Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a averti dimanche que l’Iran fournissait des armes sophistiquées à la Syrie qui représentent un danger pour Israël, affirmant qu’il valait mieux affronter Téhéran plus tôt que plus tard.
“Nous sommes déterminés à bloquer l’agression de l’Iran contre nous, même si cela signifie un conflit (militaire). Mieux vaut maintenant que plus tard », a déclaré Netanyahou au début de la réunion hebdomadaire du Cabinet. “Nous ne voulons pas d’escalade mais nous sommes prêts pour n’importe quel scénario.”
Ces derniers mois, les Gardiens de la Révolution iraniens ont “transféré des armes avancées en Syrie afin de nous attaquer sur le champ de bataille et sur le front intérieur, y compris avec des drones armés, des missiles sol-sol et des batteries antiaériennes iraniennes qui ont le potentiel de menacer les avions de chasse de l’air force israélienne “, a ajouté le Premier ministre.
Le Premier ministre Netanyahu (Photo: Emil Salman)
Israël a averti, à plusieurs reprises, qu’il ne tolèrera pas une présence militaire iranienne permanente dans la Syrie voisine. L’Iran est un allié central du président syrien Bashar Assad et il a fourni une aide militaire cruciale à ses forces.
Netanyahou doit rencontrer mercredi le président russe Vladimir Poutine, un autre allié d’Assad, pour “discuter des développements régionaux”.
Poutine et Netanyahou se rencontrent à Moscou (Photo: EPA)
Israël est préoccupé par la vente éventuelle du système de défense aérienne russe S-300 à la Syrie. Un diplomate russe a déclaré il y a deux semaines qu’Israël avait contacté la Russie pour demander que le système ne soit pas fourni à l’armée d’Assad.
Le quotidien russe Kommersant a cité des experts qui ont déclaré qu’Israël pourrait réagir négativement à une telle décision, allant même jusqu’à bombarder la zone dans laquelle ils sont stationnés.
Avant d’arriver en Russie, Netanyahu se rendra mardi à Chypre pour une réunion tripartite avec le président chypriote Nicos Anastasiades et le Premier ministre grec Alexis Tsipras.
M. Netanyahu a déclaré qu’il envisageait de discuter “d’une série de questions, en premier lieu la possibilité de construire un gazoduc conjoint israélo-chypriote-grec en Italie. L’exportation de gaz israélien vers l’Europe occidentale pourrait apporter une contribution très significative à l’économie israélienne“.
ynetnews.com
Adaptation : Marc Brzustowski. Les menaces constituent-elles une déclaration de guerre, a fortiori dans le cadre de “La guerre entre les guerres” [non-déclarée mais omniprésente], doublée d’une guerre “pas si secrète que cela”, puisqu’elle se déroule désormais au 20h d’un fameux 30 avril, quand le Mossad se transforme en backstage du Premier Ministre?
La formulation qu’il n’y a pas de temps à perdre est intéressante, en cela que Netanyahu vole l’initiative à l’agresseur de lui répliquer avant même qu’il ait dégainé son premier missile. Et c’est aussi ce qu’a représenté l’opération du Mossad au cœur de Téhéran. Celle-ci, du reste, pourrait très bien être le déclencheur encore inexpliqué de l’attaque de drône-tueur (armé) envoyé en direction d’un objectif vraisemblablement militaire ou populaire, le 10 février 2018, qu’on pourrait lire comme une tentative de représailles iraniennes, qui n’aurait pas fait long feu…
A 3 jours de la rencontre avec Poutine, où l’enjeu pourrait être la livraison, voire la destruction de S-300 aussitôt livrés à Assad, soit une toute autre guerre que de mettre à plat des bases de drones iraniens, on est au moment de paroxysme décisif de cette diplomatie avec la Russie, lancée dès septembre 2015 : on a su éviter toute collision israélo-russe dans les cieux et on ne veut pas que cette trêve quotidienne soit rompue par un missile d’interception russe détruisant un missile ou un avion israélien en vol ; ni, a contrario, un missile entrant israélien, de type Popeye (Popeye, portée 100 km : missiles air-sol développés par Rafael Advanced Defense Systems dès 1985, puis modifiés par la suite aux États-Unis, où ils prirent la désignation de AGM-142 Have Nap.) ou des missiles de croisière Delilah (portée 250 km) détruisant une batterie de missile russe.
Une des surprises récentes des observateurs consiste à souligner le silence observé par la Russie, après les derniers raids israéliens du 9 et du dimanche 29 avril dernier, alors même que le ton était tout autre et déjà menaçant, jusqu’à ces dates : précédemment, Poutine semblait vouloir faire comprendre à Israël qu’il ne “laisserait plus faire” si jamais l’air force de Tsahal, Heyl Ha’avir, frappait des sites syriens et le changement de ton était martial.
Or les raids israéliens auraient eu lieu, si on en croit la presse étrangère et notamment syrienne, y compris les premiers aveux des agences de presse iraniennes, qui nient ensuite les 18 morts récents, pour ne pas se trouver dans l’obligation morale de mener des représailles. La question consisterait à connaître les conditions exactes établies : tant qu’Israël, grâce à ses tirs de précision,ne vise que des cibles iraniennes, sans jamais blesser ou tuer un Russe, est-ce que tout va bien, malgré le prestige écornée de la Russie, qui ne peut pas garantir l’étanchéité de l’espace aérien de son allié?
Plus précisément, une guerre au nord avec le Liban aux trois-quarts hezbollahnisé et avec l’Iran traversant l’Irak, à l’issue des élections des 6 et 12 mai, est-elle de plus en plus “imminente”?