NOUVELLE GUERRE MONDIALE


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L’espace pourrait être le champ de bataille pour la troisième guerre mondiale.

Par Peter Singer et August Cole – Le 1 juillet 2015

De nombreux experts estiment qu’une future guerre entre les grandes puissances pourrait se jouer dans l’espace, puisque les nations produisent des vaisseaux spatiaux qui ont potentiellement des applications militaires.  La US Air Force a lancé la troisième mission de son véhicule orbital expérimental, le X-37B, de Cap Canaveral, en Floride, en décembre 2012.  Les militaires des États-Unis ont récemment budgété $ 5 milliards pour des capacités de guerre spatiale.

« Ceci est la marine chinoise.  S’il vous plaît, disparaissez rapidement. »

Ce fut la scène que CNN a capturé le mois dernier quand un avion de surveillance P-8 de la US Navy a reçu l’ordre de s’éloigner rapidement d’une base que la Chine construisait dans les eaux contestées du sud de la Mer de Chine.

La chose effrayante pour nous est que c’est aussi la scène d’ouverture de notre nouveau livre, « Ghost Fleet », qui explore les risques de ce qui pourrait arriver si les grandes puissances du 21ème siècle décidaient de se déclarer la guerre.  La probabilité d’une « guerre inter-états » est faible en ce moment, mais, elle est croissante, selon un rapport du Pentagone publié mercredi.

Si une guerre devait éclater, un des principaux enseignements de ce livre est qu’un tel conflit ne serait pas contenu à ces eaux, mais, plutôt dans des endroits où les humains n’ont jamais combattu auparavant.

La dernière fois que les nations les plus puissantes de la planète se sont affrontées était il y a 70 ans.  Notamment, c’était aussi l’année où un jeune physicien nommé Arthur C. Clarke est arrivé avec l’idée de mettre un réseau de satellites artificiels en orbite géostationnaire au-dessus de la Terre.

Arthur C. Clarke est par la suite devenu un des plus importants écrivains de science-fiction de l’histoire avec des œuvres comme « 2001, l’Odyssée de l’Espace. » Son concept de satellite a été transformé en réalité près d’une décennie plus tard et a façonné le monde d’une manière qui a fondamentalement changé la science, les affaires et les communications.

Ceci façonnera également le prochain grand conflit, puisque l’espace, un domaine qui était inaccessible à Arthur C. Clarke ou aux militaires en 1945, est maintenant une réalité technologique et militaire.

Aujourd’hui, environ 1100 satellites actifs tournent autour du globe.  Grâce à eux, fonctionnent non seulement les émissions télévisées que nous regardons et les appels téléphoniques que nous faisons, mais aussi, les systèmes nerveux des armées modernes ; Et pas seulement ceux des États-Unis, mais ceux de toutes les nations partout dans le monde.

Ils comprennent les satellites de communication qui relient les avions, des missiles et des troupes sur le terrain (80% des communications par satellite des militaires américains sont envoyées par des satellites civils) à des satellites d’espionnage qui permettent de suivre chaque mouvement dans les airs, sur la terre et sur la mer, à des réseaux de navigation, telles que GPS, qui sont utilisés non seulement pour guider la navigation de camions et de chars (et votre voiture), mais aussi, pour guider des missiles sur leurs cibles avec une précision de quelques centimètres.

Une grande partie du développement et de l’utilisation de la technologie spatiale est le résultat de la « Course à l’Espace » pendant la guerre froide entre les États-Unis et l’Union Soviétique lorsque la dernière compétition entre les grandes  puissances faisait rage.  Mais, la récente montée économique, politique et militaire de la Chine l’a également transformée en une puissance spatiale du 21ème siècle sur laquelle il faut compter.

Au cours des dernières années, la Chine a placé près de 130 engins spatiaux et  satellites en orbite, allant de son propre réseau de satellites espions à la construction d’édifices pour son programme de la station spatiale (en plus de la Station spatiale internationale co-équipée de cosmonautes russes et d’astronautes américains).  Les « taikonautes » chinois habiteront bientôt le « Tiangong », une station spatiale que la Chine prévoit être opérationnelle autour de 2022.

Peut-être que le plus important cette année a été le début d’une constellation de quelque 35 satellites qui composeront le réseau de navigation Beidou2/Compass, donnant ainsi à la Chine et à ses clients militaires, comme le Pakistan qui auront accès au système par satellites de la Chine, leur propre version séparée du GPS, avec une précision militaire de 10 cm.

Le défi est qu’avec la combinaison de cette capacité orbitale croissante et la hausse des tensions partout dans le sud de la Mer de Chine jusqu’à l’Ukraine, nous assistons à l’émergence de ce que Popular Science décrit comme « une nouvelle guerre froide dans le vide de l’espace ».  Cela signifie que si une telle guerre froide devait devenir chaude, que ce soit par accident ou par choix délibéré, les batailles ne se livreraient pas simplement dans des endroits comme le sud de la Mer de Chine, mais aussi, dans les cieux au-dessus de nous.

La semaine dernière, l’adjoint au Secrétaire à la Défense des États-Unis, Robert Work, a expliqué comment l’espace est passé du royaume de la science-fiction à un « sanctuaire virtuel » où les technologies utiles pourraient être placées sans crainte, à un « domaine opérationnel contesté d’une façon à laquelle nous n’aurions jamais pensé dans le passé ».

La raison de cette préoccupation est que les pays sont en train de tester un arsenal d’armes pour prendre avantage de l’espace pour les autres côtés.  Les armes les plus prouvées sont des missiles à longue portée basés au sol qui pourraient abattre des satellites à grande distance.

Les États-Unis et la Chine ont effectué des tests de ces missiles.  Plus récemment, la Chine a confirmé un test spatial en 2013 en lançant une fusée qui a parcouru 6250 miles dans l’espace.

Mais, il y a d’autres armes préoccupantes au-delà de missiles à longue portée,  de nouvelles armes non cinétiques.  Au lieu de détruire les satellites de loin avec des missiles, les pays peuvent également utiliser des techniques de cyberguerres pour attaquer les logiciels des satellites.  Le Bureau de la gestion personnelle n’est pas le seul organisme fédéral qui a été piraté.  La NASA et le réseau de satellites météorologiques de l’Administration Nationale Océanique et Atmosphérique ont été violés par des pirates chinois.

Ces armes pourraient non seulement être lancées à partir de la Terre, mais pourraient aussi être opérées à partir de l’espace lui-même.  Par exemple, en novembre 2014, la Russie a lancé un satellite mystérieux dans l’espace connu sous le nom de « Object 2014-28E ».  Il a curieusement laissé son véhicule de lancement, a navigué vers d’autres satellites russes et est ensuite retourné vers le véhicule qui l’avait lancé.

Certains pensent que c’était un test de la Russie d’une technologie développée par l’Union Soviétique au cours de la guerre froide appelée, « Istrebitel Sputnikov », un satellite kamikaze qui est lui-même un « tueur de satellites ».

(Vidéo en anglais)

Ou, les systèmes spatiaux pouvaient monter des armes eux-mêmes.  Pendant la guerre froide, il a été rapporté qu’un satellite soviétique avait monté un canon pour une utilisation potentielle.  Dans un autre exemple de croisement entre la science-fiction et la réalité scientifique, les astronomes de l’Université Irvine explorent le montage d’un laser sur le nouveau télescope devant être installé sur la Station spatiale internationale en 2017.

Leur idée est que le laser pourrait être utilisé pour détruire tout débris spatiaux qui menacerait d’endommager la Station spatiale (évitant ainsi le scénario du film “Gravity”).  Mais, bien sûr, une arme à énergie dirigée qui peut tirer avec la puissance équivalente d’un chalumeau géant peut également être utilisée sur d’autres cibles que simplement des débris spatiaux.

Le résultat est que, tandis que l’espace est censé être un domaine qui exclut tout conflit, les grandes puissances spatiales s’attendent à ce que s’il y ait des combats dans un endroit comme le récif du sud de la Mer de Chine, les combats s’étendraient rapidement vers les cieux.

« Nous, les États-Unis, devons nous préparer pour les combats haut au-dessus de la Terre, que cela leur plaise ou non » a fait valoir le général John Hyten, le commandant de Air Force Space Command.

À leur tour, les évaluations de l’Armée de Libération du Peuple de la Chine rapportent que « la guerre dans l’espace est inévitable ».

Comme ce qui se passe dans d’autres courses aux armements, cette mentalité  alimente la concurrence encore plus loin.  Par exemple, les craintes au sujet des programmes ci-dessus ont conduit le Pentagone à annoncer qu’ils avaient l’intention d’augmenter leurs dépenses sur les systèmes de guerre spatiale à plus de $ 5 milliards dans le prochain budget de la défense, et ce mois-ci, ils ont annoncé des plans pour créer « un centre d’opérations pour contrer les attaques chinoises et russes contre les satellites militaires et gouvernementaux des États-Unis » dans les six prochains mois.

L’ironie est que si un tel conflit devait éclater dans l’espace, les armes et les technologies seraient du 21ème siècle par nature, mais les résultats seraient, comme l’a dit un officier de la marine, que les combats sur Terre retourneraient à l’âge « pré-électronique ».  C’est parce que nos drones, nos missiles et même nos unités terrestres, qui reposent tous sur des satellites, ne seraient plus en mesure de fonctionner comme nous l’avions prévu.

Ceci pourrait nous obliger à réécrire toutes nos hypothèses de la guerre haute-technologie du 21ème siècle.  Par exemple, la couverture de notre livre présente l’USS Zumwalt, une version furtive moderne d’un bateau de guerre actuellement en construction dans le Maine que CNN a décrit comme « l’avenir de la guerre navale ».  Mais, si l’accès à tous les systèmes sur lesquels ils dépendent dans l’espace était perdu, les batailles navales seraient à bien des égards comme les batailles de la Première Guerre Mondiale, ou le jeu de Battleship où les deux parties luttent pour se trouver les uns les autres.

Même si la guerre n’éclate jamais, quelque chose que nous espérons certainement, il y a toujours une certaine tristesse dans toutes ces préparations pour la guerre dans le ciel.  Atteindre l’espace est une des plus grandes réalisations passées de l’humanité, et, à bien des égards, pour l’avenir de nos espèces.  Combien de temps cela nous prendra-t-il pour laisser derrière nous nos conflits.

Source : EDITION CNN 

Traduit par PLEINSFEUX.ORG

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