Pourquoi la notion d’un État Nation Juif dérange


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Par  Michèle Mazel

On peut postuler en préalable que la majorité des personnes qui ont critiqué et qui critiquent la nouvelle loi fondamentale votée par Israël le 19 juillet ne l’ont pas lue et n’en connaissent pas les détails.

Laissons de côté pour le moment les Arabes et tous ceux qui soutiennent le mouvement BDS et sont prêts à condamner Israël automatiquement en toute occasion.

Qu’y a-t-il donc de si dérangeant dans l’énoncé de la loi ? Serait-ce une réaction épidermique au concept d’un État-nation ? Un concept jugé dépassé par une certaine élite intellectuelle ? Les pays européens, on le sait ont rejeté ce modèle au profit d’une entité supranationale omniprésente. Ils se sont dépouillés de nombre de leurs prérogatives et laissent un quarteron de fonctionnaires anonymes régenter leur existence avec toute la rigueur d’un monarque absolutiste. Aucun détail ne leur échappe et leur emprise ne prend pas toujours en compte les intérêts de tel et tel pays. Ils déterminent jusqu’à la quantité de lait que les fermiers sont autorisés à produire et à la composition de leurs fromages.  Un joug souvent difficile à supporter.

Cette même entité ordonne aux pays membres d’accueillir des réfugiés et se permet de leur attribuer des quotas sans se soucier de leurs capacités d’absorption tant économiques que sociales. Des sanctions sont prévues pour les récalcitrants.

On sent que la grogne gronde en sourdine un peu partout en Europe ; de récentes élections ont amené au pouvoir des partis et des dirigeants qui se rebellent. Des voix s’élèvent contre un « multiculturalisme » qui cherche ouvertement ou non à gommer l’identité nationale des pays de la vieille Europe et à en rejeter la culture et l’histoire. Bref, le modèle supranational est battu en brèche.

L’Angleterre a choisi la rupture et veut reprendre son indépendance. Hongrie et Pologne manifestent leur mécontentement et refusent d’accueillir des réfugiés. Parler d’un Etat Nation en ce moment c’est donc jeter de l’huile sur le feu.

Quant aux pays arabes et aux ennemis d’Israël qui se refusent depuis trois quarts de siècle à admettre l’existence d’un état juif ont bien entendu saisi l’occasion pour protester contre une loi qui ne change rien.

Qu’a dit en effet David Ben Gourion le 15 mai 1948 ? « Nous proclamons la création d’un Etat juif en terre d’Israël qui portera le nom d’Etat d’Israël. »  Il y a tout lieu de croire que si le gouvernement israélien a pris la décision d’ancrer cette vérité d’évidence dans une loi fondamentale, c’est qu’il en avait assez de voir les assauts répétés sur l’identité juive d’Israël.

Une loi qui, faut-il le préciser, ne remet pas en question les droits des citoyens arabes du pays. Ainsi, comme le reconnait Le Figaro dans son édition du 19 juillet, l’Arabe n’était pas langue officielle, « le texte établit notamment que l’hébreu devient la seule langue officielle d’Israël. Aucune loi n’ayant été votée à ce sujet depuis la création de l’État d’Israël en 1948, l’hébreu et l’arabe étaient, jusqu’à présent, toutes deux considérées comme des langues quasi officielles, utilisées dans tous les documents étatiques. »

Et notons que les protestations les plus véhémentes en Israël viennent de la frange la plus extrémiste des Arabes palestiniens, celle qui défile sous le drapeau de l’Autorité palestinienne et qui proclame à pleins poumons que « des millions de martyrs marcheront sur Jérusalem » sans que l’Union Européenne en soit autrement émue.

C’est donc sans état d’âme que le parlement israélien  a « inscrit dans le marbre  notre langue, notre hymne et notre drapeau » pour reprendre les propos du premier ministre d’Israël Benyamin Netanyahu.

Par  ©Michèle Mazel

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