La plus honteuse farce de l’histoire des États-Unis


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Le bouc-émissaire de Dallas.

Le 22 novembre 1963, à 12 h 29, le président John Fitzgerald Kennedy était assassiné en pleine rue à Dallas.

Le 24 novembre 1963, à 11 h 23, son assassin présumé, Lee Harvey Oswald, était assassiné d’un seul coup de feu tiré à bout portant par un certain Jack Ruby.

Lee Harvey Oswald mourut comme il avait vécu, ahuri, ne comprenant pas, bien que croyant comprendre. Car Oswald n’avait tué personne, ni le président des États-Unis, ni l’agent de police de Dallas, J.D. Tippitt, Oswald mourut sans avoir eu le temps de comprendre l’extraordinaire rôle de tout premier plan qu’on lui avait fait jouer dans l’histoire des États-Unis.

Dans les heures qui suivirent la mort de leur président, des dizaines de millions de téléspectateurs horrifiés et fascinés virent ainsi un homme en tuer un autre, car la mort d’Oswald avait été filmée. Ils furent surpris, car cela ressemblait peu aux tueries de cinéma.

Mais pour ceux qui savent ce que c’est que de donner ou de recevoir ainsi la mort foudroyante, une certitude éclatait aussitôt: Il ne s’agissait pas d’un meurtre, mais bel et bien d’une exécution !

Alors, un peu partout dans le monde, les spécialistes se firent de nouveau projeter ce film, puis les autres bandes où figurait Lee Harvey Oswald. Il y en avait trois ou quatre sans importance: Passages dans des couloirs encombrés de policiers et de journalistes dans une indescriptible bousculade. Mais il y en avait aussi deux très importantes : Celle de sa mort et celle de la prétendue conférence de presse à laquelle la police avait coupé court.

Oswald ne fut jamais officiellement accusé de l’assassinat de Kennedy.

A cette conférence de presse interrompue, sans doute parce qu’il parlait déjà trop, Oswald avait eu le temps de dire :

« Eh bien! J’ai été interrogé par le juge Johnston. Au cours de ce très court interrogatoire, je me suis contenté de protester que l’on ne m’avait pas encore permis d’avoir un défenseur. Je ne sais pas du tout de quoi il retourne. Personne ne m’a rien dit, sinon que je suis accusé d’avoir tué un policeman. Je ne sais rien d’autre et je demande un défenseur. »

« Avez-vous tué le président ? » demanda un des journalistes présents.

« Non. Et je ne suis pas accusé de cela, rétorqua Oswald. En fait, personne ne m’en a encore parlé officiellement. Des journalistes dans le hall me posèrent cette même question. »

A ce moment, la police emmena le suspect non encore interrogé et non encore accusé. Pour tout Américain ou pour tout Anglais, les accents d’Oswald ne trompaient pas: Ou bien il était le plus grand acteur des temps modernes, ou bien il était innocent et complètement ahuri.

Pour ceux qui savaient la vérité sur l’assassinat de Kennedy, il n’y avait plus de doute : Avec un avocat, Oswald prouverait son innocence très rapidement ; Même s’il y avait procès, aucune des preuves accumulées contre lui ne résisterait et il serait acquitté. II fallait donc qu’il disparaisse, et vite ! En fait il n’aurait jamais dû être pris vivant et ces quelques heures de survie qui lui permirent de faire naître un doute, sinon de prouver son innocence sans même l’avoir clamée, furent si lourdes de menaces, si gênantes, qu’il fallut trouver quelque chose pour rassurer l’opinion, alors que tout aurait été classé s’il avait été abattu lors de son arrestation.

A la demande du président Johnson, le Chief Justice, juge suprême de la plus haute cour des États-Unis, accepta, après un premier refus, de présider une commission d’enquête et il se mit aussitôt au travail. Alors que l’homme de la rue, satisfait, était persuadé que cette commission irait au fond des choses, ne laisserait rien au hasard pour faire toute la lumière, la commission s’était peu à peu fixé un but assez différent: Celui de « réduire les choses à leurs justes proportions » et de « calmer les esprits » en établissant définitivement que Lee Harvey Oswald était bien l’assassin du président Kennedy, qu’il n’avait pas eu de complices, que c’était bien le geste d’un illuminé, donc qu’il n’y avait pas eu de complot !

Deux ans après, la Commission Warren accoucha d’un rapport et d’une montagne de documents entassés en vingt-six volumes. La presse eut un ou deux jours pour les rédiger et les commenter; Elle dut se contenter des grandes lignes. Le rapport fut toutefois mis en vente aux États-Unis, avec les vingt-six volumes. La vente atteignit à peine huit cents exemplaires. Et sur les huit cents acquéreurs, il est probable que bien peu ont eu et la volonté et la patience, non seulement de tout lire, mais d’étudier, de comparer, de décortiquer. Certains, pourtant, l’ont fait. Qu’ont-ils découvert ? Un rapport qui se veut exact et précis dans les moindres détails, n’affirmant jamais que la vérité mais, hélas, pas toutes les vérités, procédé déjà ancien et connu du temps de Machiavel.

Mais à force d’étudier, de comparer, de revoir documents, d’interrogatoires incomplets, ceux qui ont véritablement étudié à fond le rapport Warren y trouvent une tout autre vérité, ou plutôt deux vérités. La première est qu’il y eut bel et bien complot et que le président Kennedy est mort sous les balles non pas d’un, mais de plusieurs tueurs. La deuxième, qui découle inévitablement de la première, est qu’Oswald est innocent de tous les crimes dont on l’accuse, tant de l’assassinat du président Kennedy que du meurtre de l’agent Tippitt.

Est-il nécessaire de dire que l’on savait tout cela dans certains milieux aux États-Unis et, bien entendu, dans les principaux services de renseignements du monde entier ?

A Londres, on sait que Kennedy a été tué par trois tireurs d’élite.

A Londres, bien avant que la Commission Warren commence ses travaux, le Foreign Office reçut un rapport très court de deux feuillets et demi de ce qu’il est convenu d’appeler en France, l’Intelligence Service. C’était l’essentiel d’un rapport d’une vingtaine de pages. Scotland Yard qui s’intéresse toujours aux tueurs et à leurs méthodes, reçut un rapport beaucoup plus détaillé sur les points purement techniques de l’opération. Une copie fut classée dans les dossiers métalliques toujours secrets et que l’on ne peut consulter qu’à deux; Une autre, avec certaines photos d’identité, fut remise à l’Aliens Department, service des étrangers, qui conserva les photos et rendit le rapport.

Ce rapport en deux parties contenait toutes les précisions sur l’attentat qui avait coûté la vie au président Kennedy avec, en détail, la façon dont l’opération avait été montée. Alors que près de deux années plus tard, la Commission Warren devait conclure à la seule culpabilité de Lee Harvey Oswald, ce rapport précisait que le président avait été abattu par le tir conjugué de trois tireurs d’élite.

La toute première balle, tirée de face, atteignit le président en pleine gorge. Presque aussitôt une deuxième, tirée de derrière, probablement de la fenêtre où Oswald était sensé avoir tiré, le frappa à l’épaule droite, à la base du cou et à quelques centimètres de la colonne vertébrale. Voulant doubler son coup, le même tireur atteignit alors le gouverneur du Texas, John Connally, qui se trouvait assis devant le président Kennedy. Cette balle traversa le corps du gouverneur Connally, lui brisa le poignet et, déviée, alla s’enfoncer dans la cuisse gauche.

Une quatrième balle, tirée d’un petit remblai, effleura le crâne du président et alla ricocher et se désintégrer au bord d’un trottoir. Donné presque à la même fraction de seconde, mais cette fois de la gauche, par le tireur qui avait logé la première balle, le coup de grâce atteignit Kennedy à la tempe gauche et ressortit en fracassant la tempe droite, enlevant un morceau de boîte crânienne de près de dix centimètres de diamètre.

Ces balles, tirées par trois armes différentes, une carabine et deux fusils Mauser de haute précision, avaient été spécialement refaites en un alliage de plomb et d’argent, sans capot de cuivre, pour qu’elles finissent par se désintégrer et qu’en aucun cas, elles ne puissent être récupérées par la suite. C’est pourquoi les chirurgiens ne trouvèrent que des traces de métal, mais aucune balle.

Une balle, cependant, fut trouvée sur un des brancards roulants qui avaient servi à conduire le président et le gouverneur en salle d’opération. Elle avait été placée là par un homme qui l’avait en poche depuis la veille et qui travaillait à l’hôpital.

Très vite après l’attentat, les policiers trouvaient l’arme du crime, une carabine Mannlicher-Carcano N° C 2 766, de 6,5 mm, équipée d’une lunette télescopique de fabrication japonaise. Près de la fenêtre du sixième étage du School Book Depositary Building, une bibliothèque scolaire, les policiers ramassèrent trois douilles. Peu après, Lee Harvey Oswald, qui travaillait dans ce dépôt, était activement recherché. A peu près au même moment, un homme habillé comme Oswald, à un détail près, et lui ressemblant étrangement, abattait, dans un autre quartier de la ville, un policier motorisé puis, tout en s’éloignant sans se presser, vidait le barillet de son revolver et laissait bien en évidence au bord du trottoir les quatre douilles correspondant aux quatre coups qu’il avait tirés pour tuer le policier.

Un peu plus tard, la police convergeait sur un cinéma de Jefferson Boulevard, le Texas Theatre, où Oswald avait été signalé. Tout avait bien marché jusque-là et chaque coup de feu, chaque détail prévu par les conspirateurs avait été exécuté avec précision et à la seconde près. Malheureusement, ce fut un policier courageux et innocent qui pénétra le premier dans le cinéma. Au lieu d’abattre Oswald à vue, comme l’auraient sans doute fait la majorité de ses collègues, il se contenta de se ruer sur lui, de le désarmer et de l’arrêter vivant ! Les douilles des balles qui avaient tué le policier Tippitt correspondaient bien à l’arme qu’il portait sur lui. Cependant les difficultés allaient commencer.

Ici, remontons dans le temps, au tout début de l’affaire, un peu plus d’une année avant l’assassinat du président Kennedy.

La mort du président fut décidée en 1962, dans un hôtel du Missouri.

Au printemps de 1962, un petit groupe d’hommes venus de différents coins des États-Unis et se composant de représentants de commerce, d’un secrétaire de politicien sans envergure, et de deux policiers privés, se retrouva dans un hôtel de Saint Louis dans le Missouri. Ils n’étaient à vrai dire que les porte-paroles d’autres personnes, dont une au moins très connue. La mort du président John Fitzgerald Kennedy avait été décidée et ils avaient pour mission, après avoir tous changé d’emploi et même, pour certains, de ville, d’organiser l’exécution. Elle serait parfaitement comprise de certains milieux, mais il fallait aussi qu’elle soit réalisée de telle façon que, pour l’homme de la rue, elle paraisse l’œuvre d’étrangers ou d’un illuminé. Le petit groupe réuni à Saint Louis devait donc monter l’opération.

Deux « experts», deux anciens d’un service de renseignements, opinèrent pour l’illuminé plutôt que pour l’étranger. Une fois trouvé, il serait manœuvré, mis en situation de bouc émissaire et, d’avance, toutes les pistes et toutes les preuves convergeraient vers lui. Une fois le coup réussi ou manqué, les organisateurs s’arrangeraient pour disparaître tandis que la police se ruerait sur la victime bien au point. L’un des experts, qui était californien, proposa comme bouc émissaire un certain restaurateur chinois de Los Angeles, connu pour ses opinions curieuses et aussi pour son adresse au tir, adresse qui lui avait permis de survivre un soir à la visite d’un racketter connu qui, lui, en était mort. Mais l’autre expert et les autres personnes présentes à la réunion de Saint Louis votèrent contre. Loin d’être fou ou illuminé, le restaurateur n’était pas homme à se laisser facilement manœuvrer et, de plus, les milieux chinois de San Francisco et de Los Angeles qui ont leurs propres services de renseignements tout au long des côtes californiennes, auraient vite eu vent de quelque chose: Or il ne le fallait à aucun prix. Et c’est ainsi que le deuxième candidat fut Lee Harvey Oswald, une tête de bois, un insatisfait plus ou moins raté, qui avait eu des démêlés avec la justice dans sa jeunesse et, plus tard, avec le FBI et la CIA. Car il était parti en URSS avec l’intention de renier sa nationalité américaine. Une fois derrière le rideau de fer, il s’était aperçu que le communisme n’était pas tout à fait ce qu’il avait rêvé et, après avoir épousé une jolie fille du pays, il avait tout simplement demandé à rentrer au bercail. Il se disait toujours marxiste, mais marxiste non léniniste, ou marxiste trotskiste et il s’occupait vaguement d’un FairPlay for Cuba Committee, une association pro-cubaine, ce qui permettait de le classer comme anti-Kennedy. Enfin, avant son départ pour l’URSS, il avait servi un certain temps dans les Marines comme Fusilier Marin Américain où il avait appris le maniement des armes et fait beaucoup de tir ; Il avait même passé un test de « bon tireur ». II habitait tout près de Dallas, un très bon endroit pour une telle affaire, mais, même si elle devait se dérouler autre part, il serait facile, une fois Oswald bien en main, de le déplacer au moment voulu. Oswald fut donc adopté à l’unanimité et les experts se mirent aussitôt au travail.

Lee et Marina Oswald vivaient à Irving, une petite ville à une vingtaine de kilomètres de Dallas. Oswald, qui allait de place en place, travaillait alors dans une maison d’appareils photographiques. II fut renvoyé sous prétexte que ses connaissances en photographie étaient insuffisantes. Il ne fut nullement surpris, quelques jours après son licenciement, de recevoir la visite d’un agent qu’il considéra comme ceux du FBI qui, depuis son retour de Russie, venaient régulièrement bavarder avec lui, parfois pendant des heures entières. Le nouvel agent qui vint le voir savait qu’il avait perdu sa place et s’offrit pour lui en trouver une autre. A son retour aux États-Unis, de bon gré ou non, Oswald avait dû faire certaines concessions, et le « nouveau » savait qu’il servait parfois de boîte à lettres et peut-être même d’indicateur pour un certain service américain qui s’intéressait beaucoup à certaines allées et venues entre le Mexique et les États- Unis. L’homme proposa à Oswald une augmentation de l’allocation qu’il recevait chaque mois sous forme de billets de cinq dollars, tout au moins en attendant de lui trouver une autre place. Enfin, pour ne pas être vu trop souvent à Irving, il conseilla à Oswald de louer une boîte postale où il passerait de temps à autre pour le cas où il aurait à lui communiquer des instructions.

Pendant un an, un mystérieux individu donna des instructions à Oswald.

C’est ainsi que le 9 octobre 1962, Oswald loua la boîte postale N° 2 915, à Dallas. Puis, son visiteur lui demanda un jour si, le cas échéant, il pourrait se faire adresser son courrier sous un autre nom et Oswald se souvint d’un certain Hidell qu’il avait connu dans les Marines et dont il avait gardé une carte.

Le 20 mars 1963, Klein’s Sporting Goods, un magasin d’articles de sport de Chicago, reçut une commande d’un certain Monsieur A. Hidell pour une carabine italienne provenant de surplus de guerre qui était revendue très bon marché et équipée d’un viseur télescopique. Comme la commande était accompagnée d’un mandat de 21,45 dollars, environ 95 francs, la carabine fut expédiée à monsieur Hidell, Boîte Postale 2 915, à Dallas. Le bon de commande et le mandat étaient de l’écriture d’Oswald.

Le même jour, George Rose & Co., Inc., armuriers de Los Angeles, reçurent une commande et un mandat de 29,45 dollars, environ 130 francs, pour un revolver Special 38 Smith & Wesson. Le tout fut expédié à monsieur A.J. Hidell, Boîte Postale 2 915, à Dallas, Texas. Là encore, bon de commande et mandat étaient de l’écriture d’Oswald.

Au début de mai, le visiteur d’Oswald lui fit savoir que la boîte postale ne lui serait plus nécessaire. Oswald l’abandonna donc le 14 mai. Le même jour, elle fut reprise, cette fois au nom de A.J. Hidell. Il ne fallait pas qu’elle soit trop difficile à retrouver plus tard.

C’est alors que parut à Dallas et dans les environs, un autre Oswald, un faux Oswald qui se fit remarquer dans les stands de tir et qui tirait bien, surtout à la carabine. Il fut trop zélé et se fit un peu trop remarquer. Tous les témoins sont formels, cet Oswald-là n’était pas Lee Harvey Oswald. Le rapport Warren en fait état en passant, mais il est curieux de voir comme la Commission évita toute question et toute recherche de ce mystérieux Oswald. Un peu plus tard, lorsque les détails de la visite du président Kennedy à Dallas furent connus, les préparatifs se précisèrent. En l’absence d’Oswald, Marina, sa femme russe, reçut la visite d’agents qui l’interrogèrent durement. Il fallait la mettre en condition pour le jour où, alors qu’elle serait devenue veuve, on aurait besoin de son témoignage, et il fallait que ce témoignage fût tel qu’on le désirerait, car il serait primordial pour apporter les dernières touches à l’accusation contre Oswald.

En octobre, lorsque furent mis au point les détails précis de la visite présidentielle, un léger changement de parcours, qui ne fut pas communiqué à la presse, fut décidé. Aucun membre de la Commission Warren ne semble s’être demandé pourquoi.

Ce changement amenait précisément la voiture présidentielle à faire un léger crochet et à passer à l’ouest de la bibliothèque scolaire où travaillait maintenant Oswald. I1 y aurait donc relativement peu de monde sur cette partie du parcours qui présentait tous les accidents de terrain favorables à un bon placement des tireurs et qui se trouvait tout à côté d’une gare de triage de chemin de fer où stationnaient et circulaient continuellement de nombreux trains de marchandises, procurant donc un parfait terrain de retraite pour les tueurs.

Ceux qui « manipulaient » Oswald avaient prévu qu’il serait tué.

Pour Oswald, il fallait prévoir une fin rapide, afin que, officiellement tout au moins, l’affaire soit close et classée le plus vite possible. Mieux que le suicide, l’idéal eût été qu’il fût abattu par la police au moment de son arrestation et, pour les « experts », cela ne devait pas poser un bien grand problème. Il suffisait qu’Oswald soit armé et, surtout, qu’il résiste. Pour plus de sûreté, cependant, on décida de sacrifier un agent de police qu’Oswald aurait abattu de sa propre main alors qu’il fuyait après l’attentat. Ainsi, les policiers lancés à ses trousses auraient toutes les raisons pour l’abattre à vue : Venger leur camarade lâchement assassiné et éviter qu’il ne tue de nouveau en tirant le premier !

Toute l’opération faillit être décommandée, et le cas était prévu à l’arrivée du président Kennedy à l’aérodrome de Love Field. Après une pluie battante, le soleil venait juste de sortir. Comme il pouvait y avoir d’autres averses, la voiture présidentielle était recouverte de son dôme de plexiglas qui, tout en protégeant Kennedy des intempéries, permettait à tout le monde de bien le voir. Mais le dôme avait aussi l’inconvénient majeur d’être prévu pour résister aux balles ! Ce fut Kennedy lui-même qui signa son arrêt de mort définitif en exigeant que le dôme soit enlevé pour qu’il puisse être mieux vu.

Et tout se passa comme prévu, bien que pas du tout comme le laisse supposer le rapport Warren puisque cinq balles au lieu de trois furent tirées et que les tireurs furent au nombre de trois. Ce que ne révèle pas non plus le rapport Warren est la façon dont, bien avant l’heure H, Oswald fut littéralement télécommandé.

Au moment précis de l’attentat, alors que la fameuse carabine Mannlicher-Carcano, dont le viseur télescopique était si mal monté qu’il était impossible de faire mouche, était mise en place et que trois douilles percutées par elles étaient déposées à proximité de la fameuse fenêtre, Oswald à la cantine de l’immeuble mangeait un sandwich au poulet et buvait un Coca-Cola. A noter qu’il n’y eut que trois douilles parce que les tireurs ne devaient tirer chacun qu’une seule fois. Mais, croyant avoir manqué, ils tirèrent cinq fois en tout.

Oswald ayant mangé du sandwich au poulet, des reliefs d’un sandwich semblable furent mis sur le rebord de la fameuse fenêtre, détail qui fut pratiquement passé sous silence par le rapport Warren puisqu’il n’y eut pas d’autopsie immédiate du corps d’Oswald, comme on l’espérait.

Oswald n’avait pas même fini son Coca lorsque quelqu’un vint le trouver, peut-être l’agent qu’il connaissait. On venait de tirer sur le président Kennedy au moment où il passait. Mieux valait qu’Oswald parte tranquillement car, connaissant son passé, la police de Dallas, qui allait certainement fouiller tous les immeubles du voisinage, ne manquerait pas de l’arrêter comme suspect. Oswald écouta sagement ces conseils ou peut-être même ces ordres. Vu tout ce qui pourrait se passer dans les heures à venir, il valait mieux qu’il soit armé car on aurait peut-être besoin de ses services et l’agent lui remit un Specia138 Smith & Wesson. Oswald ignorait, et pour cause, que cette arme était celle qu’il avait commandée sans le savoir et que le percuteur était limé de façon particulière: Même s’il tirait, la cartouche dans le canon ne serait pas percutée.

Oswald n’était pas même coupable du meurtre du policier Tippitt.

Pendant ce temps, les douilles de quatre balles tirées par ce revolver avant que le percuteur ne soit limé se trouvaient dans le barillet d’un autre Special 38 que portait le tueur qui allait se charger d’assassiner un agent de police. Ce tueur avait sur lui un deuxième revolver dont il se servirait pour son forfait.

Sauf la Commission Warren qui acceptait tout ce qui pouvait servir sa thèse, tous ceux qui ont tant soit peu étudié les rapports de police et les mouvements d’Oswald se sont toujours demandé pourquoi, en sortant sans encombre de l’immeuble où il était employé, il était parti à pied dans la direction contraire à sa destination. Tout devient clair lorsqu’on sait qu’il était télécommandé de façon à se trouver à certains endroits à certaines heures. On peut donc penser que c’est sur ordre qu’il marcha d’abord dans la mauvaise direction, puis qu’il prit un bus qui n’avançait pas et, enfin, pour rattraper le temps qu’il avait perdu sur l’horaire qui lui avait été imparti, un taxi. Et c’est sans doute aussi parce qu’on le lui avait ordonné de se rendre au Texas Theatre, point probable de rencontre pour recevoir de nouvelles instructions.

Donc, vers 13 h, heure convenue, un homme ressemblant à Oswald, habillé comme lui à un détail près, s’approcha de la voiture de l’agent de police Tippitt qui se trouvait à un coin de rue où il avait reçu ordre de se rendre. L’homme parla à l’agent qui sortit de sa voiture et en fit le tour, et comme il passait devant le capot, l’homme tira à bout portant, quatre fois. Puis s’éloignant tranquillement, il ressortit un revolver de sa poche, mais pas celui avec lequel il avait tiré, et vida quatre douilles du barillet qu’il laissa tomber, bien en vue, au bord du trottoir. C’étaient celles percutées par le revolver qu’Oswald avait à ce moment sur lui. Mystérieusement alertée, la police convergea sur le cinéma où Oswald était arrivé. Là, contrairement à ce que l’on avait espéré, un policier à qui on avait désigné Oswald s’approcha de lui; Il demanda les papiers des spectateurs du rang devant lui puis, arrivé à la hauteur d’Oswald, il se retourna brusquement et se saisit de lui. Y eut-il lutte ? On ne sait trop. Toujours est-il qu’Oswald sortit du cinéma avec les menottes aux mains, le visage meurtri, mais bien vivant !

Les experts espérèrent un moment que tout s’arrangerait, mais lorsque, au lieu d’un imbécile ahuri, ils virent Oswald se défendre intelligemment en demandant très haut un défenseur de son choix, on comprit qu’il devenait un danger certain. Il fallait y parer et, pour cela, il s’agissait de le faire taire, à tout jamais… et vite !

Bob Kennedy et le président Johnson s’accordèrent pour un silence provisoire.

On sait comment Jack Ruby pénétra sans difficulté aucune dans l’immeuble en état de siège d’où Oswald était sur le point d’être transféré à la prison de l’État et, ensuite, comment il fut tué d’une seule balle tandis que les policiers qui étaient sensés le protéger le tenaient, bras écartés, bien offert à l’estocade.

Enfin le président Kennedy était mort et bien mort. Le gouverneur Connally survivrait à ses blessures, mais cela était sans importance. L’assassin désigné, Lee Harvey Oswald, était, lui aussi, enfin mort et bien mort. L’agent Tippitt était mort et bien mort, au champ d’honneur et en service commandé ! Le patriote vengeur, Ruby, heureux d’avoir lavé l’honneur du Texas, déjà en prison, attendait les compliments et sa libération prochaine. Les experts pouvaient alors espérer que l’affaire allait enfin être classée et bien classée puisque, déjà, pour la grande presse américaine, donc pour le grand public, tout allait bien. Hélas ! Ce furent d’abord les correspondants étrangers, puis les journalistes étrangers, accourus de tous les coins du monde qui, les premiers, semblèrent se rendre compte que tout n’était pas « milk and honey », (lait et miel), comme on dit là-bas. Et, très vite, des rumeurs se mirent à courir. C’est alors que le nouveau président et certains membres du gouvernement, dont Robert Kennedy, frère de l’ex-président, et Ministre de la Justice, se réunirent en secret. Il fallait à tout prix, vu la situation politique extérieure, éviter le « danger certain de troubles qui, une fois déchaînés, pourraient vite aller jusqu’à la guerre civile ! » Bob Kennedy hésita et accepta finalement la solution proposée sous condition que les comptes avec les assassins de son frère seraient quand même réglés dans un avenir proche.

Le lendemain, le juge Earl Warren fut convoqué et refusa tout net de présider une commission d’enquête; Il savait très exactement à quoi s’en tenir et, surtout, tout ce qu’il risquait de dévoiler au lieu « d’enterrer ». Mais le président Johnson insista et, bien que très occupé, le juge Warren accepta finalement de diriger la commission de loin et de temps à autre, car il n’assista qu’à bien peu de ses réunions.

La commission d’enquête ne cherchait qu’à prouver la culpabilité d’Oswald

Alors commença une des plus belles et aussi, on doit le dire, une des plus honteuses farces de l’histoire des États-Unis. Alors que la commission d’enquête avait carte blanche et les pleins pouvoirs pour mener sa tâche à bien, qu’elle pouvait nommer ses propres enquêteurs, entendre qui bon lui semblait, se faire ouvrir toutes les portes, tous les placards, tous les coffres, elle se contenta d’utiliser les seuls rapports et les seuls services des organismes existants, c’est-à-dire la police du Texas, qui avait surtout besoin de se blanchir, le FBI, Federal Bureau of Investigation, et le principal service américain de contre-espionnage, la CIA, Central Intelligence Agency ou service de renseignements, et le Secret Service, police spéciale qui assure surtout la sécurité des personnalités.

A commencer par la police, et à de rares exceptions vite réprimées, tous ces organismes s’efforcèrent surtout d’accumuler toutes les preuves possibles, imaginables et inimaginables, de la culpabilité d’Oswald. De son côté, au cours de ses interrogatoires et de ses études et enquêtes, la Commission faisait l’impossible pour ne trouver que trois coups de feu, puisqu’il n’y avait que trois douilles à la fameuse fenêtre, et que, de toute façon, il aurait été matériellement impossible à Oswald d’en tirer plus en si peu de temps. C’était là un point essentiel, car si, par malheur, on trouvait trace de plus de trois coups de feu, tout le beau château de cartes s’écroulait. Plus de trois coups de feu, cela voulait dire plus d’un tireur, donc, plus d’un assassin, donc complot !

Une des grosses difficultés rencontrées par la Commission, peut-être la plus grosse, fut celle du rapport des médecins et des chirurgiens qui avaient tenté de ranimer le président Kennedy et soigné le gouverneur Connally et de ceux qui avaient pratiqué l’autopsie de Kennedy un peu plus tard. Il ne s’agissait plus de témoins susceptibles de n’avoir pas bien vu ou entendu, essayant de se remémorer quelques secondes d’action foudroyante, mais de praticiens calmes, pondérés, connaissant parfaitement bien leur métier et ayant eu tout leur temps de voir et d’examiner les victimes et leurs blessures. Cette difficulté fut contournée d’une façon très simple en définitive: On décida, pour gagner du temps, que les témoins interrogés par la commission d’enquête ne répondraient qu’aux questions posées et ne donneraient leur opinion que dans le cadre de ces questions. Ceux qui posaient les questions étaient tous des avocats ayant une grande expérience, et comme il n’y avait pas d’opposition sous forme de défense, pas de juge arbitre pour objecter ou poser d’autres questions, la Commission s’en tira sans trop de mal et réussit à faire admettre, ou plutôt à imposer, son point de vue et ses conclusions.

Quant aux rapports d’autopsie, ce fut une autre affaire. Il y avait là non seulement des rapports catégoriques mais aussi des radiographies et des photos, en noir et en couleur, du corps du président défunt, avant et pendant l’autopsie.

Les radiographies du corps de Kennedy ont mystérieusement disparu.

Il y eut de longs conciliabules avec les médecins et chirurgiens qui avaient pratiqué l’autopsie et, en fin de compte, à la suite d’un nouveau rapport d’autopsie, un seul d’entre eux fut convoqué. Les photos ? Elles disparurent purement et simplement et furent remplacées par des dessins faits d’après les détails fournis par un seul médecin !
Pour les autres témoins, c’était beaucoup plus facile; Il suffisait de faire le tri, de questionner ceux qui semblaient les plus valables, c’est-à-dire les plus utiles à la thèse voulue. Lorsque çà arrivait, que les témoins ne s’exprimaient pas tout à fait dans le sens désiré, la Commission déclarait qu’ils n’avaient pas bonne mémoire ou qu’ils n’étaient pas des témoins sûrs et, comme ce fut souvent le cas, décidait de ne citer que la partie utile de leur témoignage !

Quant à Marina Oswald, le témoin sans doute le plus important pour la Commission, elle joua assez bien son rôle. Elle s’empêtra bien une ou deux fois, mais il y avait toujours quelqu’un pour venir à son secours au bon moment. Ainsi, elle certifia qu’elle avait pris la photo d’Oswald tenant la fameuse carabine et portant le fameux revolver Smith & Messon, photo qui avait été montrée par la police à Oswald. Celui-ci avait souri en déclarant que c’était un montage. Ainsi, de rapport en rapport, de témoin en témoin, pendant des semaines et des mois, la Commission accumula vingt-six volumes de textes de toutes sortes et put conclure que seul Oswald était l’assassin du président Kennedy, qu’il n’avait tiré que trois fois, qu’il n’avait pas eu de complice et qu’il n’y avait pas eu de complot. En d’autres termes, le gouvernement acceptait de jouer le jeu imposé par les assassins en reconnaissant officiellement leur bouc émissaire. Le public était rassuré, pour combien de temps ?

Qui était derrière le complot ? C’est assez évident, semble-t-il.

Ce fut, avant tout, une affaire purement « intérieure » qui risquait, en effet, de provoquer des troubles graves et même sanglants. Ce fut une folie inutile puisque, même réussi, l’assassinat du président Kennedy ne donna aucun résultat appréciable; La politique raciale du gouvernement ne fut en rien changée, et bien qu’un président sudiste ait pris la place, il ne put ou ne voulut en rien modifier la politique de son prédécesseur.

Bob Kennedy avait accepté le pieux mensonge pour le pays, puis l’odieuse farce du rapport Warren, mais sous certaines conditions, car il entendait bien que les véritables tueurs de son frère soient châtiés d’une manière ou d’une autre. Lorsque, plus tard, il rappela cette condition, il se trouva rapidement écarté du gouvernement. Bien entendu, il n’est pas de ceux qui abandonnent pour si peu et on sent très bien que, tôt ou tard, il reviendra pour frapper, non seulement à la base, les petits, les « experts », les tueurs, dont un a déjà payé, soit dit en passant, mais aussi pour frapper haut, très haut… à moins, qu’entre-temps, il ne périsse dans un quelconque accident de la route ou d’avion.

http://www.artivision.fr/docs/mystifications.html

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