’obscurcissement de l’intelligentsia, ici, aux États-Unis.

Si les États-Unis veulent toujours devenir une société démocratique, et si nous voulons entrer dans la communauté internationale comme une nation responsable prête à travailler pour la paix au lieu de la guerre, à favoriser la coopération et l’entraide plutôt que la domination, nous devons tenir compte des crimes de ceux qui prétendent agir en notre nom, comme Kissinger.  Notre indignation devant les crimes de ces voyous meurtriers qui sont officiellement nos ennemis, comme Pol Pot, ne suffit pas.  Une cabale de faux-dirigeants américains à partir de Kennedy a causé beaucoup plus de morts indochinois que les Khmers Rouges après tout, et les responsables doivent être jugés et traités en conséquence.

L’urgence de la tâche est soulignée par les agressions américaines qui prolifèrent à un rythme alarmant.  Des millions de personnes à travers le monde, notamment dans une Amérique Latine revigorée, travaillent pour mettre fin à «la  force fait la loi » par laquelle les États-Unis ont vécu depuis leur création.  Les 99 pour cent d’entre nous qui n’ont aucun intérêt pour l’empire feraient bien de se joindre à eux.

Il y a récemment des signes encourageants en ce sens, avec le succès de la prévention d’une attaque américaine contre la Syrie particulièrement remarquable.  En outre, les individus de différents niveaux dans l’empire ont vu leurs vies perturbées à différents degrés.  David Petraeus, par exemple, a été harcelé par des manifestants depuis qu’il a été embauché par le CUNY plus tôt cette année pour enseigner un cours de spécialisation ; En 2010, Dick Cheney a dû annuler un voyage prévu au Canada parce que la clameur de son arrestation était devenue très forte ; Longtemps après la fin de son règne, Pinochet a été arrêté sur l’ordre d’un magistrat espagnol pour des violations des droits humains et maintenu en Angleterre pendant 18 mois avant d’être libéré en raison de problèmes de santé ; Et, plus tôt cette année, Efrain Rios Montt, un des anciens hommes de main de Washington au Guatemala, a été reconnu coupable de génocide, bien que ses complices, toujours au pouvoir, soient depuis intervenus en sa faveur pour faire obstacle à la justice.

Plus de pression est nécessaire, et les alliés des États-Unis engagés dans ces crimes de guerre, comme Paul Kagame, devraient être traités comme Pinochet l’a été.  Ce qui est peut-être encore plus important, pour ceux qui sont toujours aux États-Unis, c’est que nous pourchassons Rumsfeld, les deux Clinton, Rice, Albright et Powell, pour ne nommer que quelques-uns, pour leurs crimes contre l’humanité chaque fois qu’ils se montrent en public, comme Petraeus l’a été. Cela vaut en particulier pour nos deux plus récents Commandants-en-Chef, nos plus récents criminels de guerre, George W. Bush et Barack Obama.

Source : Global Research

Traduit par PLEINSFEUX.ORG

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