PAR LE PERSONNEL DE PNW – le 5 juin 2025
Cela se produit discrètement, mais rapidement. Les garçons ne se contentent pas de prendre du retard : ils disparaissent dans un désert numérique. Pas physiquement, bien sûr. Mais émotionnellement, socialement et spirituellement, beaucoup d’entre eux s’éloignent, se réfugiant dans un monde organisé de jeux vidéo, de pornographie en ligne, de défilement sans fin et d’interactions synthétiques. Et le monde réel ? Il devient, à leurs yeux, trop douloureux, trop déroutant et trop inutile pour s’y engager.
1. Les chiffres sont révélateurs et alarmants.
Au Royaume-Uni, plus de 900.000 jeunes de 16 à 24 ans ne sont ni scolarisés, ni employés, ni en formation (NEET). Près d’un demi-million d’entre eux sont des hommes. Plus inquiétant encore : l’inactivité économique des jeunes hommes NEET – ceux qui ne cherchent même pas d’emploi – a bondi de 48 % depuis la pandémie. Ce chiffre a augmenté de moins de 10 % pour les jeunes femmes. Ce n’est pas un simple incident de parcours. C’est un signal d’alarme.
Selon une étude américaine de 2017, le nombre d’heures de travail des jeunes hommes est en baisse constante depuis 2000, en grande partie à cause du temps consacré aux « activités informatiques récréatives ». Autrement dit, aux jeux vidéo. Et aujourd’hui, dans un monde post-pandémique où les appareils dominent l’éducation, les loisirs et même les interactions humaines, cet effondrement s’accélère.
2. Une génération piégée dans des boucles
« Je perds toute ma journée à regarder du porno et à naviguer sur Facebook », a écrit un homme de 22 ans sur Quora. « Que devrais-je faire de plus productif pendant mon temps libre ? »
Cet appel à l’aide n’est pas rare, il est représentatif. Des jeunes hommes des pays développés confessent en ligne se sentir isolés, dépendants, démotivés et désespérés. Sur Reddit, un jeune homme de 29 ans avoue être sans emploi et accro à la pornographie depuis l’âge de 12 ans. « Je n’ai aucune motivation pour faire quoi que ce soit », écrit-il.
Beaucoup savent déjà ce dont ils ont besoin : un emploi, un but, des relations concrètes. Mais sans espoir, ils se contentent de distractions. Sans orientation, ils se tournent vers des mondes numériques qui simulent la réussite sans rien offrir. Et sans intervention, ils deviendront une génération perdue.
3. Porno, jeux et abîme numérique
Les preuves s’accumulent : les garçons d’aujourd’hui sont plus exposés – et plus dépendants – que jamais auparavant.
Un rapport du Centre pour la justice sociale révèle que 25 % des hommes âgés de 18 à 29 ans regardent de la pornographie tous les jours ou presque, contre seulement 2 % des femmes. Par ailleurs, environ 90 % des patients du Centre national britannique pour les troubles du jeu vidéo sont des hommes. Il ne s’agit pas seulement de temps passé devant un écran. Il s’agit d’identité, de santé mentale et de la manière dont la technologie transforme l’expérience masculine.
Même l’éducation évolue. Les enseignants signalent que certains élèves, certains âgés de 11 ou 12 ans seulement, accordent plus d’importance aux « relations avec les forums » qu’aux amitiés réelles. Ils sont plongés dans des chambres d’écho et des fantasmes, façonnant leur vision du monde autour d’influenceurs comme Andrew Tate, troisième personne la plus recherchée sur Google au monde en 2023.
Ce changement modifie la perception qu’ont les garçons de la réalité, du travail, des femmes et d’eux-mêmes. Le monde réel commence à leur paraître ennuyeux, frustrant et hostile. Alors, ils partent. Ils se replient sur eux-mêmes.
4. Allons-nous simplement les regarder disparaître ?
Oui, le marché du travail est plus difficile à appréhender. Oui, l’accession à la propriété semble inaccessible. Oui, la vie peut être profondément décourageante pour les jeunes hommes qui grandissent dans une société qui critique souvent la masculinité plus qu’elle ne la façonne. Mais faut-il pour autant hausser les épaules et les laisser sombrer dans l’insensibilité numérique ?
Certains affirment que le problème n’est pas technologique, mais économique. Ils affirment que les jeux vidéo et la pornographie sont des symptômes, et non des causes. Il y a du vrai là-dedans. Un homme sans but cherchera toujours à se distraire. Mais lorsque ces distractions sont conçues pour détourner son cerveau, simuler ses instincts sociaux et lui promettre du plaisir sans responsabilité, elles ne font pas qu’engourdir la douleur, elles l’aggravent.
Une étude de l’Université de Cambridge a révélé que la pornographie stimule le cerveau des accros au sexe de la même manière que la cocaïne le fait chez les toxicomanes. Plus le consommateur est jeune, plus la réponse neuronale est puissante. L’addiction n’est pas seulement une défaillance morale. C’est un détournement neurologique.
Et plus le cerveau est détourné, moins il considère le travail, les relations ou la communauté comme gratifiants.
5. Ce que nous devons faire
Si l’avenir nous préoccupe, appelons cette crise par son nom: une urgence spirituelle, psychologique et culturelle. Les garçons ont besoin de structure. Ils ont besoin de défis. Ils ont besoin d’une vision de la virilité qui dépasse les conquêtes numériques et les fantasmes organisés.
Ils ont besoin de pères et de mentors qui les arrachent à leurs écrans et leur disent : « Construisons quelque chose de concret. » Ils ont besoin d’enseignants qui ne se contentent pas de les mettre en garde contre la masculinité toxique, mais les invitent à un leadership sain et fort. Ils ont besoin d’églises qui s’engagent non seulement dans leur culpabilité, mais aussi dans leurs dons. Et oui, ils ont besoin d’emplois. Pas seulement des petits boulots, mais des vocations qui leur confèrent dignité et une raison de se lever chaque matin.
Car sans ces ancres, ils continueront à dériver.
6. Réveillez-vous avant qu’ils ne disparaissent pour de bon
Un thérapeute a dit un jour à un jeune homme : « Un emploi résoudra presque tous les problèmes de votre vie. » Et même si cela peut paraître simpliste, cela révèle une vérité plus profonde : le but est l’antidote à la passivité.
Le monde numérique ne se contente pas de rivaliser pour attirer l’attention de nos garçons, il est en train de gagner. Et si nous n’agissons pas, si nous ne réintroduisons pas nos fils, nos frères et nos élèves dans la vraie vie, avec de vraies personnes et un sens profond à leur vie, nous les perdrons non pas par la mort, mais par une vie qui n’a jamais vraiment commencé.
Il est temps de les sauver, avant qu’ils ne disparaissent complètement.