Trump déclare que les Juifs américains sont « ingrats » et doivent « se ressaisir »

Trump delivers address to Israeli American Council

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L’ex-président affirme qu’il pourrait “facilement” être élu Premier ministre en Israël et dit aux Juifs américains “d’apprécier ce qu’ils ont” en Israël

Par Tobias Siegal 17 octobre 2022, 12:46

L’ancien président américain Donald Trump s’adresse au sommet national 2019 du Conseil israélo-américain au Diplomat Beach Resort à Hollywood, en Floride, le 7 décembre 2019. (Crédit : Mandel Ngan/AFP)

L’ancien président américain Donald Trump s’est emporté dimanche contre les Juifs américains, leur disant de « se ressaisir » et les accusant de ne pas apprécier suffisamment son soutien à Israël. Il a par ailleurs affirmé être si populaire parmi les Israéliens qu’il pourrait « facilement » être élu Premier ministre au sein de l’État juif.

Dans un message publié sur sa plateforme de réseau social, Truth Social, Donald Trump a déclaré « qu’aucun président n’avait fait davantage pour Israël » que lui-même. Il s’est demandé pourquoi « nos merveilleux évangéliques [l’]apprécient bien plus que les personnes de confession juive, en particulier celles qui vivent aux États-Unis ».

L’ancien président – qui a transféré l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, reconnu la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan et négocié les accords d’Abraham entre Israël et les États de la région – a déclaré qu’en Israël, c’était « une autre histoire » et qu’il y bénéficiait « du taux d’approbation le plus élevé au monde », allant jusqu’à dire qu’il « pourrait facilement être élu Premier ministre ».

Trump a exhorté les Juifs des États-Unis à « se ressaisir et à apprécier ce qu’ils ont en Israël – avant qu’il ne soit trop tard ! » Il n’a pas donné plus de détails.

Trump a fréquemment fustigé les Juifs américains pour leur manque apparent de gratitude et de soutien à son égard et il a souvent confondu les intérêts israéliens avec ceux des Juifs américains.

Un sondage réalisé par l’Institut israélien pour la démocratie, au mois de novembre 2020, avait révélé que 70 % des Juifs israéliens considéraient qu’une victoire de Trump face à Joe Biden, à l’élection présidentielle américaine, était préférable pour les intérêts israéliens.

Si de nombreux Juifs américains soutiennent généralement Israël, ils ont toujours rejeté les accusations de double loyauté à l’égard de l’État juif – ce soupçon de double loyauté s’apparente à un trope antisémite.

« Les Juifs américains se sont ressaisis en 2020, lorsque 77 % d’entre eux ont soutenu Biden. Et ça ne changera pas car les Juifs considèrent les candidats de Trump et de #MAGA comme des menaces extrémistes – des menaces à notre sécurité, à notre démocratie et à nos valeurs, comme en témoignent ces propos antisémites », a tweeté Halie Soifer, directrice du Jewish Democratic Council of America. « Cela n’a rien à voir avec Israël. »

Jonathan Greenblatt, le directeur-général de l’ADL (Anti-Defamation League), a également condamné les propos de Trump.

« Nous n’avons pas besoin que l’ancien président, qui fait la cour aux extrémistes et aux antisémites, nous fasse la leçon sur la relation entre les États-Unis et Israël. Il ne s’agit pas d’un compromis ; elle repose sur des valeurs et des intérêts de sécurité partagés. Ce ‘Jewsplaining‘ est insultant, répugnant », a-t-il déclaré.

Dans une interview accordée au mois de décembre dernier, Trump avait accusé les Juifs américains de ne pas aimer suffisamment Israël et il leur avait reproché leur « ingratitude », dénonçant leur manque de reconnaissance à l’égard de tout ce qu’il avait fait pour le pays.

« Il y a des gens dans ce pays qui sont Juifs et qui n’aiment plus Israël. Je vais vous le dire : les chrétiens évangéliques aiment plus Israël que les Juifs de ce pays », avait-il alors déclaré.

Il a aussi accusé Israël d’avoir eu « un pouvoir absolu sur le Congrès ». Il a déclaré qu’aujourd’hui, c’était « exactement le contraire » et il a pointé du doigt l’ancien président Barack Obama et l’actuel président Biden qui, selon lui, auraient orchestré ce changement apparent de pouvoir.

Ses paroles ont été accueillies avec fureur, d’importantes organisations juives l’accusant d’utiliser des tropes antisémites.

Le président américain Donald Trump visite le mur Occidental à Jérusalem, le 22 mai 2017. (Crédit : Evan Vucci/AP)

« Son soutien à Israël, dans le passé, ne lui donne pas le droit d’utiliser des tropes antisémites radioactifs – ou de colporter des conclusions sans fondement sur les liens indéfectibles qui lient les Juifs américains à Israël. Assez ! », a noté un tweet publié par l’American Jewish Committee.

Trump avait déjà tenu de tels propos auparavant, des propos qui avaient suscité des réactions similaires.

Dans un discours prononcé devant l’Israeli American Council en décembre 2019 dans le cadre de sa campagne électorale, Trump avait tenté de convaincre l’auditoire juif de voter pour lui, en vantant ses relations avec Israël et en déplorant ce qu’il disait être un soutien insuffisant en faveur d’Israël – et en sa faveur par conséquent – parmi les Juifs américains.

En août de la même année, il avait remis en question la loyauté des Juifs qui votent pour le Parti démocrate, s’attirant une réponse sévère du Jewish Democratic Council of America qui avait accusé le président de l’époque de tenter « d’armer et de politiser l’antisémitisme ».

Truth Social, un réseau social qui a été lancé en février 2022, est la réponse de Trump à son bannissement de Twitter et à sa suspension de deux ans de Facebook suite à la prise d’assaut violente du Capitole, le 6 janvier 2021.

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Placé par PLEINSFEUX

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