Vaccination antipolio dans le tiers monde : l’envers du décor


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Le 8 avril 2011

La question de la vaccination Sabin (vaccin oral), encore utilisé dans les pays pauvres, est en fait beaucoup plus complexe que ce qu’on peut penser car il s’agit là d’un vaccin à virus vivant atténué qui permet donc encore la dispersion de poliovirus vaccinaux à travers la communauté, via les personnes vaccinées qui peuvent ainsi contaminer des personnes non vaccinées…

 Si on tient compte de l’état quasi-constant de dénutrition et donc d’immunodépression de ces populations et de la prévalence non négligeable de cas de Sida, il n’est guère difficile de comprendre que les cas de morbidité et de mortalité par polio puissent y être plus élevés comme c’est d’ailleurs  aussi le cas pour d’autres maladies.

Sachant qu’une littérature médicale consistante confirme que les vaccinations en général induisent une immunodépression, la question de savoir s’il est véritablement utile d’investir de façon aussi unilatérale et standardisée en faveur de grandes campagnes vaccinales de masse n’est, au contraire, pas du tout incongrue mais mérite pleinement d’être posée.

Car, à côté du côté très positif de cette vaccination dans le Tiers Monde brossé par certains, il y a des voix discordantes qui témoignent d’une réalité  bien différente.

Ainsi, les Dr Didier Tarte et Jean-Pierre Eudier, respectivement médecin du travail et dentiste français se sont rendus, en tant qu’observateurs indépendants, au Congo où ils ont pu prendre la mesure de ce qui s’y passait en termes de vaccination antipolio, sous les auspices de l’OMS…

Dans leur article intitulé « Chronique d’un voyage au Congo », publié en 2007, on peut ainsi lire : « En 2001, l’OMS et l’UNICEF, avec l’aide financière des Rotary Clubs et du Vaccine Fund de Bill Gates, avaient organisé des journées de vaccination « porte à porte » visant à vacciner par voie orale tous les enfants de moins de 5 ans contre la poliomyélite sur l’ensemble du territoire du Congo. Malgré l’état de guerre, les agents vaccinateurs avaient pu opérer dans toutes les zones du pays, occupées ou non. Mais ce consensus n’était que façade car de nombreux parents et médecins ont manifesté quelques résistances face au zèle intempestif des agents vaccinateurs qui, mission oblige, vaccinaient aveuglément tous les enfants, quelque soit leur statut vaccinal antérieur.

Des parents, qui avaient déjà fait vacciner leurs enfants chez leur médecin habituel se sont vu obligés de céder à la pression menaçante des agents vaccinateurs, souvent recrutés sans tenir compte d’une quelconque compétence médicale. Les parents qui refusaient la vaccination pour leurs enfants ont été battus, parfois enfermés. Ailleurs, des enfants vaccinés chez le père le matin étaient vaccinés. »

Et ces professionnels de santé de préciser : « Ce ne sont là que quelques-uns des incidents rapportés et vérifiés. » Ils précisent aussi, chose intéressante, que « ces dysfonctionnements n’ont pas empêché de nouvelles journées nationales de vaccinations systématiques en 2002 puis en 2003 » et que « face aux abus constatés lors des premières journées de 2001, les « Cojeski » et les « VSV » (associations de défense des droits de l’homme) ont interpellé le directeur du PEV (Programme Elargi de Vaccination) au cours d’une émission télévisée et se sont permis d’évoquer la possibilité d’une approche moins unanime quant au bien fondé de cette vaccination systématique. Les membres de l’association ont demandé au directeur du PEV s’il acceptait un débat contradictoire sur la question.

Un rendez-vous a été pris et une première réunion publique s’est déroulée à Kinshasa, le 16 juillet dernier, réunissant le Prof. Annick Lambert (GMCD – Canada), les Dr Didier Tarte et Jean-Pierre Eudier (France), le Dr Muyembe de l’Institut National de recherche biologique « INRB / RDC », le Dr Welo, ancien directeur du programme élargi de vaccination « PEV / RDC », le Prof Mulumba professeur de parasitologie de la Faculté de médecine de l’Université de Kinshasa.

Il est assez étrange de constater que le directeur du PEV qui avait accepté ce débat s’était fait excuser, ainsi que les représentants de l’OMS, de l’UNICEF et des autres associations partenaires à ces journées.

D’autres documents, disponibles sur Internet, corroborent tout à fait ce genre de constatation désolante et le caractère totalement unilatéral de l’information diffusée à ces populations défavorisées.

Ainsi, dans « Le Guide du Crieur et du mobilisateur social » consacré à la vaccination antipolio au Congo, on peut par exemple lire « Objectif de la campagne de vaccination : 100% de la population est vaccinée contre la polio, à chacun des trois passages ».

Objectif général de communication : 100% de la population sont informées de la campagne et se font vacciner contre la poliomyélite. La campagne utilisera plusieurs moyens/canaux de communication : télé, radio, presse écrite, mobilisateurs, crieurs. […] Rôle du mobilisateur social : […] Les mobilisateurs vont monitorer, suivre, enregistrer les éventuels cas de résistance/refus de la vaccination. Ils informeront leurs superviseurs immédiats, et s’assureront que les ménages à risques soient revisités. Tâche des superviseurs : Résoudre les problèmes sur le terrain (cas de refus ou autre). Seront vaccinés contre la poliomyélite toutes personnes vivant au Congo : bébés, enfants, jeunes, adultes, vieux et vieillards. Chaque personne recevra deux gouttes de vaccin polio dans la bouche.

Pour être efficace, le vaccin doit être pris 3 fois, à deux ou trois semaines d’intervalle. Même si on a été vacciné par piqûre il y a quelques jours, il faut prendre les deux gouttes. Le vaccin qui protège le mieux est le vaccin oral.

Les équipes de vaccination passeront dans chaque ménage, dans les écoles, les marchés et autres lieux de rassemblements publics.

Dans un autre document, consacré à la vaccination antipolio au Niger aussi, on retrouve le même esprit :

« Objectif de communication : Mobiliser les populations pour que tous les enfants de moins de 5 ans soient vaccinés durant les passages des journées de vaccination. Actions : Implication de l’association des Chefs traditionnels du Niger dans les AVS et PEVS. Résultats : Gestion des cas de refus et adhésion de la population aux AVS. »

Dans ce document éclairant, on peut voir un graphique avec les raisons de la non-vaccination des enfants au cours de ces « journées nationales ».

Il est indiqué qu’il s’agit dans 3,43% des « enfants omis » et dans 57,5% des

« enfants absents ». Même si les enfants peuvent travailler très jeunes dans ces pays, la raison la plus vraisemblable de ces « absences » est sans doute à mettre sur le compte d’une omission volontaire de la part de parents, devenus de plus en plus méfiants par rapport aux informations de l’establishment et qui, peut-être, se doutent de plus en plus du « briefing des médias avant la campagne » comme évoqué dans ce document en question.

Un autre graphique montre aussi le nombre de refus et le nombre de « refus gérés », quasiment égal au nombre total de refus, ce qui en dit long sur la véritable liberté de ces populations de refuser un acte qui ne sera pas forcément un gage de protection, contrairement à ce que laissait entendre le « Guide du Crieur » pour le Congo.

En témoignent les chiffres éloquents d’une épidémie de polio survenue en Inde en 2007-2008 et qui, selon les propres données de l’OMS révèlent que 77% des gens touchés avaient reçu plus de 7 doses de vaccin polio oral, soit disant « le plus efficace » et 18% d’entre eux avaient reçu 4 doses ou plus, ce qui porte au total le nombre de gens touchés et pourtant archi-vaccinés à 95%!

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=24219

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