LIBÉRATION DE PRISONNIERS AMÉRICAINS


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Barack Obama a envoyé $400 millions en Iran alors que des prisonniers américains sont libérés.

Le 2 août 2016

L’administration de Barack Obama a secrètement organisé un pont aérien d’une valeur de $400 millions en espèces vers l’Iran qui a coïncidé avec la libération, en janvier, de quatre Américains détenus à Téhéran, selon des officiels américains et européens, et le personnel du Congrès a été informé de l’opération par la suite.

Les palettes de bois empilées avec des euros, des francs suisses et d’autres monnaies ont été transportées en Iran sur un avion cargo non marqué, selon ces officiels.  Ils ont dit que les États-Unis se sont procuré l’argent auprès des banques centrales des Pays-Bas et de Suisse.

L’argent représente la première tranche d’un règlement de $1,7 milliard  que l’administration de Barack Obama a atteint avec l’Iran pour résoudre un conflit vieux de plusieurs décennies au sujet d’un contrat d’armement raté, signé juste avant la chute du dernier monarque de l’Iran en 1979, Shah Mohammad Reza Pahlavi.

Le règlement, qui a résolu les réclamations devant un tribunal international de La Haye, a également coïncidé avec la mise en œuvre formelle, ce même week-end, de l’accord nucléaire historique conclu l’été précédent entre Téhéran, les États-Unis et d’autres puissances mondiales.

« Avec l’accord nucléaire fait, les prisonniers libérés, le moment était venu de régler ce différend également » a déclaré le président Barack Obama à la Maison Blanche, le 17 janvier, sans divulguer le paiement en espèces de $400 millions.

Des hauts responsables américains ont nié tout lien entre le paiement et l’échange de prisonniers.  Ils disent que la façon dont les différents volets se sont réunis simultanément n’était qu’une coïncidence, et non le résultat d’une contrepartie.

« Comme nous l’avons dit clairement, les négociations sur le règlement d’une réclamation exceptionnelle … étaient complètement séparées des discussions sur le retour de nos citoyens américains à domicile » a déclaré le porte-parole du Département d’État, John Kirby.  « Non seulement les deux négociations étaient séparées, elles ont été menées par des équipes différentes de chaque côté, y compris, dans le cas des revendications de La Haye, par des techniciens experts impliqués dans ces négociations depuis de nombreuses années. »

Mais, les responsables américains reconnaissent également que les négociateurs iraniens sur l’échange de prisonniers ont dit qu’ils voulaient l’argent pour montrer qu’ils avaient gagné quelque chose de tangible.

Le Sénateur Tom Cotton, un Républicain de l’Arkansas et un ennemi farouche de l’accord nucléaire avec l’Iran, a accusé le président Barack Obama de payer  « une rançon de $1,7 milliard aux Ayatollahs pour des otages américains. »

« Il s’agit d’une rupture avec la politique américaine de longue date de ne jamais mettre un prix sur la tête des Américains, et ceci a conduit l’Iran à poursuivre ses saisies illégales » des Américains, a-t-il dit.

Depuis l’envoi de l’argent, le bras du renseignement des Gardiens de la  Révolution a arrêté deux autres Irano-Américains.  Téhéran détient également des ressortissants avec la double nationalité de la France, du Canada et du Royaume-Uni, ces derniers mois.

Au moment de la libération des prisonniers, le Secrétaire d’État, John Kerry, et la Maison Blanche, l’ont dépeinte comme une percée diplomatique.  John Kerry a cité l’importance des « relations forgées et des canaux diplomatiques débloqués au cours des négociations sur le nucléaire ».

Pendant ce temps, les officiels américains ont dit qu’ils étaient certains que Washington allait perdre l’arbitrage à La Haye, où l’Iran recherchait à obtenir plus de $10 milliards, et ils ont décrit le règlement comme une aubaine pour les contribuables.

Les rapports de la presse iranienne ont cité des officiels de la défense iranienne décrivant l’argent comme le paiement d’une rançon.  Le Ministère des Affaires Étrangères de l’Iran n’a pas répondu à une demande de commentaire.

Les $400 millions ont été payés en monnaie étrangère, car toute transaction avec l’Iran en dollars américains est illégale selon la loi américaine.  Les sanctions compliquent également l’accès de Téhéran aux banques mondiales.

« Parfois, les Iraniens veulent l’argent liquide parce qu’il est tellement difficile pour eux d’avoir accès à des choses dans le système financier international » a déclaré un haut fonctionnaire américain informé sur la livraison d’argent liquide, en janvier.  « Ils savent que cela peut prendre des mois juste pour comprendre comment câbler l’argent d’un endroit à l’autre. »

L’administration de Barack Obama a refusé de divulguer la façon dont il va payer les $1,7 milliard, malgré les requêtes du Congrès, en dehors de dire qu’il ne va pas payer en dollars.  Les législateurs ont exprimé la crainte que l’argent soit utilisé par l’Iran pour financer ses alliés régionaux, y compris le régime de Bachar al-Assad en Syrie et la milice libanaise du Hezbollah, qui est désignée aux États-Unis comme une organisation terroriste.

Les États-Unis et l’Organisation des Nations Unies estiment que Téhéran subventionne la guerre du régime de Bachar al-Assad en Syrie par le biais des expéditions d’argent et d’énergie.  L’Iran a reconnu fournir une aide financière et militaire au Président de la Syrie, Bachar al-Assad, et le déploiement de soldats iraniens en Syrie.

Mais, John Brennan, directeur de la Central Intelligence Agency (CIA), a déclaré la semaine dernière qu’il y avait des preuves que beaucoup de l’argent que l’Iran a reçu à la suite de la levée des sanctions a été utilisé pour des projets de développement.  « L’argent, les revenus qui coulent en Iran, est utilisé pour soutenir sa monnaie, pour fournir des fonds aux ministères et aux organismes, pour mettre en place ses infrastructures », a déclaré John Brennan lors d’une conférence à Aspen, au Colorado.

Les États-Unis et l’Iran ont entamé des négociations secrètes pour obtenir la libération des Américains emprisonnés en Iran, en novembre 2014, selon les officiels américains et européens.  Le Ministre des Affaires Étrangères de la Suisse, Didier Burkhalter, a offert d’accueillir les discussions.

La Suisse a représenté les intérêts diplomatiques des États-Unis en Iran depuis que Washington a fermé son ambassade à Téhéran, à la suite de la crise des otages de 1979.

Les services de sécurité iraniens ont arrêté deux Irano-Américains pendant le premier mandat du président Barack Obama.  En juillet 2014, le bras du renseignement de l’unité d’élite militaire de l’Iran, les Gardiens de la Révolution, a détenu le chef du bureau du Washington Post à Téhéran, Jason Rezaian, et l’a accusé d’espionnage.

Un quatrième Irano-Américain a été arrêté l’année dernière.

La chaîne suisse a d’abord vu peu d’activité, selon ces responsables.  Mais, le momentum s’est déplacé après que Téhéran et les puissances mondiales aient forgé un accord définitif en juillet 2015 pour limiter le programme nucléaire de l’Iran en échange de la levée de la plupart des sanctions internationales.  Une vague de réunions a ensuite eu lieu dans la ville au bord du lac de Genève, en Suisse, en novembre et en décembre.

La délégation américaine était dirigée par un envoyé spécial du Département d’État, Brett McGurk, et comprenait des représentants de la Central Intelligence Agency (CIA) et du Federal Bureau of Investigation (FBI), selon des officiels américains et européens.  L’équipe iranienne était composée en grande partie par des membres de son service d’espionnage domestique, selon les officiels américains.

Les discussions, tenues à l’Hôtel InterContinental, ont d’abord porté uniquement sur une formule selon laquelle l’Iran échangerait les Américains détenus à Téhéran pour des ressortissants iraniens détenus dans les prisons américaines, ont dit les officiels américains.  Mais, autour de Noël, les discussions en queue d’aronde avec l’arbitrage de La Haye concernaient un vieil accord sur des armes.

Les Iraniens demandaient le retour des $400 millions que le régime du Shah avait déposé dans un fonds d’affectation spéciale du Pentagone, en 1979, pour acheter des avions de combat américains, ont dit les officiels américains.  Ils voulaient également des milliards de dollars en intérêts courus depuis.

Le président Barack Obama a approuvé l’envoi de $400 millions.  Mais, l’accumulation d’autant d’argent présentait un défi logistique et sécuritaire, ont dit les officiels américains et européens.  Une personne informée de l’opération a plaisanté : « Vous ne pouvez tout simplement pas retirer autant d’argent des distributeurs automatiques ».

John Kerry et le Département d’État au Trésor ont demandé la coopération des gouvernements suisse et néerlandais.  En fin de compte, l’administration Obama a transféré l’équivalent de $400 millions à leurs banques centrales.  L’argent a ensuite été converti en d’autres monnaies, empilées sur des palettes en bois et envoyées à l’Iran à bord d’un avion cargo.

Le matin du 17 janvier, l’Iran a libéré les quatre Américains : Trois d’entre eux sont montés à bord d’un jet des forces aériennes suisses et se sont envolés pour Genève, et le quatrième est retourné aux États-Unis par ses propres moyens.  En retour, les États-Unis ont libéré sept citoyens iraniens et ont laissé tomber les demandes d’extradition pour 14 autres.

Les officiels américains et européens ne révélent pas exactement quand l’avion transportant les $400 millions a atterri en Iran.  Mais, le rapport d’un site iranien de nouvelles proches des Gardiens de la Révolution, l’agence Tasnim, a déclaré que l’argent est arrivé à l’aéroport Mehrabad de Téhéran, le même jour que les Américains sont partis.

Les commandants des Gardiens de la Révolution se vantaient à l’époque que les Américains avaient succombé à la pression iranienne.  « Reprendre autant d’argent était en échange de la libération des espions américains. » a déclaré le général Mohammad Reza Naghdi, commandant de la milice Basij des Gardiens de la Révolution, sur les médias de l’état.

Parmi les Américains actuellement détenus, il y a un exécutif en énergies nommé Siamak Namazi et son père Baqer âgé de 80 ans, selon les officiels américains et iraniens.  Le porte-parole de la justice iranienne a confirmé, le mois dernier, que Téhéran avait arrêté le troisième américain, considéré comme un résident de San Diego nommé Reza “Robin” Shahini.

Les amis et la famille des Namazi pensent que les Iraniens cherchent à accroître leur effet de levier pour forcer un autre échange de prisonniers ou un autre paiement en espèces au cours des six derniers mois de l’administration Obama. John Kerry et d’autres officiels américains ont soulevé leur cas avec des diplomates iraniens, disent les officiels américains.

Les officiels iraniens ont demandé ces dernières semaines aux États-Unis de retourner les $2 milliards en fonds iraniens qui ont été gelés à New York en 2009. La Cour Suprême a récemment statué que l’argent devrait être accordé aux victimes des attaques terroristes parrainées par les iraniens.

Les membres du Congrès cherchent à adopter une loi pour empêcher l’administration de Barack Obama de faire d’autres paiements en espèces à l’Iran.  Un des projets de loi exige de la Maison Blanche de rendre publics les détails de son transfert de $1,7 milliard à l’Iran.

« Du paiement du président Obama à l’Iran en janvier, nous savons maintenant qu’il financera l’expansion militaire de l’Iran, et que c’est un exemple flagrant de la gouvernance de l’exécutif », a déclaré le sénateur James Lankford (Républicain, Oklahoma), qui a coécrit le projet de loi.  « Subventionner l’armée de l’Iran est peut-être la pire utilisation de l’argent des contribuables jamais faite par un président américain. »

Source : Halturner Show

Traduit par PLEINSFEUX.ORG

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